DANS LA PRÉSENTE ÈRE DE GRÂCE, L’EFFORT N’A PLUS SA PLACE…

Ne plus s’efforcer, mais être, vivre le moment présent…

L’effort désigne la mobilisation des forces pour contrer une résistance, surmonter une difficulté, atteindre un objectif.  Dans un monde où tout incline vers l’inertie et la densification, elle devient nécessaire, mais dans la mesure où elle n’implique aucune tension excessive, ce qui deviendrait contreproductif.

Autrefois, on disait que, dans le monde contingent, la réussite demande du courage, de la patiente et de la ténacité.  Pourtant, dans un monde de vitesse, de culture de l’éphémère, de performance immédiate, il n’est pas facile de faire comprendre aux jeunes la nécessité de produire un effort.  D’abord, pour eux, faire des efforts, c’est une affaire du passé, une affaire d’adulte, puisque leur vie psychique se centre sur le plaisir et la satisfaction immédiate.  Ils ont appris, à titre d’enfants-rois, à tout obtenir tout de suite de la part de parents démissionnaires, grâce au charme, à la séduction, à l’insistance, voire à l’obstination.  Puis, par l’attitude des médias, ils en viennent à croire que tout peut s’obtenir rapidement sans investissement personnel.  Sinon, la réussite leur apparaît comme une affaire de coup de baguette magique ou de chance, non de travail patient et persévérant exécuté dans l’ordre et la concentration.  Sauf que ces jeunes, qui viventdans la ouate et la permissivité, deviennent des mauviettes incapables de s’assumer, bien capables de se suicider pour un premier chagrin d’amour.

Le goût de l’effort ne vient pas spontanément parce qu’il n’a rien de naturel.  La loi du moindre effort, qui découle de la loi de l’inertie, est bien connue.  Aussi doit-il passer par un apprentissage.  Et il y a moyen de faire apprécier cet apprentissage aux jeunes, dès leur plus tendre enfance.  Déjà très jeune, il aime démontrer qu’il parvient à imiter les plus grands.  Il aime plaire à ses parents et susciter leur approbation.  En outre, il n’aime rien plus que les encouragements, les compliments, la possibilité d’affirmer qu’il est parvenu à un résultat tout seul.  Il apprécie l’effort qui lui fait sentir qu’il grandit, qu’il prend de la force, qu’il devient habile.  Il aime assumer des responsabilités qui l’amènent à développer son autonomie.  C’est à l’adolescence que le problème peut se corser, dans un milieu laxiste, alors que le jeune veut s’affirmer dans sa personnalité, se réapproprier ses choix, son temps et son espace, en défiant ses parents.  Mais il entrera dans les rangs d’une famille où les règles sont claires, les consignes évidentes, les sollicitations à l’effort fermes.

Dans le monde matériel, il faut toujours se forcer à faire quelque chose.  L’effort est constamment requis pour vaincre une résistance, extérieure ou intérieure.  Ainsi, les parents gagnent à laisser un enfant vivre les frustrations qui lui permettent d’inventer des solutions, d’élaborer des stratégies, de développer son intelligence et son imagination, de se former un système D (D pour débrouillardise).  À cette fin, les parents ne doivent intervenir dans le processus que lorsqu’il a épuisé ses ressources et qu’il n’y peut plus rien, l’aidant à comprendre, sans culpabilisation, ce qui n’a pas fonctionné dans sa manière de s’y prendre.

Même un enfant peut finir par comprendre qu’il doit toujours compter sur le temps pour résoudre un problème, régler une difficulté, développer une habileté, former une habitude, parvenir à un objectif.  Et c’est le degré de motivation qui est la clef de tout.  Or, la motivation, cela se développe aussi dans la compréhension lucide de ce qu’un être gagne à produire un effort.  Elle fait accepter l’effort par l’évaluation du plaisir qui peut être éprouvé suite à l’atteinte d’un objectif ou d’un but.  À ce propos, un être ne peut que ressentir de la fierté de parvenir par lui-même à un résultat.  Le fait d’entreprendre la réalisation d’un plan l’amène à développer sa créativité personnelle.  Il amène à découvrir que tout passe par un déroulement dans le temps.  Il force à comprendre qu’on peut donner une orientation à son agir immédiat.

Toutefois, il faut éviter de valoriser l’effort pour l’effort, au point de faire d’un être une bête de somme, oubliant de faire comprendre que ce qui s’obtient facilement revêt autant de valeur que ce qui se gagne à la dure.  L’être humain n’est pas né pour souffrir.  Et il n’y a rien de méritoire dans la souffrance vaine.  Même que, dans son évolution, gravir-sa-montagnel’être incarné est appelé à évoluer dans la grâce, soit dans la douceur, l’agrément, la sérénité, la facilité, la simplicité, l’élégance, chaque fois qu’il le peut.  N’est-il pas un enfant du paradis qui doit reconquérir ce royaume?  Et sa vie peut se dérouler dans cet état dans la mesure où il arrête de s’y prendre seul pour mettre son Centre divin à la barre de ses entreprises.

En spiritualité, l’effort personnel désigne le recours personnel à la force physique, psychique ou morale en vue d’assurer son accomplissement dans la Perfection, conformément à son rythme vibratoire, à ses moyens et à ses connaissances.  Elle implique la résistance aux tentations, le dépassement des résistances, la stimulation de l’apathie, donc la nécessité de faire tout son possible pour évoluer de façon constante et régulière vers son idéal ultime.  Sivanandâ a dit: «La victoire totale est au bout de vos efforts.  Levez-vous et ne vous arrêtez pas avant d’avoir atteint le but.» 

La loi de l’Effort formule l’invitation suivante: «Hâte-toi lentement, sans rien négliger, surtout pas les détails et les poussières.  Fais de ton mieux en tenant compte de ce que tu peux et de ce que tu as, non de ce que tu prétends pouvoir et avoir.  Tu peux paresser, à l’occasion, sur le sentier, mais ne lésine jamais trop longtemps.  La route est longue: parvient à son terme celui qui sait s’engager dans la méthode, la discipline, la confiance, la patience, la persévérance et l’espoir.  Même fatigué, désespéré, essaie encore, va plus loin, va plus haut.  Qui sait s’il ne s’agit pas de ton dernier coup de pioche avant un grand succès.  Quoi qu’il en soit, aucun effort ne perdra son mérite.» 

Pour sa part, Yang Sa-Om a su dire: «La montagne est bien haute…  Mais plus d’un se plaint de sa hauteur sans tenter d’y monter.»  Meurier a estimé que: «Chose commencée est à demi achevée.»  A Vessiot, tout aussi sage, a rappelé: «Il faut faire non ce qu’on a plaisir à faire, mais ce qu’on sera content d’avoir fait.»  Dag Hammarskjold a dit: «L’effort et la détermination sont des graines de semence qui produisent le succès lorsqu’arrosés de notre sueur.  Sueur de front, bien sûr.  Ne mesurez pas la hauteur d’une montagne avant de l’avoir escaladée.  C’est en l’escaladant que vous réaliserez qu’elle n’est pas si haute.»  Quant à J. W. Gardner, il a dit : «Ce n’est pas rendu au sommet de la montagne, mais lorsqu’on l’escalade que l’on fournit un effort maximal.»  Il n’existe nul autre sentier vers la transformation que le travail et l’effort personnels au sens où un être ne s’enrichit que de son expérience personnelle qui lui donne des certitudes et ouvre sa conscience.

C’est ce que la spiritualité a toujours enseigné, pour faire comprendre l’importance de l’action personnelle pour atteindre ses objectifs ou son But suprême.  Sauf que, maintenant que Dieu a repris les rênes de la planète, pour ramener chacun au Foyer originel, celui-ci gagne à suivre simplement le courant que lui indique le moment présent, peu importe les obligations qu’il peut se croire ailleurs.  L’Absolu a prévu pour chacun le Sentier clair qui pourra le ramener à bon port, il n’a qu’à exercer son discernement et sa lucidité pour saisir les signes directeurs.  Chacun doit gravir sa montagne, sauf que lorsque son sommet est atteint, comme c’est présentement le cas, il ne reste plus à chacun qu’à réaliser l’état suprême qu’il a atteint à son insu.

© 2012-16, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

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