Tout travail est service.  Peu importe la manière personnelle de considérer le travail  — comme gagne-pain, malédiction, œuvre de l’esprit – en travaillant, on sert.   Quand bien même on réduirait la race humaine à son expression la plus primitive, le travail reste ce lien qui unit.  Qu’on soit manœuvre ou paysan, enseignant ou patron, on donne et on reçoit.  On sert et on est servi.  Homme, tu ne t’appartiens pas, tu aimes, tu travailles.

           Respirer, c’est un travail;  aimer, c’en est un autre;  s’amuser, bâtir, évoluer, c’en sont encore d’autres.  On se met au travail, on sert, on vit.  On n’a pas à tirer crédit du travail accompli.  Travailler, c’est le destin commun à tous, qui vise le bien de tous, c’est un bien commun à tous les êtres humains.  Tout change, tout se transforme, tout se donne.  Alors, qu’on se mette au travail!  Qu’on participe à cette animation universelle, à cet amour à l’œuvre, à ce souffle divin!  Qu’on s’y abandonne consciemment, avec détermination, avec cœur!

            Les montagnes se dressent altières, la terre se fait fertile, la pluie et le vent caressent, le feu se montre chaleureux.  On ressent de la joie à modeler la matière, à l’adapter à sa vision.  Mais combien plus formateur et purificateur il est de servir son frère, lui qui est libre.  Il est le fils du Père!  De tout ce qu’est Dieu, est-il quelque chose de plus grand, de plus précieux, de plus intime que mon frère ou ma sœur?  Existe-t-il quelque chose de plus exigeant, de plus édifiant, qui fasse appel à ce qu’on possède de plus précieux que le service de son frère ou de sa sœur?  Même et surtout quand il renie?

            Qu’on le serve donc avec tout ce dont on prend conscience qu’on est.  Maintenant.  Parce qu’alors, ((qui on est)) est au travail, exprime l’amour, sert.  Parce que le Père sert inlassablement, tendrement, le plus faible, le plus puissant, le plus ingrat, comme le plus aimant de ses enfants.  Parce que le Père nous sert nous-mêmes.  Parce qu’il est.  Parce qu’en travaillant, c’est lui que je sers, parce que c’est avec lui que je travaille.

Janaka-anandâ © 1980-2014 Yogi Inn, Vermont, USA.

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