LE SYMBOLISME DU TRAIN… S’ASSURER DE PRENDRE LE BON TRAIN

 

Voilà que parmi d’autres, un nouveau déraillement de train transportant du pétrole vient de se produire au Canada, plus précisément près de Plaster Rock, au Nouveau-Brunswick, prenant feu et causant bien des inquiétudes qui ont fini par ne pas se justifier.  Cet incident n’a pas manqué de rappeler la tragédie de Lac-Mégantic, en Estrie, le 6 juillet 2013 et la frousse du brasier du petit village de Gainford, en Alberta, le 21 octobre, alors qu’un train transportant, comme dans ce cas, des matières dangereuses, avait pris feu et avaient tenu les autorités et les citoyens en alerte.  Sans le proclamer, de toute évidence il se produira encore des accidents de ce genre si les gouvernements qui en détiennent la compétence ne resserrent pas les mesures, présentement très laxistes, du transport par chemin de fer, continuant de laisser carte blanche aux requins de la production industrielle, mais surtout si les citoyens du monde, ne saisissant pas le message que ce type d’événement précis leur lance, ne changent pas en conscience, maintenant que tout drame local émet un avertissement à la planète entière.  Pour cette train   raison, il paraît justifié de reproduire un article publié au lendemain du drame de Lac-Mégantic, relatif au symbolisme du train.

En fait, le site «Historica Canada» ou l’«Encyclopédie canadienne» résume ainsi l’histoire des accidents ferroviaires de notre pays : «Les accidents ferroviaires résultent de causes variées, comme une mauvaise conception de la plateforme de la voie, la fatigue du métal, un incendie, une défaillance des rails, une erreur humaine ou la fragilité d’un pont. Le pire accident ferroviaire canadien s’est produit en 1864 à Saint-Hilaire, au Québec. On estime qu’il a tué 99 personnes. Cet article présente chronologiquement les plus importants accidents ferroviaires de l’histoire du Canada. (Voir aussi Bridge Disasters, Highway Disasters.)

Un mois après la mise en service de la Great Western Railway en 1854, six passagers trouvent la mort près de London et sept autres, près de Thorold, en Ontario. Puis, le 27 octobre 1854 à Baptiste Creek, à 24 km à l’ouest de Chatham, en Ontario, un train transportant du gravier entre en collision avec un express qui a 7 heures de retard. L’accident, qui fait 52 morts et 48 blessés, est alors la pire tragédie ferroviaire à survenir en Amérique du Nord. Cependant, peu de temps après, il est déclassé lorsqu’un train de passagers de la Great Western Railway tombe d’un pont de bois suspendu près de Hamilton, en Ontario, le 12 mars 1957. Un axe de roue brisé fait dérailler le train qui, dès lors, détruit le pont. La chute du train dans le canal Desjardins tue 60 personnes.

Toutefois, l’accident ferroviaire le plus mortel a lieu à Saint-Hilaire, au Québec, le 29 juin 1864, à 1 h 10. Un train du Grand Trunk, avec à son bord 458 passagers, principalement de nouveaux immigrants allemands et polonais, ne parvient pas à s’arrêter devant un pont tournant sur la rivière Richelieu. Le train plonge, et les wagons s’entassent les uns sur les autres. On dénombre 99 morts et 100 blessés.

Un acte de sabotage est peut-être en partie responsable d’un accident près de Yamaska, au Québec, le 28 septembre 1875, lorsqu’un train déraille à cause de lourdes billes qui encombrent la voie, tuant 10 personnes; alors qu’un rail brisé est à l’origine du déraillement d’un train de passagers du Chemin de fer Canadien Pacifique (CFCP) à l’ouest de Sudbury, en Ontario, le 21 janvier 1910, qui tue 43 personnes.

Le 27 décembre 1942, 36 personnes perdent la vie dans la collision de deux trains du CFCP à Almonte, en Ontario : l’un transporte des troupes de la base militaire de Petawawa, l’autre, des vacanciers. Après l’accident, on retrouve le cadavre du conducteur du train des troupes dans la rivière Rideau, apparemment mort par suicide.

Plusieurs accidents surviennent parce que l’équipe du train ne prend pas la voie d’évitement pour laisser passer un train de sens contraire. En effet, le 1er septembre 1947, 31 personnes trouvent la mort à Dugald, au Manitoba, et, le 21 novembre 1950, 21 personnes perdent la vie à Canoe River, en ColombieBritannique, à la suite d’une telle erreur. La collision frontale entre un train de marchandises et un train de passagers de Via Rail près de Hinton, en Alberta, le 8 février 1986, qui tue 23 personnes, est aussi causée par une erreur humaine similaire : les opérateurs négligent les dispositifs de sécurité automatiques.

En termes de mortalités, le quatrième pire accident ferroviaire survient à Lac-Mégantic, le matin du 6 juillet 2013. La veille, un train de la Montreal, Maine & Atlantic, voyageant du Dakota du Nord à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, s’arrête à Nantes, au Québec. Il transporte 7,7 millions de litres de pétrole brut. En raison d’une combinaison de facteurs, dont une sousutilisation des freins à main et une trop grande dépendance aux freins pneumatiques, le train sans conducteur se remet en route vers 1 h en direction de Lac-Mégantic, à environ 12 km à l’est de Nantes, puis déraille au centre de la ville. Il déverse alors son chargement de pétrole brut, et cause des feux et des explosions qui tuent 47 personnes.» Lien de vérification : http://www.encyclopediecanadienne.ca/fr/article/accidents-ferroviaires/

Dans sa Manifestation éternelle, le Grand Jeu amoureux de la Création infinie, l’Absolu s’exprime, dans les plans les plus élevés, par des archétypes ou des modèles-premiers qui, dans leur lente densification, par écartement de la Source unique, deviennent successivement des symboles, des intuitions, des ressentis et, ultimement, si c’est leur destination d’atteindre la conscience connaissante des êtres incarnés, des faits concrets, les réalités de leur vécu quotidien.  De sorte que tout être foulant le sol de la planète ne se sentirait pas aussi séparé de Dieu et seul dans son expérience évolutive si, prenant conscience de la manière que l’Esprit de Vie, donc l’Essence cosmique, lui parle, qui ne peut être celle des êtres physiques, le langage articulé de la parole ou le recours à d’autres sons, à défaut de pouvoir abaisser son énergie propre jusqu’à ce plan inférieur ou dense de conscience.

Pour illustrer la manière propre de Dieu de dialoguer avec l’humanité par des faits concrets, quand elle n’est pas en mesure de capter ses messages à des niveaux supérieurs — ce qui lui permettrait de s’ajouter, à temps, par une compréhension anticipée du cours de la vie, beaucoup de bonnes occasions ou de se prémunir de bien des maux — il importerait de remarquer que, récemment, l’espèce humaine a subi plusieurs accidents ferroviaires, répercussions de mauvais choix répétés et maintenus qui ont fini par l’exposer à la fatalité.

Depuis le début de l’année 2013, de la nouvelle manière que le Créateur a choisi d’informer l’humanité de ses erreurs, dans une escalade progressive d’allégories visant à refléter ses choix, on peut déjà compter de nombreux accidents ferroviaires dans le monde : 20 février, en Inde (2 morts);  18 mars, en Inde (3 morts);  20 mars, en Inde (1 mort et six blessés);  23 mars, en Inde (4 morts et 8 blessés);  4 mai, en Inde (1 mort et 50 blessés);  4 mai, en Belgique (1 mort, 19 blessés et 300 évacués);  18 mai, aux États-Unis (60 blessés);  28 mai, en Inde (1 mort);  14 juin, en Argentine (3 morts et 155 blessés);  6 juin, au Pakistan (14 morts);  9 juillet, au Canada (50 morts, un quartier de ville soufflé et plus de 1000 évacués);  et enfin, 12 juillet, en France (6 morts et 22 blessés, bilan provisoire).  Et il faut en passer…

On pourra protester que les accidents qui se sont produits en Inde et au Pakistan ne peuvent servir d’exemples très probants puisque, en raison de la densité et de la pauvreté de la population et de la mauvaise qualité des services ferroviaires de ces pays, il se produit une grande quantité d’accidents du genre en Asie méridionale.  Mais on ne pourra pas arguer que cela se produit aussi fréquemmeTrain_francent et avec une telle ampleur dans les récents cas répertoriés en Occident.

Dans ce contexte, ce qu’il importe de comprendre, c’est le sens de ce moyen de transport qui, servant autant au transport de passagers que de marchandises, doit prendre deux sens un peu différents.  Le train, longtemps perçu comme l’un des principaux signes du progrès de la société, est apparu avec l’industrialisation qui a lancé le monde dans la modernité, mais l’a induit dans un matérialisme extrême, marqué par la surconsommation, fondé sur le désir de se faciliter la vie et d’assouvir toutes les jouissances, ce qui a entraîné l’exploitation éhontée des ressources de la terre, en plus de stimuler l’avidité des requins du monde des affaires et de celui de la finance.  Il est devenu le symbole du progrès matériel qui s’est substitué à l’aspiration spirituelle d’évoluer jusqu’à la pleine Maîtrise de son être et qui, n’ayant parvenu à éliminer la barbarie primitive, semblant même la faire renaître, faute de compréhension de l’amour vrai, peut engendrer des saboteurs, des abuseurs, des exploiteurs ou des meurtriers, tantôt faciles à reconnaître tantôt déguisés d’une infinité de manières subtiles.

Il faut observer que le train, l’un des moyens de locomotion de l’humanité, désigne un convoi ferroviaire constitué de plusieurs wagons remorqués par un engin moteur, la locomotive.  En cela, il peut évoquer autant le cordon ombilical qui relie à la mère ou à la famille, si difficile à couper, malgré la nécessité de recouvrer son autonomie, son indépendance, son libre arbitre, ce qui peut permettre de redécouvrir son unicité, qu’il peut décrire la vie collective des êtres incarnés, donc leur propension à la conformité et à la mentalité grégaire.  Pour un rêveur, il peut exprimer le besoin de sonder son subconscient, par exemple de se rappeler son passé et d’anticiper son avenir ou de découvrir les changements indispensables qu’il gagnerait à effectuer promptement dans son psychisme.

Pourtant, pour un être particulier, le train évoque probablement davantage les ressources d’énergie colossales qui vibrent à l’intérieur de lui et le désir de recourir aux grands moyens pour atteindre ses buts.  Il peut impliquer diversement un désir de s’évader d’une morne réalité;  de prendre une nouvelle direction;  de s’impliquer davantage dans la collectivité;  de mieux s’intégrer au niveau social;  d’agir en chef de file et de se retrouver au premier plan de l’action.  Parfois, il évoque l’influence exagérée du milieu ou l’étroitesse d’esprit de celui qui ne veut pas élargir ou assouplir sa vision rigide et limitée de l’existence.  Dans ce cas, l’apparition du train invite ce sujet particulier à sortir des ornières de ses clichés, de ses stéréotypes, de ses préjugés, de ses habitudes, de ses routines.

Pour s’inspirer d’autres idées révélatrices, on se rappellera que le système ferroviaire représente une organisation ponctuelle qui se fonde sur un horaire implacable, un ordre rigoureux, une hiérarchie inflexible qui ne laisse aucune place aux sentiments et aux velléités individuelles.  Les intérêts de la collectivité y prévalent sur les intérêts particuliers puisque, selon les croyances, le transport public devient plus important (ou plus rentable) que le transport privé.  Son intérêt provient du fait qu’il implique des communications et des échanges diversifiés.

Dans son sens le plus élevé, il identifie le Principe cosmique, toujours impersonnel, qui impose sa Loi absolue et son rythme inexorable aux contenus psychiques parallèles, mais autonomes (le Moi et ses complexes), soit aux forces de liaison et de communication qui agissent au sein de l’ensemble psychique.  À ce niveau d’interprétation, il peut révéler la Vie universelle qui s’impose de façon impérieuse et immuable.  Alors, dans un accident ferroviaire, chacun est appelé à se demander qui il place aux commandes de sa vie : Dieu ou le Diable.  Suit-il la direction ascensionnelle de ses aspirations spirituelles ou le sentier de l’Abîme de ses appétits physiques et des ses illusions mentales?

À prime abord, le train de passagers donne l’image de la vie collective, de la vie sociale et du destin, conçu comme fatal, qui emporte tout avec lui, pour le meilleur ou pour le pire.  Il sert d’allégorie au véhicule de l’évolution à bord duquel un être incarné peut difficilement monter, qu’il peut manquer, qu’il peut prendre dans la bonne ou dans la mauvaise direction.  Il suggère une évolution psychique qui surgit d’une prise de conscience qui entraîne vers une vie nouvelle.  Mais cette évolution peut être retardée par les complexes, les fixations inconscientes, les habitudes psychologiques, les masques, les décrets mentaux, l’aveuglement, la routine qui amène à répugner à l’effort ou à se démotiver.  Il atteste le fait qu’on est porté à faire comme tout le monde, à moins qu’on se signale qu’on traverse une phase où il convient de procéder avec ordre et méthode.  Chose certaine, s’il s’en présente, on gagne à saisir les bonnes occasions dès qu’elles s’offrent.

Alors, dans les grandes lignes, que faut-il retenir du symbolisme du train, si ce n’est qu’il s’agit d’un monstre de métal, substitution au Dragon du Feu des anciens, conduit par un mécanicien ou dirigé par un système autonome, qui se déplace sur une voie ferrée tractant une cohorte de wagons et qui, dans le cas d’un système électrifié, ajoute une volonté de gagner en vitesse et en efficacité.  Par le rattachement des wagons, il peut exprimer le plan établi pour l’existence d’un groupe d’êtres, cette part par laquelle chacun a réduit son individualité en raison du contexte de vie ou des conditions d’existence dans lequel il s’est incarné, ce qui comprend la forme de son éducation, de sa culture, de ses us et coutumes, de ses croyances, de ses préjugés, de ses visées, soit tout le contexte dans lequel il évolue et qui l’amène à se dépersonnaliser, s’il n’y prend garde.

Dans certains contextes, le train peut exprimer une situation de rapprochement physique qui n’induit pas forcément un rapprochement affectif ou véritablement amoureux, même que la promiscuité d’étrangers qui peut y sévit pourrait plutôt engendrer la division.  Parfois associé à une voie toute tracée d’avance, il traduit l’incapacité pour un être particulier de trouver sa propre direction, d’où il s’en remet au choix de sa collectivité, pas forcément plus éclairée que lui.  Il représente le moyen d’évoluer qu’un être a choisi, avec ses valeurs affectives et mentales, d’où il peut traduire, avec assez d’exactitude, son comportement et ses attitudes dans ses rapports avec autrui.

Justement, déposé sur des rails immuables qui imposent un mouvement plus ou moins rectiligne, le train illustre les aspects fatals de la vie, cette part de difficulté à s’extraire de l’influence de la conscience collective, qui garde dans la mentalité grégaire, le partage de valeurs communément admises, avec ses autres composantes multiples.  Il dépeint une communauté qui s’est attiré par des affinités communes et qui s’est décidée, sans pourtant s’être concertée, de se rendre en un même lieu, d’atteindre une même destination, de réaliser un idéal commun.  Elle expose un groupe dont les membres ont, pour le meilleur ou pour le pire, largement abdiqué leur liberté personnelle, oubliant de se demander s’ils ne seraient pas menés par un borgne bien capable de s’imposer roi des aveugles qu’ils sont.  En elle-même, la qualité des rails peut tenter de faire ressortir celle des valeurs qu’une société s’impose.

Ici, il faudrait faire abstraction du train de marchandises qui rappelle plutôt l’être incarné individuel avec ses objectifs et ses projets, évolutif ou régressifs.  Il peut aussi rappeler que les désirs matériels ou les ambitions financières prévalent sur les valeurs sacrées.  À l’occasion, il peut décrire un être qui se sent surchargé par les problèmes qu’il vit et dont il a du mal à se dégager.  Chaque wagon peut représenter les événements extérieurs de son cycle de vie en cours.

Souvent, la locomotive ne désigne plus qu’un monstre mécanique, sourd et aveugle, muni d’un pilotage automatique, donc dépourvu de mécanicien ou de chauffeur, démontrant l’impuissance grandissante de l’être humain à bien maîtriser les moyens qu’il a développés.  Qu’importe à cet immense robot d’invention humaine, à cette puissante mécaniqtrain-americainue, le parcours erratique dans lequel elle peut entraîner les victimes potentielles qu’elle peut faire, en cas de problème, puisque, sans conscience, elle ne peut jamais s’affliger de ses détours ni du sang qu’elle peut répandre?  De même, bien que chacun ne puisse complètement se dissocier de la conscience collective, celle-ci ne s’attribue jamais la responsabilité des influences subtiles qu’elle transmet aux êtres qui participent d’elle.

Mais, en général, ne prend le train qu’un être insatisfait de son sort qui, dans sa quête inconscience, veut découvrir une vie meilleure, apporter des améliorations dans son existence, conformément aux valeurs qu’il s’est formées au contact de ses pairs.  Il préfère se laisser porter que de conduire lui-même, de prendre le volant de son destin.  Du coup, il se présente comme un être vulnérable, sensible aux fascinations extérieures qu’il ne connaît pas personnellement et qui peuvent servir à le berner.  En choisissant ce moyen de transport public, il choisit de se joindre à d’autres voyageurs, témoignant davantage de son aptitude à entrer en concurrence avec autrui, conformément aux normes rigides du système qui y prévaut, qu’à faire preuve d’innovation et d’inventivité.  Sauf que, s’il s’y sent plutôt mal à l’aise, il révèle plutôt son incapacité à se concevoir comme un égal des autres.  N’empêche que, une fois monté à bord, il devient le prisonnier des aléas du trajet, soit dépourvu de toute capacité de rectifier la trajectoire, de corriger l’horaire, de modifier la vitesse, presque tout échappant à sa volonté, donc contraint de se plier aux règles qu’on voudra bien lui imposer.  Et c’est sans compter que des terroristes, ennemis de la foi de son groupe, peuvent choisir le moyen qu’il a choisi pour se déplacer comme cible de leurs attaques, dans leur désir de représailles contre un ennemi présumé.

En fait, la locomotive, cette machine puissante, fournit l’allégorie du pouvoir occulte (qui peut-être idéologique, politique, religieux ou financier) qui régit  une société à son insu pour l’avoir comme hypnotisée, en brandissant le leurre d’un bonheur terrestre prolongé grâce à des moyens factices et artificiels.  Car c’est elle qui inculque le mouvement, précise la vitesse, impose la direction, détermine autant les arrêts que les départs.  N’empêche que, dans ce système, c’est le chef de gare qui, en principe, donne les conseils et signale le moment du départ.  Quant au contrôleur du train rappelle le mentor fictif qui peut exiger des comptes d’un voyageur, qui peut mesurer la légitimité de sa présence à bord du train, voire les interdits qui peuvent amener un être à se culpabiliser et par lesquels il réduit son estime de lui-même.

Hélas, selon sa qualité, la locomotive peut forcer à des arrêts imprévus, engendrant des contretemps, comme elle peut se détraquer et grandement compliquer l’existence des passagers, ce qui peut aller jusqu’à exposer leur vie.  Toutefois, ce pouvoir apparemment tyrannique ne se maintient qu’avec l’assentiment d’un groupement humain qui, flatté dans des pulsions primitives que sa conscience ne parvient plus à identifier, pas plus que sa volonté ne parvient à le maîtriser et à l’orienter dans la bonne direction, celle de l’accomplissement spirituel, et qui s’est laissé convaincre de la possibilité de réaliser pareil rêve pourtant irréaliste ou mensonger.  Par le choix d’établir la priorité des valeurs de la densité et de la dualité, qui renforcent les barreaux de sa prison fictive et qui le maintiennent dans la Roue des réincarnations, cette collectivité a succombé à sa pulsion de mort qui ne peut que l’amener à imploser ou à exploser.

En lui-même, le train évoque une action en cours, une continuité dans un parcours de vie.  Dans sa version du train de passagers, un véhicule public, il exprime le genre de vie sociale qu’une société privilégie.  Il révèle comment un groupe humain a choisi d’avancer en tant que collectivité dans sa compréhension de la notion du progrès, ce qui inclut sa manière de se servir de son intellect et de sa sexualité.  Mais il faut tout de suite souligner que ce moyen de transport suit un parcours et une destination déterminés par d’autres instances qui peuvent être fiables ou inquiétantes.  En tout cas, il dépeint une collectivité de mentalité grégaire qui s’engage dans un circuit dont la conduite lui échappe.  Il se peut qu’elle ne se soit rassemblée ainsi que parce qu’il lui apparaît plus facile de suivre un parcours tracé d’avance que d’improviser, souvent à tâtons, au jour le jour, pour se tracer son propre chemin, tout à fait inusité.  Encore, il se peut que, perdue dans l’illusion ou le sentiment d’impuissance personnelle, croyant que la vérité réside dans le nombre d’adhérents à un principe, plutôt que dans le degré de réalité de celui-ci, par manque de sens de l’initiative et de débrouillardise, elle ne réponde, sans plus de réflexion, qu’à l’injonction : «Tout le monde le fait, fais-le donc!»  C’est le mouton qui suit sans discuter le troupeau dans tous ses choix.

En cela, les deux rails qui composent la voie ferrée, image de la dualité, rappellent le parcours forcé, une portion de son destin, la manière de se rendre à une destination fictive, souvent arbitraire, même si elle semble relever d’un choix qui répond à une réflexion personnelle appuyée.  En tout cas, elle témoigne du choix de suivre un sentier battu, dépourvu de toute volonté d’exprimer l’originalité personnelle, ce qu’exprime le comportement un peu chaotique et crissant du wagon qu’on occupe, comme s’il restait un relent de conscience permettant d’un peu protester contre ce choix grotesque de suivre tout le monde.  Le crissement des roues, qui surgit d’un contact métal contre métal, présage un possible affrontement ou un accident éventuel provoqué par l’usure.   En cela, les traverses qui maintiennent les rails à une distance égale tout au long du trajet, pourraient représentent les normes rigides, imposées par les constructeurs ou forces occultes, qui empêchent de diverger d’opinion avec eux et de se tirer de leur emprise, par la possibilité d’axer son wagon hors de la voie imposée.

Entre les mains d’un conducteur inexpérimenté ou insouciant ou régi par un système automatique qui peut se détraquer, tout train peut toujours s’emballer, exprimant le sentiment de contrainte et d’impuissance personnelle d’un être qui se découvre entraîné, contre sa volonté consciente, vers une destination qui commence à lui sembler néfaste, hasardeuse, périlleuse.  Alors, dans une situation de mauvais entretien, d’excédent de poids, de transgression des règles de conduite, le train peut s’emballer et atteindre une vitesse d’enfer, incapable de négocier convenablement les courbes prononcées, mais bien capable de s’éjecter d’une voie mal entretenue ou en mauvais état.

Alors, les voyageurs perdent tout repère dans leur panique et leur impossibilité de balayer correctement du regard un paysage qui, par les fenêtres, défile à la vitesse de l’éclair.  Voilà que le train devient une simple masse qui libère une énergie irrépressible de potentiel meurtrier, que rien ne peut arrêter dans sa lancée, puisqu’il n’est plus capable de tenir compte des feux rouges et d’appliquer les consignes usuelles aux divers croisements de route.  Par sa puissance terrifiante, tout train fou devient un criminel en puissance ne pouvant qu’annonce un désastre.  Et ce n’est qu’alors que, à défaut d’avoir vérifié la qualité de leur mode de transport, pour s’être fié au fait que si son propriétaire le maintenait en service, ils pouvaient présumer qu’il était forcément en état de les amener à bon port.  Pourtant, ils ne peuvent plus que se dire que pour avoir succombé à la tentation de se lancer dans un projet collectif voué à la catastrophe, il se peut qu’ils aient choisi une destination porteuse de mort, plutôt que de résurrection.

Nul ne peut s’étonner qu’un train fou en vienne à entrer en collision avec un autre objet, exprimant le choc des idées qui, chez des intellects rivaux, fondement de l’ego, lors de discussions animées, parfois enflammées ou fantasques, désirent se dominer ou se vaincre.  Le train est relié à la puissance virile, qui peut aller jusqu’à la surestimation de la force du mâle.  C’est l’aspect pratique, logique et ptrain-electriquerosaïque de la vie qui fait vivre dans le doute et la séparativité et qui aime susciter des conflits stériles, pour les régler à coups de poing, dans le simple désir de déterminer le plus fort.  Cependant, dès que trop frustrée, cette force peut déterminer à tout détruire sur son passage.

Aussi n’est-il pas étonnant qu’un train lancé à toute vitesse en vienne à dérailler, exprimant la perte de contrôle d’une situation que, jusque là on redoutait assez peu.  Le déraillement impose la nécessité de sortir des ornières, creusées de longue main par les comportements répétitifs d’une collectivité, afin de récupérer son libre arbitre, son autonomie de moyens, son indépendance de pensée, sa liberté d’action, son droit de régence souveraine.  Le message du déraillement, c’est que les êtres doivent prendre leurs affaires en main en cessant d’obéir de manière aveugle et servile à des autorités illégitimes et d’abdiquer leurs droits sacrés inaliénables.  Se tirant de la dualité qui le déchire, chacun gagnerait à se dégager de tout plan établi ou prévu à son intention qui présente une menace à son intégrité ou à ses possibilités de réalisation spirituelle dans la présente phase de son existence.  Parfois, le déraillement peut révéler un complexe difficile à dénouer, le recours à des solutions douteuses, une course inconsciente vers le chaos, l’enfoncement dans la psychose.

Dans le cas bien précis du détachement ou de la séparation des wagons, c’est le choix de se tirer de l’illusion collective, qui peut entraîner jusque dans l’hypnose, qui s’impose à un individu qui n’a pas su récupérer sa liberté et exercer sa souveraineté.  Quant à l’explosion d’une citerne, elle suggère un conflit ouvert ou une réalité dépassée, qui a trop duré, trouve sa résolution dans une issue dramatique.

La morale de cette histoire, qui, bien comprise, pourrait éviter de nouveaux drames à l’humanité, c’est qu’il n’y a pas de mal à prendre le train dans la mesure où on fait preuve d’assez de maîtrise, de sagesse et de prudence pour éviter d’y perdre son âme, parce qu’on s’est laissé entraîner dans un projet purement régressif que la présente phase évolutive ne peut plus tolérer!

© 2013-15, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

 

 

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