LE SENS MORAL, INNÉ CHEZ TOUT ÊTRE HUMAIN, N’EXPRIME PAS LA CONFORMITÉ AVEC DES PRINCIPES RELIGIEUX MAIS UNE APPLICATION DU SAVOIR DU COEUR

 

Toute personne qui admet l’existence de Dieu doit forcément le concevoir comme le Fondement de l’Ordre et de la Perfection, sans quoi elle vénère une divinité étriquée.  Si Dieu est omnipotent, omniprésent, omniscient et omniagent, il ne peut avoir conçu ou prévu de mal.  En soi, le mal ne peut exister nulle part ailleurs que dans l’esprit de celui qui y croit.  Car le mal ne peut jamais exister dans une potentialité, mais dans le mésusage de cette potentialité, parce qu’elle est utilisée hors de la norme du juste milieu.  L’apparence de mal découle d’une transgression de la Loi de l’équilibre, par la répercussion de la Loi de la causalité ou  d’action et réaction, chez un être libre qui, pour avoir enfreint une loi cosmique ou naturelle, en ressent un malaise plus ou moins profond, ce qu’il prend pour un mal.  Il ne s’agit pourtant, pour un être particulier, que d’un avertissement fonctionnel et mécanique qu’il a enfreint une norme immuable.

amge-et-démon-images   En fait, aucune loi cosmique ou naturelle ne vise à punir un être, simplement à lui faire comprendre un principe immuable.  Elle le prévient d’un égarement pour le ramener à l’ordre.  Quel amour prodigieux de la Justice immanente ou de la Providence divine! À chaque instant, par son ressentir, l’individu peut savoir s’il opère à l’intérieur des jalons que Dieu a placé sur sa route.  Dés qu’il a déserté son centre et son but, il en est prévenu.  Dès qu’il y retourne, il réintègre l’harmonie et l’équilibre.

Chez un être, ce que l’homme appelle ses instincts –ce qu’on identifierait plus justement par les mots «pulsions» ou besoins— ne sont ni bons ni mauvais en eux-mêmes.  Ils font partie intégrante de sa nature, comme prévision de Dieu, son Créateur.  Pendant son incarnation, l’être humain ne peut vivre sans appétits physiques.  En effet, les appétits de l’homme découlent de sa dualité, une réalité inaliénable.

Au plan de la Manifestation, aucune créature ne peut s’exprimer et prendre de l’expansion sans avoir recours au jeu des polarités.  Toute manifestation se produit par l’interaction d’un pôle solaire (positif, actif, émissif, pénétrant, électrique) et d’un pôle lunaire (négatif, passif, attractif, réceptif, magnétique).  Nous en avons l’évidence dans le déroulement d’une journée, composée d’une partie diurne ou lumineuse et d’une partie nocturne ou ténébreuse; dans le phénomène de la procréation consécutif à l’accouplement d’un homme et d’une femme; dans la transmission de l’électricité à travers deux fils; dans la production énergétique d’un accumulateur, obtenue par le raccord à deux bornes de polarité inversée; dans la génération des cycles naturels, régis par l’influence mutuelle du Soleil et de la Lune.

Puisque toute manifestation résulte d’un processus bipolaire, nous pouvons mettre  immédiatement un terme à une énumération fastidieuse de faits qui le corroborent.  Seule l’éducation de l’être humain peut le conduire à qualifier de bon ou mauvais ce qui se produit autour de lui ou à travers lui.  La bipolarité suggère un échange spontané.  Cet échange inéluctable répond à la Loi de l’appétence ou de l’attraction, qui fonde l’affect, la sensation, le sentiment, le désir.  Dieu a prévu d’inclure ce phénomène de l’appétence, dans la dynamique de l’être humain, pour le motiver, par la curiosité et le plaisir, à chercher à connaître et à expérimenter, autant son être que le monde ambiant.  Sans appétit, l’homme n’aurait jamais eu l’envie de chercher à comprendre et à croître à tous égards.  Il serait donc ridicule de condamner ses appétits physiques.  Ce n’est absolument pas là que le bat blesse!

Essentiellement, tous les besoins et les désirs sont bons.  Ils sont tous naturels, quelles que soient les formes qu’ils revêtent.  C’est l’être humain, et lui seul, qui a établi des échelles de valeurs et des critères moraux, les classant en bons ou mauvais, selon le plaisir ou le déplaisir qu’il en éprouvait, critères qui ont toujours varié selon les régions, les religions, les siècles, de génération en génération.  La Loi dit: pour qui s’abstient de comparer, tous les besoins sont identiques en nature, mais ils sont soumis au principe cyclique qui régit chaque chose.  Du point de vue naturel, l’être humain ressent trois désirs fondamentaux: celui de se nourrir, celui de s’abreuver et celui de satisfaire sa sexualité.  Du point de vue naturel, il n’existe aucune différence entre ces trois besoins.  Ils sont tous licites et légitimes.

À certaines époques, à cause de son immaturité, l’homme a eu raison de s’imposer des principes régulateurs et de les imposer à sa communauté.  Cette initiative lui a permis d’enrayer des abus destructeurs qui auraient conduit à la décimation ou à l’extinction de son espèce et d’entretenir chez ses descendants, d’âge en âge, la pureté du lignage, l’harmonie sociale et le désir de s’élever spirituellement.  Pourtant, il n’en reste pas moins que c’est l’être humain, non Dieu, qui a érigé un système ou une hiérarchie de valeurs dans ses besoins.  Pour sa part, Dieu a prévu des lois naturelles, immuables, et il les laisse agir au-delà de ces contingences.

Comment l’être humain a-t-il procédé pour s’imposer de telles restrictions qui font double usage? Il s’est laissé guider par son mental raisonneur plutôt que par son intuition.  Il a érigé ses dogmes, ses tabous et ses superstitions, au fil des circonstances des époques, par ignorance de sa nature et incompréhension des directives de ses sages.  Rien que par le jeu du téléphone, nous pouvons comprendre les niveaux de compréhension et d’interprétation selon les participants.  Ou encore, interrogeons les témoins visuels de la scène d’un accident: nous obtiendrons autant de versions que de témoins.  Même que chaque témoin aura modifié sa version après quelques jours.  Même chose pour les spectateurs d’une pièce de théâtre.  Pour une question identique, nous passerons par toute la gamme des appréciations et des sentiments.

Ces exemples vous aident-ils à mieux comprendre comment l’être humain a élaboré ses codes éthiques et les a changés tout au long de son histoire? L’impossible d’hier est devenu la réalité d’aujourd’hui, tandis que l’interdit d’hier devenait la loi de l’ici et maintenant.  Curieux, n’est-ce pas? Cela ne vous aide-t-il pas à accepter la contingence et l’aspect arbitraire de ces principes régulateurs?

Les codes moraux n’ont aucun fondement cosmique.  Le Cosmos n’a jamais édicté de codes, il a proféré des Lois, intangibles, elles.  Mais ces codes ont contribué à la sauvegarde de principes utiles au bien d’une époque, d’un continent ou d’une communauté.  S’ils se justifiaient alors, ils nSENS-MORALe deraient pas survivre à leur propre inutilité.  La moralité d’hier ne peut convenir à l’expérience d’aujourd’hui, pas plus que la moralité d’aujourd’hui ne pourra convenir au contexte de demain.  En effet, elle ne constitue qu’un effort pour maintenir des principes indispensables à la vie sociale d’une époque déterminée avec, pour fondement, la compréhension de ce temps.  Est-ce assez clair?

Jusqu’à ce jour, la moralité reposait sur des concepts religieux qui variaient avec le lieu et la région au point qu’au même moment, elle multipliait ses facettes et s’exprimait de façon contradictoire.  Jusqu’à présent, jamais l’Humanité n’a établi de consensus au niveau de la moralité universelle.  Aujourd’hui, il faut y parvenir sans combat de frontières ni guerres de clochers.  Pour chacun, l’heure est venue de se délivrer des autorités présumées et de se former une moralité personnelle, qui restera toujours temporaire, fondée sur la compréhension individuelle.  Tout être a besoin de s’établir des principes, conçus comme sa vérité momentanée, afin de se sécuriser et  de maintenir un degré relatif de stabilité, un point d’appui ferme, mais temporaire.  Paradoxalement, on constatera que cette nouvelle forme de moralité deviendra plus universelle que toutes celles qui l’ont précédée.  Cela se comprend: elle favorisera le respect mutuel, la tolérance ou l’acceptation des différences, l’autonomie et l’indépendance des individus, se fondant sur la vérité fondamentale de l’être et sur un degré d’évolution infiniment plus élevé sur tous les plans.

Faisons confiance aux Sages de toutes les époques.  Ils nous ont enseigné que la seule chose qui était interdite à l’être humain, c’était de se couper de sa Source originelle et d’entraver l’expression libre de la Vie et de l’Évolution.  L’homme est parvenu au point où, s’appuyant sur ce principe unique, il sera en mesure de savoir ce qui est bon pour lui, individuellement, selon sa nature et son rôle fonctionnel, conformément aux critères de son unicité, soit de sa rareté et son originalité propres.  Chacun doit se dégager de toute contrainte extérieure pour trouver sa vérité personnelle qui lui fournit les jalons de sa propre voie.

N’ayez crainte, le mental, gardien du corps, temple de l’âme, saura bien, pour chacun et pour tous, agir comme le grand régulateur personnel et, par l’expression de la Loi d’action et réaction, il comprendra bien comment garder l’appel des besoins naturels ou des appétits physiques dans le juste milieu.  Il le sait, lui, qu’il y a faute autant dans l’excès que dans la répression totale.  L’un et l’autre perturbent la conscience et l’obnubilent.  L’être y perd sa clarté mentale et son discernement.  Les désirs légitimes ne seront jamais ceux qui flattent la vanité ou satisfont les caprices personnels.  Ce sont ceux qui favorisent l’amour, donc le progrès personnel, l’altruisme, l’union intime avec Dieu, la Source commune de tous les âtres.

Mais n’oublions plus jamais ceci: en eux-mêmes, les appétits physiques ne sont ni bons ni mauvais.  Ils existent tout simplement, porteurs d’un message qui indique une direction.  Les notions de bien et de mal ne peuvent surgir que d’un intellect raisonneur, perturbé et diviseur qui perçoit tout dans la dualité, donc qui ne peut percevoir la réalité comme elle se présente au-delà des apparences.  Nos traités religieux employaient, pour décrire ces états, les expressions de conscience délicate, scrupuleuse, timorée ou ulcérée.  Les critères du bien et du mal restent tout à fait relatifs à la conception personnelle.  On ne peut les dégager que des états de bien-être ou de mal-être, de plaisir ou de déplaisir, d’harmonie ou d’inharmonie qu’ils font surgir tout au fond de soi.  Mais, en cette matière, ce qui est bien pour l’un peut-être mal pour un autre, et inversement.  D’autre part, même le malaise qu’un être ressent face à une expérience peut révéler davantage le trouble de sa conscience timorée, remplie d’inhibitions.  Dans ce contexte, ce ressenti ne révèle en rien qu’une expérience est mauvaise, il n’exprime que le fait qu’il n’est pas encore prêt à la vivre.

Ma foi, libérons-nous un peu des tabous! Comment peut-on expliquer le rôle du désir autrement que comme un appel de la conscience à vivre une expérience qui permet d’évoluer?  Un être apprend davantage à vivre une expérience qu’à s’en priver, car il y apprend quelque chose, formant son discernement personnel.  Ceux qui ne font rien n’apprennent pas : ils croient savoir, mais ils n’ont rien ressenti dans leurs tripes pour confirmer ou infirmer leurs prétentions.   Apaisez-vous, car nous n’entendons nullement prêcher le laxisme ni pécher par laxisme! Nous vous convions plutôt à vous demander où se situe la frontière de l’acceptable? Pour notre part, nous opinons que l’être humain doit comprendre que, à satisfaire sans restreinte ni discernement toutes ses fantaisies et tous ses caprices, qu’il confond souvent avec des désirs légitimes et naturels, il engendre n’engendre qu’un besoin insatiable de toujours les satisfaire davantage, débordant facilement la ligne du juste milieu et sombrant dans l’excès.  Les désirs trop aisément assouvis n’apportent aucune aide durable, car ils apprennent peu à l’individu.  Il garde un caractère immature et revendicateur.

Mais la répression des désirs n’est pas plus salutaire.  Dans ce cas, le mental masque le désir, sous un couvert de cérébralité ou d’aspiration puissante.  Sans s’en rendre compte, il l’entretient sournoisement.  Alors, le désir paraît s’estomper, mais, s’amplifiant à l’extrême, un jour il explose et il déborde dans l’excès, sans quoi il engendre des perturbations psychiques graves, appelées inhibitions ou obsessions.  La loi naturelle dit : Tout désir raisonnablement assouvi, maintient ou restaure l’équilibre et conserve au mental son rôle régulateur.  Rien n’est mauvais pour celui qui se conforme à la Loi du milieu juste et bon.

À la limite, il est vain et dangereux de lutter contre ses désirs, même contre ceux que l’on croit illégitimes, comme de lutter contre ses défauts et ses faiblesses, car, alors, indidieusement, on nourrit les éléments qu’on ne désire pas voir croître en soi.  Le combat ne contribue en rien à les répMORAL-SENSE9rimer ou à les corriger.  À notre avis, pour celui qui ne sait pas se maîtriser, dans la mesure où il n’entraîne personne dans sa déchéance, il vaut mieux qu’il épuise ses désirs, dût-il sombre dans les extrêmes, que de les retenir, puisque, en les réprimant, il s’expose à des perturbations psychiques graves, peut-être irréversibles.  Le premier pas de la conversion, c’est l’amour de soi, le respect de soi, l’acceptation inconditionnelle et intégrale de soi, tel qu’on est.  Pour celui qui détient suffisamment de maîtrise sur lui-même, une excellente technique, pour dissoudre ses désirs involutifs, c’est de se transmuer subtilement en observateur silencieux de ses impulsions.  Par ce procédé, il peut développer l’aptitude à se libérer de toute identification avec ses mouvements internes et ses créations et à se détacher de ce qui l’entoure.  Dans cet état, il peut repérer ses désirs, les identifier, évaluer leur légitimité et leur impact.  Alors, il peut méditer sur la qualité contraire, la ressentir bien réalisée ou actualisée dans sa vie au point de la devenir.

Pour s’extraire de ses désirs terre-à-terre, il n’y a rien de tel que de s’occuper et d’entretenir en soi une notion concrète et vivante de son idéal et de l’Infini.  Pour sortir de l’illusion, il n’y a rien de tel que d’appeler puissamment la Réalité à s’éveiller en soi.  Mais ce procédé convient mal aux Occidentaux que nous sommes.  Nous pouvons obtenir de meilleurs résultats en nettoyant nos centres.  La technique mieux appropriée à toute la planète, c’est la répétition du OM, le Logos primordial, prononcé “AAAOOOUOUOUMMMM” dans une longue expiration bien sonore et suffisamment aiguë.  Cette syllabe, souvent répétée, purifie spontanément, dissolvant naturellement les désirs pernicieux.  Par elle, l’Eternel-sans-désir nous élève à son niveau et nous fait fusionner avec lui.

Pour nous libérer des désirs impérieux et multiformes, nous pouvons encore travailler sur notre pensée, rétablir un contact avec l’ordre et l’idéal par la réflexion sereine.  Par exemple, nous pouvons nous rappeler que jamais personne n’attachera notre coffre-fort à la remorque du corbillard qui nous conduira à notre dernier repos.  Même que, s’il est trop bien garni, il peut permettre de cultiver les illusions, entraver l’évolution et hâter l’échéance de la transition, faisant surgir en trop de préoccupations matérialistes, donc alourdissantes pour les corps subtils.  Nous pouvons encore considérer que ce n’est ni le nombre ni l’intensité des expériences qui aident un être à évoluer, mais l’ouverture de la conscience qui résulte du fait de vivre des expériences licites et légitimes de qualité, fondées sur l’amour de soi et d’autrui.

Pourquoi encore ne pas nous dire fréquemment que si nous voulons atteindre le sommet du Mont mystique, il nous faudra bien, tôt ou tard, alléger notre sac à dos, à partir du constat de la longueur de la marche et des difficultés de l’escalade que nous pouvons entrevoir.  Nous devons nous détacher et nous débarrasser progressivement des choses inutiles qui ne présentent rien d’autre que l’inconvénient de nous ajouter un poids.  Nous devons savoir sacrifier ce qui est devenu désuet et ne tente que de survivre à sa propre inutilité.

Du reste, nous avons toujours tort de nous considérer comme les propriétaires des biens que Dieu a mis à notre disposition ou comme de fins jouisseurs des organes de notre sensibilité dont le rôle est d’étudier les aspects constructifs du Monde à partir de notre rôle fonctionnel.  Nous ne pouvons nous établir qu’en utilisateurs conscients et en administrateurs sages des biens dont la Vie nous a nantis.  En propre, tout appartient à Dieu et à lui seul.  Dans la nouvelle ère, tous les êtres parasites qui vivent des illusions qu’entretiennent le troupeau humain, le milieu social et les sens concrets devront être peu à peu éliminés.

Que ceux qui n’ont trouvé dans ces suggestions aucun moyen pertinent de se libérer de leurs faux désirs prient le Ciel et le supplient de leur accorder la grâce et le privilège du salut spontané.  Ils sont à plaindre.

Mais trêve de digression.  Puissent ces propos qui précèdent ne pas avoir cultivé, chez les âmes sensibles, un remords stérile.  Pour les aider à mieux comprendre l’utilité et la nécessité des désirs, poursuivons par les considérations suivantes.  Commencons par nous demander ce qu’est un désir.  Or, le désir désigne le souhait de satisfaire un besoin ou d’acquérir un bien pour mieux se connaître ou pour mieux explorer le Monde.  De ce fait, tout besoin dont on fait un bon usage, comporte, essentiellement, le pouvoir d’ouvrir la conscience et de propulser en avant.

Il reste fort significatif que l’être humain sombre dans l’angoisse et la dépression dans la même mesure qu’il accroît son confort et augmente sa science présumée.  Trop souvent, l’être ordinaire ne compte que sur du pain et des jeux.  Au lieu de chercher à s’occuper pour distraire son ennui, de s’amuser pour s’extraire du réel, de tenter d’assouvir tous ses caprices et ses fantaisies, il devrait se mettre à l’oeuvre de découvrir sa première responsabilité: évoluer et ouvrir constamment sa conscience à ce qu’il est.  Les besoins naturels qu’il ressent ne visent qu’à l’amener à cela.

Non réglé par le mental et équilibré par l’aspiration, le désir rend les sens de plus en plus exigeants, il densifie les corps, il rattache à la terre, il exacerbe l’esprit de possession et les jeux de pouvoir, engendrant la rivalité qui dégénère en haine, en violence ou en révolte.  Plus encore, le désir engendre le chagrin, l’ennui, la crainte, la dépression, l’obnubilation mentale.  Il amène à voir dans tous les autres des objets de jouissance ou des ennemis susceptibles d’attaquer ou de priver de quelque chose.  De ce fait, tous, nous devons transmuter nos désirs illégitimes, les désirs capricieux et fantaisistes, dépourvus de motivation évolutive.  Mais cela ne doit jamais passer par la lutte ou la répression.  Voilà la clef!

Comprenons bien ceci: la satisfaction des besoins légitimes du corps ne nuit en rien et à aucun égard à l’épanouissement intérieur ou, plus clairement, à l’évolution spirituelle, la raison et l’aboutissement de l’incarnation humaine.  Ne dit-on pas avec raison que la nécessité est la mère de l’invention? Elle est aussi le moteur de l’expérimentation.  Or, la nécessité n’est rien d’autre qu’un besoin impératif.  Pour mener notre expérimentation à bon terme, nous devons connaître les outils que nous avons à notre disposition et acquérir ceux dont nous avons besoin.  En cela, le corps est le premier outil de notre expérimentation concrète.

Ce n’est pas la satisfaction de nos besoins qui peut freiner notre évolution, c’est la manière dont le mental peut interpréter cette satisfaction et ces besoins qui peut causer des problèmes.  Le rôle du mental, c’est de découvrir, progressivement, la différence entre un besoin réel et un besoin illusoire, entre un besoin légitime et un caprice, entre un besoin évolutif et une fantaisie involutive.  Seul ce manque de discernement, qui reste fonction de la compréhension et du degré d’évolution que chacun a atteints, peut entraver l’expression de la vie à travers soi.

Nous pouvons spontanément admettre que l’interprétation du mental est personnelle, comme l’est l’évolution, comme le sont les besoins évolutifs.  De ce fait, chacun, selon sa compréhension et sa conscience, doit conformer ses actes à sa propre interprétation, sans pour autant juger autrui à partir de lui-même.  Il faut vivre et laisser vivre en s’occupant au mieux de ses propres affaires et en laissant les autres faire de même pour eux-mêmes.  Nul ne doit adopter un mode de vie autre que celui que sa conscience connaissante peut appliquer, même s’il intuitionnait qu’il existe un mode de vie plus conforme à la vérité.  Voilà ce qu’on appelle se respecter et suivre son rythme évolutif.  Qui veut opter pour un autre mode de vie, conçu comme supérieur, doit avoir éveloppé la conviction intérieure, la certitude née de la compréhension, qu’il se conformera mieux, par lui, aux principes cosmiques et qu’il pourra, sans tension ni frustration, répondre à son nouvel engagement.

Déconstipons-nous! Chacun doit désormais agir et réagir d’après ses propres valeurs et ses propres besoins, conscient qu’ils ne constituent qu’un fondement temporaire pour se sécuriser.  Chacun doit aussi interdire à qui que ce soit, se prétendant plus évolué que lui, de lui suggérer un comportement qu’il ne peut encore admettre ou qui perturbe sa sérénité.  D’ailleurs, une personne vraiment éclairée se dispensera de donner de tels conseils.  Seule le ferait une personne porteuse d’un prétexte ou d’un intérêt peu avouables, donc une personne qui n’a pas atteint le degré d’avancement qu’elle affiche.

Prenez bien note de cet avis d’un Sage et retenez-le pour le soumettre aux imposteurs qui pourraient tenter de vous importuner ou de vous influencer: les appétits du corps ne concernent que le corps, d’où ils ne peuvent souiller l’âme, insouillable de nature, ni interompre sa marche évolutive.  Ainsi, il ne peut exister de code moral, comme il ne peut exister d’activités ou d’orientations sexuelles illicites ; de régime alimentaire mystique type; de voie métaphysique plus valable ou plus avancée qu’une autre parce que plus légitime ;  de bien ou de mal ;  d’âme-soeur ou d’esprit-frère incarnés ;  de statut social supérieur ;  de métier ou de profession inférieurs.  De même, un être peut aussi bien évoluer marié que célibataire, végétarien que carnivore, continent que sexuellement actif, riche que pauvre, malade que bien portant.

La peur de l’échec, de l’erreur, de l’inconnu, comme la culpabilité, les regrets et les remords sont des leurres et des freins évolutifs.  Ils révèlent une grande faiblesse d’esprit.  Il vaut mieux faire cinquante erreurs par jour que de ne rien faire.  Par l’échec, on apprend autant, souvent davantage, que par la réussite.  Mais, chose sûre, on apprend davantage qu’à ne rien tenter ou essayer.  Rappelons-nous que la Loi ne vise pas à punir, mais à faire comprendre, pour ramener à l’ordre.  De ce fait, il ne peut exiter de ciel, de purgatoire, de limbres ou d’enfer dans le Cosmos de Dieu.  Ce sont des réalités qu’on se crée soi-même en ce bas monde, nulle part ailleurs, par son ignorance.  Ce qui serait vraiment stupide, ce serait de répéter consciemment et délibérément ses erreurs.  L’attachement, qu’il soit dirigé vers le bien, les résultats évolutifs, la réussite à tout prix, par peur de commettre des mauvaises actions, constitue l’obstacle majeurs à l’évolution parce qu’il engendre une tension psychique et des blocages subtils.  Puisque l’être humain constitue une totalité ou une globalité, cette tension entrave le progrès à tous égards.

La seule solution valable, dans la vie, c’est de chercher à marier harmonieusement les polarités négative et positive, à les équilibrer, pour arriver à les transcender.  Nous opposons toujours à tort le positif au négatif: nous devons les concilier.

Qui fait l’ange fait la bête, dit le proverbe bien connu.  Si nous tentons de jouer plus vite que le violon, nous bloquons notre force intime et notre puissance intérieure.  Alors, notre mental, encore fragile, mal maîtrisé, réagit en éveillant le doute ou le remords.  Beaucoup auront avantage à s’en tenir à leurs anciens préceptes moraux, si retardataires qu’on les dise, plutôt que de suivre des principes qui, malgré qu’ils soient authentiques, ne sont ni compris ni assimilés aux niveaux supérieurs de leur être.  La seule mesure de l’agir, c’est la Loi de l’amour, sanctionnée par celle de la causalité.  Chacun doit déterminer ce qui est bon pour son corps à partir de la manière qu’il réagit; ce qui est bon pour son mental à la manière qu’il comprend;  ce qui est bon pour son âme selon l’harmonie qu’il en retire.

Quelques conseils généraux resteront à jamais valables pour tous: comme le recours au jeûne périodique, l’interdiction d’attenter à la vie et à l’évolution, l’interdiction d’imposer quelque chose à une autre personne, le péché contre l’Esprit, soit le doute sur l’existence de Dieu.  Mais tous les autres dogmes sont nés d’esprits obnubilés par le fanatisme ou l’ignorance, quelles que soient la sagesse et la spiritualité apparentes dont ils se soient parés.

On ne pourra jamais assez le répéter: chacun doit déterminer, pour lui-même, ce qui est le mieux, en accord avec la Loi du juste milieu, sans tenter d’imposer sa conception qui que ce soit.  «Un peu de tout sans abus», stipule la Loi de l’équilibre.  Ce principe s’applique également à la sexualité, qui a fait naître tant de tabous et a provoqué tant de drames.  Elle est, au même degré que les autres appétits, un besoin sain, parfaitement naturel, du corps et du psychisme.  Seuls le cycle naturel de ce besoin et l’objet auquel il s’attache varient, dans le particulier.

Qu’est-ce qui explique la variété des besoins sexuels? D’abord, la constitution physique personnelle.  Ensuite la notion qu’on s’en est formée à partir des permissions et des interdits qu’on nous a présentés et des gratifications et des frustrations qu’on en a ressenties.  Finalement, l’éducation qu’on nous a donnée sur le sujet.  En conséquence, la sexualité de l’un peut forcément être plus exigeante que celle de l’autre.  Et il n’y a là rien de répréhensible.

À notre époque, nombre de dangers ayant été écartés, l’être humain doit accepter qu’en assouvissant raisonnablement ses appétits physiques, loin de commettre une erreur, encore moins un péché, il développe sa conscience et il favorise en lui le bien-être, l’harmonie et l’équilibre, en se dégageant des tensions délétères et des curiosités malsaines.  Il évite ainsi de devenir ou de rester la proie de pensées torturantes et d’obsessions mentales, dans un repli morbide sur lui-même.  À trop se contraindre, il développerait des complexes, des névroses, des psychoses, plus ou moins graves, et il pourrait sombrer dans une introspectCOEUR-SUR-LA-MAINion négative constante, génératrice de regrets, de remords et de culpabilités inutiles.  Dans un tel cas, certains ont même développé des tendances suicidaires.

Quel intérêt pourrions-nous développer dans la vie, sans plaisir, sans contentement, sans satisfaction? Lorsque nous libérons régulièrement, mais judicieusement, notre temple physique de ses appétits charnels, qui lui sont naturels et inhérents, nous rétablissons en lui l’équilibre.  Oui, qu’on fasse circuler ce renseignement! Dès lors, nous pouvons diriger notre attention et nos pensées sur des objectifs plus constructifs et sur des buts plus nobles.

Non, l’erreur ne réside jamais dans la satisfaction de ses besoins physiques.  Elle ne peut se loger que dans l’interprétation d’un mental dominateur et chichiteur, bien peu intuitif.  Affirmer la légitimité de la satisfaction de nos besoins physiques naturels ne nous dispense pas d’éduquer progressivement notre mental, de l’entraîner à mieux percevoir les besoins licites du corps, pour conformer nos choix à la Loi du juste milieu et au sens de notre destinée ultime.  Jusqu’à ce jour, dans nombre de domaines, nous avons tous erré par excès ou par contrainte.  Mais, de grâce, si nous ne l’avons déjà fait, dégageons-nous des notions paralysantes de péché, d’erreur, d’échec, cessons de juger les autres et de leur imposer une mesure commune.  Apprenons plutôt à vivre et à laisser vivre!

Le véritable sens moral ne ressort pas des principes religieux, mais des élans amoureux et sereins du cœur, comme réponse à une inspiration profonde, quand il ne sont pas confondus avec l’émotivité et l’appel des tripes.

© 2014-15 Bertrand Duhaime (Douraganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur le site www.lavoie-voixdessages.com.  Merci de visiter également le réseau social : www.facebook.com/bertrand.duhaime.

 

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