LE MAL N’EST PAS DANS LE LUXE, MAIS DANS L’INTENTION DE L’USAGE DE CELUI QUI PEUT SE LE PERMETTRE…

Dieu n’est-il pas Source de luxe… et de toute beauté?

Le mot «luxe» est dérivé de l’adjectif latin «luxus», qui, à prime abord, signifie curieusement «pousser de travers», puis «pousser avec excès», pour devenir «excès» en général.  Le luxe se révèle par l’excès et l’anormalité.  On peut le dire excessif en cela qu’il comprend les meilleurs produits, qu’il vise l’excellence, la perfection, le superflu et qu’il recrute les meilleurs créateurs et les meilleurs artisans.  En plus, il impose ses propres règles.  En opposition à la grande distribution qui répond à une demande, le luxe émane d’un créateur qui construit son propre univers et flatte le goût par le truchement de la singularisation. Avant d’être un marché, le luxe est d’abord une culture liée à la réussite personnelle et sociale, un signe extérieur de prospérité.

Le luxe se signale par un mode de vie caractérisé par le goût des dépenses somptuaires, de la recherche des commodités coûteuses et superflues, les démarches agréables pour se procurer des biens rares, coûteux, raffinés, artistiques ou délicats afin d’assurer son bien-être ou de faire de l’ostentation.  En plus court, il implique des biens dont le prix est élevé et dont les quantités disponibles restent généralement peu importante, ce qui s’explique, puisque nulle industrie ne veut rester prise avec un inventaire qui risque de devenir ruineux.    Il s’exprime dans une vie ou le plaisir et l’insouciance importent.  Il remplit la vie d’un être vide de lluxeui-même.  Par définition, il vise à procurer des biens superflus ou hors de portée du commun, ce qui aide à se démarquer des autres ou permet de signaler une apparente supériorité, une grande richesse, un goût exquis.

La définition du luxe n’implique pas forcément la notion d’onéreux.  De là à dire cependant que le luxe peut être accessible à un bas prix, il n’y a qu’un pas qu’il faudrait éviter de franchir.  On peut croire que l’élégance, la beauté et le raffinement représentent des qualificatifs qui définissent bien ce qu’il doit être, bien qu’il s’agisse de concepts subjectif.  La qualité, quant à elle, en est l’un des seuls critères objectifs indissociables.  Il implique justement un bien de consommation durable dont la qualité ne se déprécie jamais, peut même gagner en valeur.   Ainsi, il ne s’arrête pas à la mode, il s’étend à l’infini sur l’ensemble des objets, biens ou matières, dès lors qu’il y a une notion de ressources rares ou de travail unique. Dans ce sens, une large part de l’artisanat en fait parti puisque celui-ci se spécialise dans la production d’œuvres rares ou uniques.  La mode, mais aussi les nouvelles technologies, la nourriture, les vins et spiritueux, les cosmétiques ou parfum, les voitures, les palais sont autant de domaines d’activités du luxe, qui, de nos jours, n’est pas plus une inclination féminine que masculine, il est universel.  Ainsi, par définition, il s’apparente à un art qu’une industrie gourmande se mêle de satisfaire, témoignant d’un savoir faire unique de qualité.

Le luxe n’est pas nécessaire à la vie, le confort suffit.  Le confort désigne le bien-être qui implique la possession des commodités qui rendent la vie quotidienne plus facile et agréable.  Il englobe tout ce qui contribue à satisfaire et combler les attentes de bien-être matériel.  Vivre dans le confort, c’est savoir se contenter de l’essentiel, tout en profitant des commodités de la vie.  Vivre dans le luxe, c’est chercher le superflu.

Quoique celui qui cherche le confort en vient rapidement à oublier de vivre, car il s’y endort.  Il maintient dans la zone de sécurité des habitudes et des routines.  Il porte à maintenir le statu quo qui s’oppose au changement et au renouveau.  Tout bouge, tout passe, et il faut suivre le mouvement.

Le confort reste fort souhaitable s’il se définit comme l’acquisition des commodités qui assurent le bien-être matériel.  Il est naturel qu’un être comble tous ses désirs licites, tous ses besoins légitimes, se procure tous les instruments d’expérimentation indispensables, même jusqu’au surcroît, pour avoir quelque chose à partager.  L’abondance de biens ne nuit pas si on n’y lie pas son destin.  Dieu n’est-il pas la Source de tous les Biens et Bienfaits et ne faut-il pas lui ressembler?

Ce qui serait préjudiciable, ce serait de tenter de se créer un paradis artificiel, oubliant sa mission cosmique, son devoir d’évoluer sur tous les plans, donc de s’entourer de possessions dans l’acquisivité, le désir d’affirmer son prestige, de se revaloriser par sa fortune, de chercher à en imposer aux autres par son pouvoir matériel ou d’y chercher un substitut feutré au sein maternel.vehicule-luxe

Or, l’alpiniste spirituel ne saurait s’encombrer, car il ne pourrait parvenir au pinacle où il désire ardemment se rendre.  J. E. Buteau a souligné l’incongruité des gens en disant: «Dans les sociétés anciennes, le nécessaire était le superflu; dans les sociétés modernes, le superflu est le nécessaire.»  Quant à Duclos, il nous a fourni une autre nuance: «Une méprise très commune, c’est de confondre le luxe avec le goût.»  Il a bien raison: il ne suffit pas d’entasser des objets de prix, faisant étalage de sa richesse, pour se créer un bel environnement, encore faut-il savoir les agencer entre eux.

La richesse et les artifices, cherchés pour eux-mêmes, rendent futile, capricieux, fantaisiste.  Le luxe peut rendre hautain, arrogant, condescendant, insensible à la détresse d’autrui.  En fait, elle peut en tenir à l’écart au point qu’un être en vient à en oublier l’existence.  Nul n’a besoin de plus que ce qui fait la nécessité.

Les ministres du culte, plutôt moralistes, disent que le luxe amollit un être et corrompt son âme.  Comme l’a dit Victor Hugo, ici paraphrasé, n’est-il pas étonnant que, chez les gens d’église, en dehors de la représentation et des cérémonies, le luxe devienne un tort.  Ils ont beau dire que c’est pour souligner la quintessence de l’Éternel, Jésus, leur modèle ne l’a pas mis en pratique, lui qui prônait la pauvreté évangélique.  Mais ils n’ont pas tort : l’opulence et le luxe lient à la Terre.

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