LE GÉNIE, UN PEU D’INSPIRATION ET BIEN DE LA TRANSPIRATION…

Dans la vie courante, le génie réfère à un être doté d’une inclination surprenante, d’un talent inné, d’aptitudes spontanées, de dispositions naturelles, généralement immenses ou exceptionnelles, dans l’ensemble des aspects de sa vie ou dans un domaine particulier, ce qui le place au-dessus de la commune mesure ou le rend capable de créations, d’inventions, d’initiatives ou d’entreprises qui paraissent extraordinaires ou surhumaines à ses semblables.  Pourtant, dans ce dernier contexte précis, tout génie admet lui-même que, à l’insu d’autrui, la performance qu’il accomplit résulte souvent de dix pour cent d’inspiration et de quatre-vingt-dix pour cent de transpiration.

genius-smart-girl genius-smart-kidSans tenter de banaliser ce qui est exceptionnel, mais plutôt d’humaniser la notion, il faut savoir qu’aucune réalisation humaine ne procède du miracle ou du prodige, au sens qu’elle dérogerait aux lois naturelles et impliquerait une intervention divine, en l’occurrence, l’octroi d’un don exceptionnel.  En outre, l’œuvre d’un génie est admirée comme un produit fini, ce qui fait oublier son probable difficile accouchement.  Elle voile l’effort humain qu’elle a exigé en termes d’essais et d’erreurs, de reprises patientes, dont elle est l’accomplissement.  Peu importe le domaine du savoir-faire, l’œuvre de génie s’impose dans l’évidence de sa perfection actuelle, ce qui fait oublier qu’elle résulte d’une patiente et difficile gestation.  Aussi l’être humain passe-t-il trop vite à l’idolâtrie ou la divinisation des génies et des maîtres.  Il en va de même dans une réussite scientifique ou technique.

Il faut aussi observer que les règles d’un métier ou d’un secteur de l’artisanat s’expliquent et s’enseignent, tandis que les œuvres artistiques restent auréolées de mystère du fait que, à part la technique de base, rien ne s’y enseigne.  L’artiste ne peut pas définir ses opérations qu’il met en œuvre pour incarner telle idée ou réussir tel effet parce qu’elles ne relèvent pas tellement de l’application mécanique de certaines règles que du fruit de l’imagination.  Autrement dit, l’artiste invente ses règles au fur et à mesure qu’il produit son œuvre.  Sa manière peut être discutée après coup, mais elle ne s’enseigne pas.  Ce n’est pas pour autant qu’elle leur tombe du ciel comme un rayon de grâce.  Les artistes, généralement assez vaniteux, peuvent avoir un intérêt à cultiver ce mythe, mais, comme tous les êtres humains, leurs œuvres procèdent d’une production sans cesse retouchée et améliorée.

En tout cas, Nietzche abonde en ce sens, quand il dit : «La croyance à de grands esprits supérieurs et féconds est associée, non pas nécessairement, mais encore très fréquemment à cette superstition, religieuse en tout ou en partie, que, ces esprits sont d’origine surhumaine et possèdent certaines facultés merveilleuses grâce auxquelles ils acquerraient leurs connaissances par de tout autres voies que le reste des hommes.  On leur attribue volontiers un regard plongeant directement dans l’essence du monde, comme par un trou du manteau de l’apparence et les croit capables, sans passer par la fatigue et la rigueur de la science, grâce à ce merveilleux regard divinatoire, de nous communiquer des vérités capitales et définitives sur l’homme et le monde.»  Et il ajoute ailleurs : «Nous sommes habitués, devant toute chose parfaite, à omettre la question de sa genèse et à jour de sa présence comme si elle avait surgi du sol d’un coup de baguette.»  On peut en conclure qu’un génie est d’abord différent par l’originalité exemplaire de son talent, pas par sa manière de travailler, qui suit celle du commun des mortels.

À ce propos, Emerson disait : «Dans chaque œuvre de génie, nous reconnaissons nos propres pensées rejetées;  elles nous reviennent avec une certaine nostalgie.»  Par manque de confiance en lui-même, l’individu rejette souvent ses propres pensées ou les retient simplement parce qu’elles proviennent de lui et ne lui semblent pas dignes d’être manifestées ou présentées aux autres, ce qui ne l’empêche pas d’envier les autres quand il les voit mettre en œuvre ces intuitions qu’il avait lui-même reçues.génie

On définit souvent le «génie» ou le «talent» comme un don naturel de l’esprit développé à un degré éminent.  Cette façon de comprendre le génie et le talent seraient bien partiale.  Le génie et le talent sont des expressions du mental supérieur, découlant de l’instinct créateur de Neptune, qui rendent l’homme semblable à Dieu.  Ils consistent surtout en cette faculté de choisir une voie à la fois nouvelle, inventive, indépendante des voies précédentes.  Ainsi, le génie et le talent ne sont pas innés, ce sont des aptitudes présentes en chacun, mais que certains ont mieux acquises et développées que d’autres.  De ce fait, il appartient à chacun de devenir talentueux ou génial, bien que ces qualités ne soient pas des critères importants en eux-mêmes.

Un Génie véritable habite en chaque être incarné, il lui suffit de le laisser s’exprimer à sa manière dans son ordre !  Le génie et le talent s’expriment à travers des êtres qui ont l’esprit clair et limpide parce qu’ils sont détendus et restent ouverts à l’évolution (au changement et au nouveau).  Ils apportent ainsi leur collaboration au progrès matériel, à l’accomplissement de l’être humain et à l’évolution de l’humanité.

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Dans la Tradition hindoue, on assure que le génie résulte d’une manifestation du «mana supérieur», une source de l’intuition qui illumine rarement l’être humain.  Ailleurs, elle désigne l’Esprit ou le Maître du Pouvoir créateur, parfois le Dieu intérieur.

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