Le discernement est la faculté de l’esprit qui constate que tout est unique et qui amène un être à vivre en conséquence.  Discerner implique une découverte, non un jugement.  C’est ce qui fait du discernement une perle précieuse dans la vie quotidienne.  Le discernement est la clé de voûte du bon sens ou sens commun.  C’est la qualité maîtresse de celui qui a les deux pieds sur terre.  Discerner est divin.

            Mais que veut dire «vivre en conséquence»?  L’Unité est un fait spirituel.  L’unicité des réalités est une évidence intellectuelle, scientifique.  Le moment présent en est l’illustration la plus simple, la plus tangible et, pourtant, la moins vécue.  C’est une réalité trop simple.  Cette vie quotidienne, ce moment présent, sont tiens, Homme-Dieu, pour aimer et pour vivre dans le discernement.

            Que dire du sacré règne matériel?  Y vivre sans discernement, c’est y vivre sans abondance.  Il existe un principe d’économie (l’Harmonie) qui régit la communion de l’être humain avec la matière.  Tout est besoin.  Tout ce dont on se set pour glorifier Dieu, on l’a;  on l’aura toujours.  Le luxe, ce que nous n’utilisons pas, l’envie de posséder, que cela pourrisse, qu’on le perde, qu’on se perde aussi si on refuse de comprendre, cela est bien, cela est juste, la Loi est ainsi.  Chaque chose à sa place et à son heure pour servir l’être humain et l’aider à servir son prochain.  C’est le discernement vécu dans l’univers matériel.

            Alors, qu’en est-il du règne humain?  Là, le discernement prend toute son ampleur.  Jésus nous a donné des leçons extraordinaires relatives au discernement : «Si ta main te scandalise, coupe-la et jette-la au feu.»  Il entendait par là de laisser aller ce qu’on ne veut pas : laisser sa peur mourir de peur;  son angoisse, d’angoisse; sa mesquinerie s’étouffer d’elle-même.  Laisser aller.  Si un homme doit se traiter de cette façon au nom du Royaume des Cieux, il doit se conduire de la même  manière dans la société.  Il est une part de la société.  Si un hypocrite recourt au harcèlement contre soi, on ne va pas dire : «Pauvre de lui, c’est un inconscient!»  Au contraire, il faut clamer : «Malheur à toi, hypocrite!»  Si les sangsues envahissent sa maison, il faut les chasser.  Sa maison est la Maison de Dieu.  Il n’y a pas de place pour les voleurs dans son Temple.

            Et si une brebis s’égare, qu’on conduise son troupeau en sécurité et qu’on aille ensuite chercher cette brebis.  Qu’on la guide vers le troupeau, si elle veut bien se laisser guider, si elle n’a pas pris goût à son égarement.  Sinon, qu’on retourne au troupeau et que, sans remords, on assume son rôle de pasteur.  Chacun est bon, Bon Pasteur.  Qu’il sache ce qu’il veut, qu’il choisisse le moyen pour le vivre, le manifester aux yeux des hommes et qu’il soit responsable, maître, non pas esclave.  Et s’il veut le Royaume des Cieux, il ne peut avoir d’amis ou de famille qu’en ce Royaume.  Cela est bien, cela est juste, c’est la Loi. 

            Le discernement, c’est ce qui amène un homme à éviter de vivre sa vie en vain. 

 

Janaka-anandâ  © 1980-2014 Yogi Inn, Vermont, USA.

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