LE BAIN LUSTRAL, UNE MÉTHODE DE NETTOYAGE ET DE PURIFICATION…

Avant même que les scientifiques ne le découvrent, l’humanité savait que l’eau était un élément essentiel de la vie et de notre planète. Le thème de l’eau est en effet souvent présent dans les religions et les mythes du monde à toutes les époques. L’eau apparaît à l’origine de la vie, mais aussi à certains moments de sa disparition, comme l’illustra le Déluge biblique.  Ainsi, la Genèse raconte : «Le souffle de  Dieu planait à la surface des eaux.»  Le mythe de la destruction du monde par l’eau existe dans de nombreuse culture, depuis celle des Tupi d’Amérique, jusqu’aux Aztèques, en passant par les peuples des deux fleuves du Moyen Orient.  La légende de l’Atlantide raconte que ce continent fut englouti par les eaux avec une large part de son peuple. Les naissances de grandes figures sont aussi souvent associées à cet élément.  Moïse ne fut-il pas fût abandonné au fil du courant du Nil dans un panier pour être recueilli et élevé par la fille du pharaon. Hercule ne régénérait-il pas ses forces en se baignant dans les sources sulfureuses de Vulcain. D’après les Tibétains, «cent huit sources, froides ou chaudes, existent source-degringoleaux alentours de Chörten Nyima». Il s’en faut que toutes soient visibles, car un grand nombre d’entre elles ne peuvent être aperçues que par ceux dont l’esprit est particulièrement pur.

Par l’importance de son rôle intrinsèque, qui est d’étancher la soif et de purifier, et par la prise de conscience qu’ils en ont rapidement eue, les êtres humains ont élevé l’eau à un rang qui va au-delà de son rôle fonctionnel.  Évidemment, nous parlons ici de l’eau pure, d’une eau qui purifie, qui régénère, qui donne vie, d’une eau magique et vivante.  Dans son livre L’eau et les rêves, Gaston Bachelard dit : «L’imagination matérielle trouve dans l’eau la matière pure par excellence, la matière naturellement pure. Elle est donc une tentation constante pour le symbolisme facile de la pureté.»  Dans la «Thora» ou «Ancien Testament», de nombreux textes célèbrent l’eau, symbole de pureté.  Avec le  Nouveau Testament, l’eau devient véritablement un symbole de vie spirituelle. Ainsi, le Christianisme reprend dans un premier temps le bain lustral – bain de purification – ordonné par Moïse où matière et esprit se confondent pour la première fois.  Il s’agit du «mikveh» juif que la Thora prescrit encore aujourd’hui. Quant à Jean le Baptiste, cousin de Jésus, ne donna-t-il pas le baptême aux premiers Chrétiens dans le Jourdain.

D’après Tertullien, apologiste chrétien du IIe siècle, l’eau possède par elle-même une vertu purificatrice.  Considérée comme sacrée, elle efface toute souillure et fait accéder à un nouvel état.  Le bain c’est une histoire qui s’écrit «la plume trempée dans l’encrier des océans, des fleuves et des sources» ou une histoire de «sensualisme primitif» entre l’eau et le corps a encore dit Gaston Bachelard (Idem). De ce fait, plonger dans l’eau, c’est retourner aux sources de la vie. Depuis la psychanalyse,  c’est même retourner à la vie utérine. C’est flotter dans un sentiment de sécurité, tout en acceptant un moment de régression passagère, presque de vulnérabilité, pour atteindre une phase de délassement et de régénération. Quant au fait de sortir du bain, il donne un effet d’allégresse et le sentiment diffus d’être devenu presque quelqu’un d’autre.  Ce plongeon dans l’onde fraîche, que Gaston Bachelard l’appelle le «rêve de rénovation», il reçoit la même fonction que la fontaine de Jouvence, dont l’eau fabuleuse avait la faculté de rajeunir les êtres.

Remontant à très loin, le plaisir du bain s’est toujours partagé entre bain privé et bain public d’une part, entre bain d’immersion et bain de vapeur, d’autre part. Selon les époques et les civilisations, l’un prit l’ascendant sur l’autre, révélant ainsi, à un moment donné, la nature des relations de l’eau avec le corps et des soins qu’on lui accorde.

Une petite histoire du bain

Au VIᵉ siècle avant JC, en Grèce, la pratique du bain accompagnait l’entraînement physique.  Bien avant la venue de Jésus, Hippocrate avait développé une réflexion et il avait fait des recommandations relatives à l’eau, au bain et aux sources thermales.  Pour les Grecs, lors d’un bain, il s’agissait non seulement de se détendre après l’effort musculaire, mais aussi de maintenir le corps en harmonie avec la tête.  On retrouve leurs premières installations en plein air, à l’ombre des oliviers, près des aires de gymnastique et des centres d’enseignement philosophique.  Elles sont formées de vasques circulaires et évasées posées sur un pied à la hauteur des hanches.  Il s’agissait d’une espèce de grand lavabo desquels les femmes s’aspergeaient tandis que les hommes libéraient leur corps du sable et de la transpiration après les exercices physiques.

Plus tard, avec l’apparition des véritables gymnases, ils intégrèrent les bains aux bâtiments sportifs.  Une piscine circulaire pourvue de gradins à débordements permettait de se reposer assis dans l’eau, avant les discussions philosophiques. Froids, ces bains tendaient à aguerrir et à tremper le caractère puisque les bains chauds avaient la mauvaise réputatiimageson d’efféminer et d’amollir le corps.  Le grand médecin Hippocrate était d’un autre avis, lui qui les prescrivait, estimant qu’ils pouvaient améliorer la santé en déclenchant des effets contraires aux désordres des maladies.  Par exemple celles de la tête par exemple, puisque la chaleur de l’eau soulage les migraines et la vapeur chaude les maux d’oreilles.  Il préconisait encore le bain chaud dans les cas de fièvres, d’embonpoint léger, de lourdeurs cervicales, de crampes, de foulures, d’enrouement, de constipation ou de tétanos.  Mais il recommandait de soigner la péripneumonie par des bains de vapeurs complets ou partiels. En agissant sur les muscles la température pouvait les relâcher ou, au contraire, les fortifier. La fréquence des immersions pouvait varier mais, quel que fût leur nombre –-deux ou trois par jour -– elles devaient être pratiquées dans le calme.

À vrai dire, c’est au IVᵉ siècle avant notre ère que, en Grèce, naquit le véritable art du bain, alors que les installations se développèrent et se généralisèrent.  Puisque l’usage du sable et des huiles avait fini par justifier les bains d’eau chaude, ne restant que les intellectuels pour les fustiger, on monta les premiers bains de vapeur.  En effet, les stoïciens, notamment Aristophane, critiquent ces mœurs nouvelles, devant regretter les rudes bains froids. Les bains, qu’on fréquente une fois par jour, deviennent des lieux de rencontre, mais on s’y adonne davantage pour des raisons d’hygiène après le sport que dans une fin de loisir.

Des bains grecs, les romains vont surtout garder la chaleur et la convivialité, sous les coupoles toujours plus hautes et plus luxueuses. On peut croire que les thermes ont participé à conférer à Rome son titre de Ville éternelle, puisque, de tous les vestiges encore visibles, ils comptent parmi les plus impressionnants témoignages de la sophistication inouïe à laquelle ils ont élevé l’art du bain. Jamais après Rome, les bains n’engendreront un tel déploiement de luxe et de moyens. Dans ces établissements, les Romains ne vont s’exercer physiquement pour répondre aux exigences des canons de la beauté, comme c’était le cas en Grèce, mais plutôt pour s’assurer la santé, la propreté et du plaisir.  Chez eux, c’est donc d’abord l’espace du bain proprement dit qui tient désormais la première place, d’où ils sont dénués des installations sportives.  On y limite les exercices physiques à un simple échauffement du corps pour mieux apprécier l’effet de la chaleur et activer la sudation.  Toutefois, au cours des siècles, ces exercices seront peu à peu remplacés par un passage dans une salle tiède.

Les thermes connaîtront leur déclin vers la fin de l’Antiquité, avec l’apparition de la religion chrétienne, en raison des excès qui ont amené à leur reprocher la légèreté des mœurs, exprimée par la nudité et la mixité.  L’Église naissante condamnera farouchement le péché de la sensualité et du matérialisme.  En dépit des nombreuses traditions s’accordant à valoriser le bain, une certaine pudibonderie chrétienne en a renversé le symbole, condamnant l’usage du bain comme contraire à la pureté des mœurs.  Il convient ici de distinguer les bains chauds des bains froids : la chrétienté primitive considéra les premiers sont considérés comme une recherche de sensualité, dont il convenait de s’écarter, tandis que les seconds pouvaient, dans certaines conditions, servir de moyen de mortification.  Ainsi, on les délaissera progressivement, mais inexorablement, d’où, par manque d’entretien, ils cesseront de fonctionner.

Les Occidentaux ne redécouvriront les avantages des bains qu’au XIe siècle, lors des premières croisades.  Ces excursions en pays étrangers amènent les croisés émerveillés dans les raffinements des bains orientaux qui, à Byzance, ont survécu à l’Empire romain. Mêlés aux influences des bains russes, il s’offrira aux Occidentaux une autre occasion de renouer avec les bains et d’améliorer l’hygiène.  On peut tirer un exemple d’une œuvre littéraire de 1405, le manuscrit Bellifortis de Konrad Kyeser, qui décrit une installation de bains publics d’eau chaude et de vapeur.  Un four en brique chauffe le réservoir d’eau, produisant une vapeur qui gagne les bains par une sorte de tuyau d’alambic.  Du XVIᵉ au le XVIIIᵉ siècle, on compte deux siècles sans bains. On n’en dit pas moins en France que Louis XIV ne s’est baigné que deux fois dans sa vie.  N’empêche que la montée du rapprochement avec la nature et le goût l’exercice physique vont lentement préparer un nouveau retour du bain dans les mœurs, s’appuyant sur les théories des philosophes du siècle des Lumières et des médecins mieux formés.  Cette habitude se confirma surtout après la découverte de Lavoisier qui mit en évidence la notion d’échange respiratoire épidermique en 1777.

C’est ainsi que, au tournant du XXᵉ siècle, les arguments pour promouvoir les bains publics gravitèrent autour de l’hygiène et la bonne forme.  L’habitude de se laver se développa sous la forme très populaire du bain-douche.  Les hygiénistes lancèrent une bataille pour la propreté dans tous les pays occidentaux. Toutefois, à mesure que s’accrurent les possibilités de prendre un bain privé, avec l’aménagement et la généralisation des salles de bain modernes et privées, les bains publics attirèrent de moins en moins de gens. Avec l’arrivée du XXIe siècle, presque la totalité des bains-douches ont été détruits ou recyclés en salles publiques ou en musées.

Si on jette un coup d’œil vers les pays arabes, on peut constater qu’ils aiment pratiquer le bain turc qui consiste à prendre deux bains, dont le deuxième est très chaud, pour activer la sudation avant de frictionner, de rincer à l’eau fraîche et de frictionner de nouveau.  Mais, dans les pays des croyants musulmans, on respecte également directives du bain lustral, clairement codifié dans le Coran, mené notamment le vendredi codifié dans le Coran.  Un sage de cette religion a ainsi résumé ce rite traditionnel, qu’il appelle la «Purification majeure» ainsi : «Ses Actes Traditionnels sont au nombre de quatre : se laver les mains au commencement comme dans l’Ablution, imite donc cela!  Se rincer la bouche, de même que renifler l’eau et nettoyer par humectage la cavité de l’oreille.  De l’avis des Sommités celui qui veut savoir l’ordre à suivre dans la Purification Majeure, je l’ai versifié exactement comme il est rapporté.  Celui qui s’acquitte du bain lustral de la souillure majeure, dans les meilleures dispositions de son rituel, lave alors ses mains, trois fois de suite, jusqu’aux poignets et purifie les parties de son corps entachées de souillure.  Puis il se rince la bouche, renifle l’eau, jusqu’à la fin de l’action (l’Ablution), sans discordance en raison d’un seul lavage par membre, en frictionnant à leur racine les cheveux de sa tête, selon ce qui est dit, en commençant de la nuque vers le front, afin d’éloigner le mal, et en lavant avec trois aspersions d’eau renouvelées, sa tête, après la friction des cheveux.  Ensuite prendre de l’eau dans sa paume droite, incliner la tête et laver son oreille droite, de même que celle de gauche et se laver la nuque.  Après cela, laver le flanc droit de son corps jusqu’au genou et faire de même pour son flanc gauche, avec de l’eau purifiante, en quantité suffisante, et laver la jambe droite jusqu’à la cheville, faire de même pour la jambe gauche et terminer par le ventre et par la poitrine, après avoir lavé au préalable le dos.»

Dans l’Inde ancienne le bain, le souci particulier des Brahmanes, possédait un caractère sacré qu’il a conservé traditionnellement de nos jours. En général, il se passe dans un fleuve consacré, le Gange s’y prêtant particulièrement bien puisqu’on le dit né des cheveux de Shiva.  Tous connaissent la célébrité du bain des pèlerins qui affluent dans la ville sainte de Bénarès.  En raison des conditions économiques et climatiques, les citoyens de l’Inde n’en continuent pas moins de recevoir la réputation d’êtres malpropres et malodorants.

De temps immémoriaux, au Japon, comme en Corée, en Thaïlande, au Viêt-Nam et dans d’autres pays de la région, le bain, surtout sous sa forme publique, a été élevé au rang de religion, car on y considère l’eau comme un élément magique et privilégié de la vie quotidienne.  Cela se comprend du fait que ce pays est une île qui recèle pas moins de vingt mille sources.  Depuis de nombreux siècles les Japonais s’adonnent à trois types de bains, le «sento» (bain public), le «furo» (bain privé) et la plongée dans les «onsen» (sources volcaniques). Ce n’est sûrement pas par hasard qu’un proverbe japonais dit : «Les amis du bain sont les meilleurs amis.»  Aujourd’hui, même si la plupart des japonais possèdent un bain chez eux, certains ressentent qu’il manque l’essentiel, la compagnie des autres, d’où ils retournent de temps à autre au bain public, pour eux une manière d’entretenir le sens de la communauté, d’en renforcer les liens, de se faire de nouvelles rencontres et, surtout, d’amener différentes classes sociales à se mélanger, sans autre distinction que la nudité, et de procéder à des échanges de point de vue simples ou d’échanger les potins du quartier.  La seule évocation d’un bain met un Japonais sous influence, ce qui se remarque à ses paroles, mais encore plus à son sourire, à ses silences et au jeu de son regard.  Pour bien comprendre, il faut dire que, les Japonais n’accordent pas au bain un sens purement hygiénique, ils l’abordent dans l’esprit même de la propreté.  Et puis surtout, aux dires des Japonais, ce qui couronne l’art du bain, c’est l’extase offerte par la contemplation d’un jardin, évocation de la nature sauvage, agencé avec le plus grand soin, qu’ils peuvent apercevoir depuis leur baignoire.

En Chine, où les conditions climatiques sont plus rigoureuses que dans la plupart des autres pays d’Extrême Orient, le bain fut diversement apprécié selon qu’on vivait dans le sud et l’est ou le nord et l’ouest.  On sait que, dans les régions plus au nord, la plupart des gens pouvaient passer tout un hiver sans prendre un bain.  Dans les deux régions du Szechwan et du Tibet, on avait une sainte horreur de l’eau, d’où on se contentait de se laver le visage au moyen d’une guenille pendant les temps chauds.  Les habitants de ces régions invitaient les parasites et les bactéries à trouver sur eux domicile, car ils ne prenaient pas plus de deux bains au cours de leur vie.  À l’inverse, dans la région de Hangchow, des habitants très fiers savaient s’occuper de leur corps et nettoyer leurs villes.  À la décharge de ces gens, il faut dire que, jusqu’à une période très récente, ils ne connaissaient pas les pains de savon et qu’ils devaient recourir à des boulettes obtenues des fèves d’une plante de la famille des sapindacées.

Mais, à la cour des Empereurs chinois, la cérémonie du bain revêtait une grande importance.  Si bien que des officiers particuliers devaient s’occuper de sa baignoire pour la garder propre et lui préparer un bain juste assez chaud et parfumé.  Du reste, les officiers des classes supérieures recevaient un congé tous les dix jours précisément pour prendre un bon bain dans l’intimité de leur foyer.  N’empêche que les Taoïstes ont plutôt méprisé le bain et s’opposaient à des bains trop fréquents, comme à des méthodes qui pouvaient provoquer des problèmes de santé : bain dans les courants d’air, bains trop chauds ou trop froids.  Mais, il était recommandé aux prêtres de plonger dans les «Eaux du Nuage noir» avant de s’adonner à leurs rituels importants.  Cette expression traditionnelle évoque une eau teintée, ensuite clarifiée, résultant du bouillage de 4 onces de bois vert, de sept onces de bois de santal et de deux onces de ginseng dans environ trente litres d’eau.

À ce propos, même les Amérindiens s’adonnaient à des rituels de purification par l’eau, du sud au nord de l’Amérique, se baignant dans les ruisseaux et les rivières ou même dans les torrents des glaciers.

Le rituel du bain lustral?

 

Tout rituel, comme toute cérémonie liturgique, comporte une phase de purification.  Qu’il s’agisse d’une purification intérieure et mentale, comme on le fait aujourd’hui, ou d’une purification extériorisée par une pratique physique, comme c’était le cas dans le passé plus ou moins proche, cela n’en change guère la véritable signification.  Sauf, peut-être, à ceci près que, n’effectuant plus le geste, certaines réalités symboliques, donc sous-tendues par le rituel, en viennent à disparaître. Il ne faut pas oublier qu’un rituel correctement vécu représente la mise en œuvre d’un symbole subtil et d’une Tradition spirituelle. On retrouve la purification par les éléments fait partie de toutes les traditions spirituelles et initiatiques. Dans l’exotérisme religieux, seule la purification par l’eau est demeurée, souvent d’une façon très diminuée, plus affaiblie encore de nos jours au sein de le monde chrétien que dans l’Islam.

La Bible, dans ses deux Testaments, mentionne à de fréquentes reprises la nécessité d’une telle purification.  Elle en fait une obligation dans de nombreuses circonstances.  Il faut se garder d’y voir, comme l’ont hélas fait des exégètes matérialistes, une simple règle d’hygiène.  On ne contribuerait qu’à dénaturer complètement le caractère sacralisé de la purification rituelle.  Le bain rituel devient un acte de purification et de régénération, un acte de la renaissance à un être nouveau.  Dans ce rituel, rien ne change dans le corps, si ce n’est que l’individu sort plus propre.  Mais au niveau spirgain lustralituel, il devient pur dans son être profond celui qui désire sincèrement purifier son âme de ses impuretés spirituelles en décidant, dans son cœur, de s’en détourner en immergeant son âme dans les eaux de la connaissance.

L’hygiène moderne recommande la pratique régulière du bain.  Outre sa fonction de propreté, le bain peut être une excellente thérapeutique, particulièrement indiqué, selon sa température, pour son action excitante ou sédative sur la circulation, sur les centres nerveux et sur les échanges organiques qu’il active ou ralentit.  Au bain, l’observation des réactions de l’organisme a donné lieu à une véritable médecine de l’eau, l’hydrothérapie, ce qui a fait la faveur du thermalisme et de la thalassothérapie.   Mais la notion de propreté du corps n’est pas la seule qui soit liée au bain.  Les ablutions et les rites de purification par l’immersion dans l’eau ou la friction d’eau existent dans toutes les civilisations.  Dans le chapitre XVII du Lévitique, l’Éternel donne à Moïse et Aaron des consignes d’hygiène extrêmement précises.  Et dans le Coran, Mohammed fait de même.  Dans nombre de fraternités religieuses ou spirituelles, il existe surtout le bain lustral, un bain rituel mené en vue d’une purification symbolique.  On peut inclure dans ce type de rituel le promenade en pleine nature ou la plongée dans un cours d’eau, pieds nus, revêtu d’une tunique blanche ou entièrement nu, au moment où tombe la rosée du soir, sous les rayons de la pleine lune.

Ainsi, parmi les diverses acceptions du bain, le bain lustral désigne un rite symbolique de purification et d’illumination par l’eau consacrée, mené avant une cérémonie, un rite capable de libérer l’âme et l’esprit des effluves négatifs et rehausser le taux vibratoire personnel.  Il représente un moment d’oubli des contingences extérieures pour retourner au moment où il n’existait ni mental, ni corps, ni âme, une époque où la vie n’avait pas encore envahi la Terre, d’où le souci ne pouvait être imaginé.

Habituellement, le véritable bain lustral doit se prendre directement dans la mer.  Sinon, il faut ajouter à une eau très pure au moins du sel marin (environ la quantité que peut contenir la paume de la main) dans une intention de consécration et de bénédiction.  Dans ce contexte, l’eau représente le symbole de la Mère divine tandis que le sel marin rappelle le Père cosmique.  Ainsi, l’introduction de sel dans l’eau évoque l’introduction du sperme divin dans le sein de la Mère Nature ou la fusion du Ciel et de la Terre.  À la sortie du bain, chaque pas représente la sortie de l’océan des premières créatures et leur introduction progressive sur le sol dans le monde de l’air.  Ainsi, le chercheur affirme qu’il passera la prochaine journée à célébrer la vie en évolution qui l’habite et l’entoure.

Il convient de prendre un bain lustral chaque fois qu’on se sent chargé de vibrations négatives;  qu’on a gravité dans un milieu parasité;  qu’on se sent lourd ou abattu;  qu’on manque de vitalité, de motivation ou d’aspiration;  ou qu’on se prépare à une initiation ou à un exercice spirituel important.  En passant, c’est une excellente manière de commencer chacune de ses journées.

Au moment d’entrer dans le bain ou de passer sous la douche, il convient de convoquer les devas et les anges de l’eau, leur demandant de purifier complètement son être et son aura (son champ magnétique).  En outre, en prononçant à quelques reprises, dans un son prolongé, la voyelle «E», on magnétise et active l’eau qui entre en contact avec son corps.  Ensuite, avant de sortir du bain, il convient de sentir que l’eau tire de son être et de son univers personnel tout souci et tout aspect négatif.  Pour cette raison, il convient de ne pas quitter la baignoire tant que l’eau du bain ne s’est pas complètement évanouie dans le tuyau d’évacuation entraînant avec elle tout ce que vous jugez indésirable dans votre être et votre vie.

À défaut de pouvoir prendre un bain, passez sous la douche et frictionnez votre corps avec un sachet ou une gerbe d’herbes consacrées.  Vous pourriez préparer à l’avance une quantité d’eau lustrale en faisant bouillir tous les ingrédients de votre choix (infusion de sel, de plantes ou d’huile essentielle)

Par exemple, la plupart du temps, on recourt, à une fin d’initiation, au romarin et aux copeaux de bois de santal;  ou, pour éveiller l’intuition, à deux parties de pétales de rose pour une de feuilles de millefeuille;  ou, plus puissant, mais plus irritant, à trois parties de damiane (ou «turnera aphrodisiaca»), deux de thym, deux de millefeuille pour une de rose, de muscade et une de cannelle.  Pourtant, le mélange le plus authentique –appelé le bain lustral du Sabbat—comprend trois parties de romarin pour deux de galangal (galanga alpin ou gingembre bleu de Java), une partie de gingembre commun et une de cannelle.  Pour se défaire d’une mauvaise habitude, on préférera un mélange de plante formé de trois parties de jonc odorant (lemon-grass), de deux parties d’artémise américaine («artemisia tridentata», qu’on peut remplacer par la sauge commune), deux parties de romarin et une de lavande.

On peut également considérer que, pour mieux rayonner l’amour et répandre sa contagion, on peut choisir un mélange de trois parties de livèche, de deux parties de rose, d’une partie de racine d’iris et d’une de graines d’aneth.  Pour ceux qui travaillent dans le milieu de la santé, qui désirent rayonner une vitalité contagieuse, ils peuvent retenir un mélange de trois parties de romarin, de deux de menthe poivrée, d’une partie de rose et d’une partie de lavande.  Pour accroître sa sensualité et éveiller celle des autres, on peut se procurer un mélange de deux parties de jasmin pour une part de rose et deux parts de fèves de vanille.   Dans tous les cas, après infusion, il faut filtrer l’eau et la laisser refroidir pour usage ultérieur.

© 2009-16, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

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Une réponse

  1. Abad Jo.

    Merci !!! J’en rêve …… “une baignoire” au soleil en pleine nature………. un bain de vapeur ….. un peu d’eau versée sur des galets chauffés au feu de bois ……. un ” bain de pleine lune”…… ou un simple rituel…. à la source… on est bien loin des moeurs contemporaines où le must c’est de posséder une piscine privée……….. pour y boire son cocktail ……. impliquant le gaspillage de ” l eau de vie ” ressource précieuse ! ….. je vous souhaite une belle journée Jo.

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