L’INCOHÉRENCE HUMAINE DANS LA PRÉSENTATION

(Rions un peu)

L’incohérence humaine provient souvent d’un conflit entre les pulsions inférieures, la tête et le cœur, qui ne parviennent pas à s’entendre, à faire l’unanimité.  Lorsque l’une ou l’autre de ces instances faillissent à leur tâche, un être s’expose d’emblée à un déséquilibre et à un désordre, résultant en une perte d’harmonie.

Il faut préciser que mon présent propos s’inspire d’une publicité que je viens de voir défiler à la droite de mon babillard «Facebook» dans laquelle, pour publiciser une agence de rencontre, dont le slogan est «Meet Mature Women», on présentait, pour capter l’attention, une dame d’un âge intermédiaire à poitrine plantureuse surgissant d’un profond décolleté, évidemment bien rajeunie par le maquillage, offrant une bouche pulpeuse bien mise en évidence par un rouge à lèvres écarlate.

Bien que je sois loin d’être atteint de machisme et de pudibonderie, chaque fois que je vois une femme ainsi présentée dans une annonce ou un message, pour servir d’appât aux hommes, j’ai toujours l’impression que, pour une raison ou pour une autre — qui peut-être aussi bien l’inconscience, la perte du sens des valeurs que le besoin financier – elle n’a pas compris qu’elle s’offre comme un objet de convoitise, ce qui l’empêcher de rester un sujet digne, parce qu’elle s’attire spontanément, de la part de certains êtres, surtout mus par des pulsions plutôt primitives, un traitement peu équitable et égalitaire.  N’y a-t-il pas là une incohérence entre le message et son intention quand la personne qui s’inscrit à cette agence le fait pour trouver la perle rare avec laquelle elle souhaite partager une bonne part ou le reste de sa vie et être traitée de manière égalitaire?

Pour parler clairement et expfemme-poupéerimer toute la vulgarité de la technique publicitaire, on présente une «femme coquette» ou «facile», une «plote» qui joue à l’«agace-pissette» (pour les Français d’ailleurs, une «touffe» ou une «chatte» qui «fait monter la bitte») ou, tout au moins, une femme-objet,  plus près de ses pulsions que dotée en intelligence, en culture ou en moralité.   Présentement, on trouve une telle escalade de cette exploitation de la femme, qui implique jusqu’à des adolescentes, dans les clips des rappeurs et autres chanteurs et musiciens et dans les magazines populaires, que certains commencent à protester publiquement, en manifestant leur dégoût et leur désapprobation.

En passant, il est probable que les concepteurs de ces messages, qui finissent par devenirs banals, donc plus insidieusement abrutissants, laissant entendre qu’il est désormais convenu qu’on puisse s’abandonner à ses pulsions primitives, ne soient pas des publicitaires féminins qui, pour leur part, depuis quelques années, entretiennent plutôt la guerre des sexes, dans un semblant de revanche de leur genre, en assignant le meilleur rôle à une femme et en dénigrant les attributs du mâle, qu’elles présentent  souvent comme une brute instinctive, un idiot, un impuissant ou un imbécile.  Mais il doit y avoir de l’intervention féminine quelque part dans la publicité puisque, comme en revanche, l’homme des publicités est de plus en plus souvent représenté comme un homme-objet, beau, souvent très musclé, mais mièvre et inconséquent, esclave de la femme et de ses vils penchants de mâle.

Sans être prude ni moralisateur, on ne se cachera pas que, bien que de bonnes personnes fréquentent tous les milieux, ce n’est pas dans les bars, les clubs et les dancings qu’un être désireux de former un couple solide et durable va le plus sûrement trouver le partenaire idéal.  Il gagnerait peut-être à plutôt se tenir dans les épiceries, les centres de bienfaisance, les milieux naturels et quoi encore.

Je sais de quoi je parle puisqu’une parente a toujours cherché ses partenaires dans ce genre de milieux louches, ce qui lui a toujours les pires misères, ce qui la contraignait à faire appel aux forces policières et aux tribunaux pour se libérer de loques humaines, un rôle cosmique comme un autre pour faire comprendre certaines aberrations découlant de l’écartement du Juste Milieu.  D’autre part, pour l’autre hypothèse de sorties, je sais fort bien la réaction que je suscite moi-même auprès de ces dames (et parfois de certains messieurs), lorsque, bien vêtu, je fais mon épicerie la fin de semaine ou le lundi, m’attirant des œillades complices.

Ce qui est désolant dans certains extrêmes d’inconscience de l’ère qui s’achève dans un chaos croissant, c’est que, sans réduire la responsabilité de tout être humain, qui devrait faire preuve de maturité et de maîtrise personnelle, certaines personnes semblent méconnaître le message subtil qu’elles lancent, s’étonnant ensuite que, bien capté, il leur attire un résultat qui leur cause des embarras ou des ennuis.  C’est le cas de la jeune adolescente qui, encouragée par les magazines de mode ou de vedettes, s’habille presque comme une prostituée ou, du moins, comme un objet tout disposé à l’usage ou, pour être plus clair, comme un fruit prêt à la cueillette et à la consommation, alors que, par son manque d’expérience, telle n’est absolument pas son intention.  Après, on se plaint que des esprits fragiles ou des déboussolés, même chez les adultes immatures, pris dans le jeu, commettent des crimes.

Mais cela concerne aussi des adultes qui, en raison d’un usage culturel prolongé, dont le sens s’est dilué, lancent des messages subtils qu’ils auraient du mal à croire.  Pourtant, pour donner un exemple, quel est le sens des produits de beauté ou de maquillage, si ce n’est d’avertir un sujet du sexe opposé (ou, de nos jours, du même sexe) qu’il entre dans un jeu de séduction qui implique qu’il va apparemment trouver chez quelqu’un une valeur ajoutée, mais mensongère, ce dont il devrait immédiatement tenir compte pour s’éviter des désillusions et des frustrations ultérieures.

Il va sans dire que, quand un être tente toujours de se présenter sous son meilleur jour, il a de la difficulté, par la suite, à rehausser la barre de ses prétentions, d’où il ne peut, tôt ou tard, que dégringoler dans l’estime d’autrui… et, par ricochet, perdre un peu de son panache et de confiance en lui.  Il vaudrait peut-être mieux se présenter tel que l’on est, sans rehaussement des apparences, en laissant l’autre libre de prendre ou de laisser, car, dès lors, la moindre amélioration ultérieure pourrait étonner et apporter plus de considération.

Pour ma part, ce qui m’amuse le plus, pour avoir étudié les symboles de tous genres depuis des décennies, c’est l’usage persistant que les femmes font du rouge à lèvres, sans se rendre compte à quel point, par sa signification originelle, qui s’est imprégnée dans le psychisme humain, elle se met, pour dire le moins, parfois hors contexte.  Parce que, de nos jours, il n’y a pas beaucoup de femmes qui sortiraient sans se peindre les lèvres, ne serait-ce que pour aller faire leurs courses.  Mais connaissent-elles l’origine et le sens de cette habitude.

Dans les sociétés primitives, le fait de se mettre du fard sur les joues permettait de faire croire à une personne remplie de vitalité, rayonnante de santé, ce qui n’était pas toujours le cas, mais qu’on voulait cacher.  En même temps,  ce stratagème, relié au réflexe physiologique d’une jeune fille timide et pudique, laissait entendre qu’on avait affaire à une femme loyale et fidèle.

En revanche, dans la culture du mystère féminin, l’habitude de la femme de se couvrir les lèvres de rouge, en lien avec chacun des quatre replis cutanés d’un organe caché, la vulve, exprimait l’excitation sexuelle d’une femme prête à se soumettre aux désirs d’un homme placé dans son impossibilité d’obtenir, par les convenances, du fait du port d’un pagne ou d’un autre vêtement, la révélation claire d’un organe du corps en feu.

On peut se demander si, connaissant le sens de cette habitude très ancienne, issue d’une culture primitive, les femmes peuvent mieux comprendre la réaction inconsciente des hommes à leur signal et, pourquoi pas, celles, parfois négatives ou hostiles, des femmes réservées ou fidèles qui abhorrent le fait que d’autres femmes recourent à des rouges trop criards, parce que, instinctivement, elles croient se retrouver, tout aussi inconsciemment, dans un contexte de concurrence, soit, pour la célibataire, de rivalité dans ses démarches de séduction ou, pour la femme en ménage, de menace à l’intégrité de son couple.

Par ce que je sais, pour ma part, si j’étais une femme – et j’ai dû en être une dans une incarnation ou une autre, même plusieurs, mais n’en suis pas une présentement, malgré ma sensibilité – je choisirais mes moments de porter maquillage et rouge à lèvres, surtout un rouge à lèvres très brillant et criard.  En tout cas, personnellement, ces jeux de séduction n’ont pas trop prise sur moi (ce dont certaines se réjouiront certainement), même que, en général, à tort ou à raison, je ne tiens pas à inclure dans mon cercle de relations des femmes aussi démonstratives.

N’ayez crainte, mesdames, dans mon souci d’équité et dans mon estime de votre genre, les hommes finiront bien par manger leur claque à leur tour.  Du reste, je prépare déjà un petit article à l’intention du mâle patriarcal et dominateur du vieux monde pour contribuer à l’avènement, selon son choix, de sa déchéance ou de sa disparition.

Car lorsque, dans certains, on impose à des femmes de se voiler, à coups de principes religieux et moraux, parce que les hommes de leur clan ne savent pas maîtriser leurs pulsions, il y a quelque part projection et injustice, cette fois, de la part des mâles.  C’est imposer à la femme, qu’on juge maléfique et que, en conséquence, on méprise de manière insidieuse, le poids de sa propre moralité en plus de celui de celle de son entourage et de son peuple.

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