L’ESPRIT DE POSSESSION FAIT VIVRE DANS LA PEUR DE PERDRE ET AMÈNE À PERDRE CE QU’ON TENTE DE CONSERVER…   

«À quoi sert de gagner l’univers, si on y perd son âme.»

   L’acquisivité, aussi appelée l’esprit de possession,  se signale par le désir d’acquérir et d’accumuler les biens et l’argent au-delà de ses besoins réels, de s’entourer de beaucoup de gens pour les accaparer et les garder sous sa coupe, de s’attacher aux objets matériels et aux plaisirs des sens, de restreindre son activité aux objets matériels et à la jouissance de la vie terrestre.  Dans la vie courante, il s’exprime souvent par l’avarice, l’hédonisme, l’épicurisme, la manie des collections.  Il fait d’un être un ami intéressé qui accorde des faveurs et des privilèges à celui qui fait silence sur secoeur possessifs travers, qui flatte son ego et qui contribue à sa sécurité, à son bien-être et à son confort.  Mais, nul, plus que le possessif, ne craint la mort, parce qu’elle représente pour lui la perte arbitraire et injuste de la jouissance des biens qu’il a acquis, des plaisirs de ses sens et la séparation d’avec ses êtres chers.

    Certains aiment accumuler les biens pour s’engendre un paradis artificiel dans la matière, dans l’espoir secret de s’y assurer la pérennité.  D’autres le font pour échapper à leur responsabilité d’évoluer en conscience.  D’autres s’adonnent à ce jeu pour se donner  une preuve de la supériorité de leur intelligence, de leur adresse, de leur pouvoir, se donnant une garantie contre la peur du vide intérieur.  Certains cèdent à cette tentation y trouvant un moyen présumé de se défendre contre les atteintes présumées des autres ou contre les coups arbitraires du sort.  La plupart compensent ainsi un sevrage affectif.

   L’acquisivité culmine dans l’avarice, cet attachement excessif aux biens et aux richesses qui amène à les accumuler jusqu’au refus de partager.  Il s’agit d’une perversion de la pulsion de conservation qui implique le fait d’être attaché de façon inquiète à son argent, à ses biens, aux êtres aimés ou à sa position sociale.  Elle conduit à fixer son attention sur l’argent, à s’y attacher de façon excessive;  à accumuler et à retenir ses richesses;  à épargner bien plus qu’il en faut pour ses besoins futurs.  Ainsi, l’être avaricieux s’empêche de vivre dans le moment présent, faisant dévier toutes ses énergies dans la thésaurisation des biens putrescibles.  Pour ironiser, on pourrait dire que ce qu’il accumule, il ne l’emportera pas au paradis!  Les Maîtres, comme les psychologues, assurent que l’argent est relié aux selles, la première valeur d’échange de l’enfant avec le monde ambiant.  Pour le croire, il faut se rappeler à quel point l’acte de déféquer, qui consiste à se délester d’une production personnelle intime, peut être important pour un enfant.  Quelque chose qu’il a lui-même transformé, seul, sort de son corps et se détache de lui.  Toutefois, s’il est éduqué à la propreté de façon sereine, il devrait se montrer généreux de ses biens.  S’il y est forcé par une éducation sévère, il pourrait devenir constipé… et avaricieux.

   Ce vice provient d’un problème de dévalorisation personnelle qui s’explique par le manque de confiance en soi et d’audace, conduisant à une insécurité profonde, à un doute lancinant à propos de l’avenir, à un doute par rapport à la Providence de Dieu.  Il ne sait pas profiter de son bien, il entretient une perspective de vie purement matérielle, il éprouve une affection excessive pour ses êtres chers.  Alors, le sujet devient envieux, jaloux, redoutant la présence d’autrui qui perçoit comme une possible concurrence.  En fait, chez un être, la cupidité exprime un état de servitude découlant du fait qu’il doute de son savoir-faire et de son pouvoir de renouveler ses énergies créatrices.  Dévitalisé, épuisé au niveau des idées, il ne laisse plus couler l’énergie créatrice parce qu’il l’accapare.  Il s’indigne, empêchant toute progression vers le succès, amenant tout à stagner dans sa vie.  Il en vient à perdre sa motivation ou sa stimulation de créer de nouvelles réalités.  Il en est venu à percevoir la richesse comme un but plutôt que comme un moyen d’échange.  En effet, qu’est-ce que l’argent ou un bien?  Ils n’ont pas de valeur en eux-mêmes.  Ils ne représentent jamais que le symbole actuel de la valeur d’échange ou un objet d’expérience au service d’un but.  Mais ils révèlent fort bien la valeur prix qu’on accorde aux choses, aux autres et à soi-même.

   Dès qu’un être sombre dans l’égoïsme, il pense plus à prendre qu’à donner.  Alors, il ralentit progressivement le flot de l’énergie créatrice qui coule en lui.  La récompense financière qu’il escompte recevoir doit provenir d’un travail créateur, non de la spéculation.  Elle résulte de l’estimation de son travail personnel, du sens évolutif et humanitaire qu’il lui accorde.  C’est en l’oubliant qu’un être pense à recourir à la force pour protéger arbitrairement ses biens, ce qui explique que la propriété, bien qu’illusoire, demeure responsable de bien des maux sur la Terre, surtout des guerres.  Il en vient à vouloir prendre de force ce qu’il ne peut pas s’approprier autrement, par exemple en se le donnant à lui-même, s’il s’agit d’un bien essentiel.  Dès que la créativité d’un être décline, il incline vers la prédation, voyant dans autrui un rival potentiel dans l’acquisition des nécessités de la vie.

   Mais cette croyance se retourne tôt ou tard contre lui-même.  Avec le temps, l’avaricieux en vient à ne plus s’estimer qu’à travers sa productivité ou ses avoirs et, peu à peu, il perd l’un et l’autre.  Et, en perdant ce qu’il a de plus précieux, il perd également toute raison de vivre.  En s’accrochant trop avidement à ses ressources, il provoque une stagnation de l’énergie créatrice, rendant impossible toute croissance matérielle ultérieure.  L’argent, comme les biens, est fait pour passer de main en main afin de permettre à chacun de fournir ses produits ou ses services, obtenant, du même coup, le moyen de profiter de ceux d’autrui.  L’argent, comme les biens, n’est pas fait pour être thésaurisé, mais pour accroître les denrées utiles, ses moyens, son confort, son bien-être, ses connaissances à traves sa créativité personnelle.  Qui l’oublie en couvant de trop près son trésor n’a plus rien à gagner.  Alors, il cherche à exploiter les autres, une attitude qui le confine de plus en plus à une existence amère et isolée.

   En accumulant les biens et l’argent, en refusant de les faire circuler, en s’y attachant de façon inconsidérée, l’avaricieux refuse à la Nature et à Dieu leurs justes compensations.  Il détient ces richesses égoïstement, se refusant de payer en retour.  Évidemment, il ne lèse ni Dieu ni la Nature, il se lèse lui-même.  Car, patients, Dieu et la Nature reprendrgreed-imagesont toujours leurs droits au moment de sa transition.  C’est l’avare lui-même qui se condamne à vivre dans la crainte du vol, dans la sécheresse du cœur, dans l’amertume de l’esprit, menant une vie craintive, sans joie.  S’il acceptait seulement de dépenser son argent pour lui-même, de partager ses biens, de mieux rétribuer ceux qui lui rendent service, en respectant strictement les lois de la Nature et les principes spirituels, même sans libéralité, il se sentirait déjà bien lui-même.  Il maugréerait moins et il n’éprouverait aucun sentiment de perte parce qu’il reconnaîtrait investir dans son bonheur et dans celui des autres.  Et, ce faisant, il servirait bien les autres, respectant la loi de la compensation, s’il ne respecte pas celles de l’échange et du partage.

   Car nul n’est tenu de partager ses biens, son argent ou son savoir avec ceux qui ont moins ou qui n’ont pas.  Le devoir de l’échange et du partage se situe au niveau de la conscience, non à celui des formes.  En se servant soi-même, en se procurant ce qui est nécessaire à bien vivre, un être augmente déjà sa prospérité, son bien-être et sa joie personnelle.  Et il contribue à l’avancement d’autrui parce qu’il fait passer ce qu’il acquiert dans d’autres mains.  L’économie sordide, qui accompagne l’acquisivité et, encore plus, l’avarice, attire la pénurie.  Car tout ne peut croître que par l’échange et le partage équitables.  C’est un principe fondamental de la Vie divine.

 

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