L’ACCEPTATION, C’EST PLUS QUE TOLÉRER…

Dans le vocabulaire religieux ou spirituel, l’acceptation renvoie au détachement, au renoncement, à la résignation, au consentement à ce que l’on croit être la Volonté de Dieu.  Dans un autre contexte, elle consiste à affirmer ce qu’on veut et ressent et à croire en sa réalisation immédiate en lassant la chose se produire sans résistance.

L’acceptation réside au fondement de toute réalisation spirituelle, qu’il s’agisse de résoudre un problème, d’améliorer un état ou de progresser dans la compréhension des lois de la Vie.  N’ayant rien à voir avec la avec la résignation, elle amène à accepter la situation comme elle est et, s’il y a possibilité, à chercher une solution pour retrouver une vie heureuse.  L’acception consiste encore à accepter que laacceptation solution qui est en harmonie avec le destin peut être différente de ce qu’un être peut penser ou désirer dans l’instant.  Il arrive que l’on pense avoir lâché prise, mais que, en fait, on garde en pensée la voie par laquelle la solution doit provenir.

L’acceptation mène à la conscience que l’Énergie divine agit toujours dans la paix et sert toujours le bien commun et le bonheur de tous.  L’acception consiste donc à cesser d’exprimer sa volonté en termes de «je veux» ou «je ne veux pas» pour se conformer, quand il le faut, à la Volonté supérieure, au Plan cosmique.  Parfois un événement actuel ou un événement prévisible apparaît comme inacceptable.  Un être est convaincu qu’une telle occurrence ne peut pas faire partie de son lot puisque la souffrance qu’elle engendre est immense.

Sauf qu’il faut savoir que, plus un être résiste, plus les choses se compliquent et plus la souffrance s’accroît. Chacun gagne à savoir accepter les changements qui se présentent dans sa vie : accepter l’éloignement ou le départ d’un être aimé, la perte d’un travail, la suppression d’un bien, un décès inattendu.  Le fait de s’accrocher ne contribue qu’à se détruire moralement et physiquement.  L’accepter permet au plan de son âme de se déployer dans l’harmonie.  Alors, avec le temps, le baume de l’amour divin parvient à apaiser la peine de la perte, à faire oublier l’échec ou l’erreur d’une expérience, à corriger le faux pas.

Dans la vie, le changement, qui ouvre à la nouveauté et permet d’explorer d’autres hypothèses, ne peut se faire sans qu’une réalité cède sa place à une autre.  Il est parfois nécessaire qu’un être aimé s’éloigne pour permettre à un autre de se présenter;  de perdre un emploi pour mener une autre expérience dans une autre firme;  de changer de lieu de résidence pour changer d’air.  Quant aux décès, ils sont aussi inéluctables, le transit terrestre reste bien éphémère.

Accepter que les êtres proches fassent leurs expériences personnelles durant leur incarnation ou partent quand l’échéance fatale se présente, c’est fort difficile.  Pourtant, il n’y a là rien d’injuste ou d’immérité, il n’y a que l’expérience de destins différents.

Refuser l’inévitable ou l’incompréhensible, c’est alourdir son fardeau par la loi de l’attraction qui ramène dans sa vie ce que l’on conteste d’autant plus puissamment qu’on le conteste.  Si quelqu’un essaie d’accepter, mais n’y arrive pas, il peut toujours faire appel à l’aide divine, constamment disponible, pour éclairer ses lanternes.   Car, tant qu’un être refuse d’accepter, il poursuit la lutte, il résiste à la Vie.  L’acceptation met justement un terme à la résistance et à la lutte, à cette habitude d’un être de ne porter attention qu’à ce qu’il aime ou privilégie, pour que s’aplanisse rapidement le chemin.  Cela fait parfois du bien d’être contrecarré dans ses plans, car cela garde souple, disponible, adaptable.

L’acceptation commence par le constat de ce qui est là en soi ou devant soi.  En ce sens, il s’agit simplement d’un autre mot pour désigner la belle vertu qui porte les noms de détachement ou de renoncement, qu’on préfère aujourd’hui appeler le lâcher prise ou le laisser aller.  En ce sens, l’acceptation implique le consentement à s’ouvrir spontanément au dynamisme de la vie tel qu’il se présente en saisissant les limites de son libre arbitre.  Elle suggère de prendre la décision de répondre à la Volonté de Dieu, qui ne désigne rien d’autre que le Plan cosmique, en acceptant pleinement la vie comme elle est afin de répondre à son destin d’être humain.  Elle suggère encore de consentir à vivre son unicité et sa rareté de façon originale, créative, constructive, dans le respect de la Loi cosmique.  Elle invite à croire que, au sens évolutif, conformément à l’Ordre ou à la Justice immanente, en tout temps et en tous lieux, tout arrive toujours pour le mieux, le bon comme le mauvais, le meilleur comme le pire.

Alors, un être apprend à considérer les circonstances extérieures de la vie comme le milieu et l’occasion d’apprendre et de progresser en conscience.  Nul n’a le choix : ce qui arrive, arrive, et ce qui s’est passé, s’est passé.  Il ne reste qu’à en tirer la leçon salutaire.  C’est moins ce qui arrive qui détermine l’orientation de sa vie que ce qu’on décide d’en faire.  Ainsi, quand on accepte de plein gré un fait, il n’y a plus de souffrance.  Et c’est le meilleur moyen d’écarter la peur.  Tout vient, tout passe, rien n’est permanent.  Tout ce qui vient passe toujours et tout ce qui arrive, on l’a attiré, consciemment ou inconsciemment.  Ainsi, l’acceptation permet d’opérer en soi une alchimie intérieure par la conscience qu’il existe une Providence divine qui ne se trompe jamais.  Cette conception aide à dissoudre les nœuds karmiques.  Mais accepter ne consiste jamais à baisser les bras ou à se résigner.

En fait, pour chacun, l’acceptation devrait consister à embrasser, à tenir et à aimer chaque situation comme si elle lui appartenait, parce que, en fait, elle résulte de sa propre créativité consciente ou inconsciente.  Cela implique qu’un être l’assume entièrement, sans fatalisme, pour en faire l’expérience autrement, en changeant, au meilleur de ses connaissances et de ses moyens, ce qu’il peut changer et en s’adaptant pour le reste.  En ce sens l’acceptation coïncide avec la sagesse.  Car l’acceptation n’implique jamais que l’on doive maintenir ce que l’on peut changer mais dont on est insatisfait.  Dans certains cas, elle invite à éviter de faire acception de personnes et à bénir tout.  L’homme est un être libre, mais il doit connaître les limites de son libre-arbitre.  C’est pécher contre l’Esprit que de se couper de la Source divine, de refuser la vie et de ne pas réaliser la part du Plan cosmique qui relève de son destin propre.  Quoi qu’en pensent plus d’un, qui comprennent mal le sens de la présumée liberté de l’homme, celui-ci gagne à se conformer à la Volonté de Dieu, même s’il peut tenter de s’y soustraire.

L’être humain aime affirmer du bout des lèvres: «Père, que ta Volonté soit faite.»  Mais en même temps, s’il y pouvait quelque chose, il transformerait les Lois naturelles à son idée, à son image et à sa mesure pour ménager ses aises, assouvir ses passions et ses convoitises, confirmer son rêve de pouvoir.  Ne devrait-il pas plutôt se former une vision réaliste de ce qu’il est, de son rôle fonctionnel, des instruments qu’il possède, de son rythme personnel pour changer ce qu’il peut, dans sa vie personnelle, et accepter ce qui le transcende?  En tout cas, le candidat sincèrement engagé dans son évolution gagne à se résigner à ne pas recevoir ce qu’il demande si sa Conscience intérieure sait que cela constitue pour lui une entrave ou une erreur.  Pour le Dieu intérieur, dire non c’est autant une réponse que de dire oui.  La première chose qu’il faut accepter, au-delà des caprices et des fantaisies, c’est la Vie, l’énergie première qui doit circuler toujours davantage à travers soi.  Chacun peut aspirer à voir ses besoins licites et ses désirs légitimes comblés, mais il témoigne de sagesse s’il laisse aller ce qui peut le distraire de sa voie ou de son idéal.  Chacun doit épouser le rythme de la Vie, au lieu de le contrer, de façon consciente ou inconsciente, de façon délibérée ou par négligence.  Car c’est ainsi que l’acceptation peut développer la souplesse nécessaire à une évolution aisée, conduisant à l’adaptation à ce qui dépasse ses moyens actuels ou son entendement présent.

Mais comment peut-on accepter la vie sans s’accepter soi-même de façon lucide et réaliste?  Chacun doit s’accepter comme il est vraiment, non comme il aime s’imaginer.  Ainsi, un être peut-être déçu de se découvrir un aspect de lui-même qu’il considère négatif, mais n’est-ce pas en l’identifiant qu’il pourra se permettre de le reconnaître pleinement, avec le temps, et de déterminer les moyens et les actes qui permettront de le changer?  En ce sens, loin d’être une résignation définitive, l’acceptation devient une simple reconnaissance de la réalité telle qu’elle se présente dans l’immédiat.  L’amour de soi commence par l’acceptation de son être tel qu’il est, par l’acceptation de soi-même tel qu’on est.  Chacun doit fonctionner avec son image réelle, non avec son image illusoire.  À ce niveau, on peut compter au nombre des ennemis de l’acceptation la prévalence des émotions comme le déni ou la fuite, l’aversion, la colère, le doute et la peur et l’attachement aux préjugés, aux idées toutes faites, au désir de tout contrôler, aux illusions, aux jugements de valeur, aux jeux de pouvoir, autant de ressources auxquelles recourt l’être humain pour masquer son incommensurable orgueil que d’autres appellent la prétention mentale ou le débordement de l’ego ou du petit moi.  Ces mouvements internes de résistance n’aboutissent qu’à donner une vision déformée de la réalité ou de l’environnement et à maintenir dans un état de douloureuse réalité.  Autrement dit, ils entretiennent un conflit personnel intérieur ou extérieur qui engendre la tension, de la souffrance et de la confusion, les premiers symptômes qui peuvent, ultimement, se somatiser en maladie grave, voire chronique, ou dégénérer en dépression, voire en désespoir ou en folie, au niveau psychique.

Dans la comédie humaine, tant qu’un être s’identifie au personnage qu’il croit incarner, tant qu’il croit exprimer un idéal qu’il n’a pas vraiment atteint, il ne peut pas agir dans la substance vivante de son être et il ne peut pas fertiliser la terre.  Personne ne tirera quoi que ce soit d’utile d’un rêve ou d’une illusion.  Chacun doit s’accepter comme il est et se voir comme il est pou éviter de devenir la piètre caricature de quelqu’un d’autre.  C’est le seul moyen qui lui permettra ensuite d’accepter les autres comme ils sont et de leur permettre de vivre comme ils l’entendent.  En s’acceptant comme il est, le sujet permet à l’acte de vérité de se produire.  Dès lors, la vie peut construire, à travers lui, sur du réel et du solide.  Toutefois, s’accepter ne signifie jamais qu’on doive lâcher la bride à toutes ses pulsions.  Cela signifie plutôt de les laisser s’exprimer à son regard d’observateur neutre pour mieux se connaître et mieux comprendre où il faut intervenir, au moment opportun, pour se changer.  Alors, on pourra saisir le mécanisme de ses pulsions pour les transmuter sur un plan supérieur, pour les amener à s’accomplir en plénitude, mais d’une manière sacrée.  Sans cela, on devrait se méfier de ce qui pourrait surgir en soi et qui pourrait forcer à adopter une attitude de combat.  La lutte contre soi-même, qui exprime une coercition, une contrainte et une tentative contrôle, mène au résultat contraire de celui qu’on recherche.

Découlant de même source, il existe aussi la notion d’acceptation au sens d’intégrer comme valeur aussi importante que la sienne ce qui provient de l’extérieur de soi.  En ce sens, on parle souvent de «tolérance».  Mais ce mot est souvent employé abusivement pour justifier avec habileté, quelque forme de rejet ou d’intolérance.  De plus, dans ce mot, il subsiste toujours une nuance d’acceptation conditionnelle ou partielle qui laisse entendre une supériorité chez celui qui dit tolérer.  N’est-ce pas lui qui s’instaure en tribunal de ce qu’il peut accepter ou pas ?  Voilà pourquoi il faut préciser clairement que, dans l’esprit d’un être amoureux, donc évolutif, le mot tolérance ne signifie rien d’autre que le fait de regarder avec compréhension, bienveillance et fraternité tout ce qui n’est pas soi-même ou qui n’est pas de soi.  La tolérance doit impliquer l’acceptation inconditionnelle de la différence, le refus d’établir une distinction à partir des critères de bien ou de mal pour ce qui est extérieur à soi.  Autrement dit, elle appelle à refuser de juger et d’imposer à autrui son propre système de valeur.

Si Dieu veut tout connaître de lui-même, du plus profond de l’Ombre au plus haut niveau de la Lumière, à travers les êtres humains, il faut s’attendre à ce que certaines quêtes, diamétralement opposée à la sienne, étonnent, dérangent et causent de l’embarras.  Mais il n’en faut pas moins laisser à chacun sa portion de territoirehomme triste lui permettant de valider une part des concepts divins.  C’est dans l’acceptation inconditionnelle de la réalité et de l’expérience d’autrui qu’un être peut rester un point d’interrogation vivant capable de remettre en question ses croyances, ses affiliations, ses idées reçues, ses préjugés, ses us et coutumes, bref tout ce qu’il est et fait.  Ainsi, il reconnaît que ses valeurs actuelles n’ont rien de définitif et d’immuable.  Le respect d’autrui, avec ses valeurs, donne un signe d’humanité, de fraternité, d’intégrité, de loyauté, de dignité, de noblesse, voire de grandeur ou de sublimité.

Swami Prabhupadâ a dit: «La tolérance consiste à savoir supporter les insultes et le déshonneur.»  Mais cette définition d’un mystique hindou, un peu trop ascétique, à de quoi intriguer bon nombre d’Occidentaux.  Et, à notre avis, il ne peut s’agir que d’une mauvaise traduction et d’une dérive de sens du lâcher prise.  Cette faculté consiste à accepter ce qui se présente, non pas au sens de cautionner l’évènement, mais à celui d’accueillir la réalité telle qu’elle est.  Son intérêt réside dans le fait de libérer de la souffrance, toujours liée au refus d’accepter l’environnement et les faits tels qu’ils sont, qu’ils proviennent d’une cause humaine ou d’une autre naturelle.  Car le manque d’objectivité qui mène au refus de la réalité engendre une résistante et provoque le conflit.

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LE SENS DE L’ACCEPTATION INCONDITIONNELLE

Les traités moraux de l’histoire humaine ont tellement abordé le sujet de la tolérance, considérée comme une sublime vertu, qu’il doit y avoir dans ce consensus spirituel de respecter les choix d’autrui, chacun étant doté d’une liberté absolue, un fond de vérité.  Mais quand on commence à creuser le sens actuel du mot «tolérance», qui semble inclure une admission à contrecœur de certaines réalités, on ne tarde pas à se demander s’ils n’invitaient pas à l’acceptation plutôt qu’à la tolérance.  Parce que la tolérance, telle qu’on la définit aujourd’hui dans n’importe quel dictionnaire, implique des réserves suffisantes pour entretenir un degré plus ou moins important de retrait et d’antagonisme.

À ce propos, la consultation des trois dictionnaires les plus utilisés, impose les divers sens suivants pour le mot «tolérance» : fait de supporter avec plus ou moins de patience ce qu’on réprouve ou ne partage pas;  fait de laisser se produire ou de laisser subsister une chose qu’on aurait le droit ou la faculté d’empêcher;  fait de considérer avec indulgence une chose qu’on n’approuve pas et qu’on pourrait comfort-and-consolationblâmer;  fait d’endurer patiemment ce qu’on trouve désagréable ou injuste;  fait de faire l’effort d’admettre l’existence d’une réalité malgré ses défauts et ses travers;  fait d’accepter sans réaction hostile et fâcheuse ce qu’on n’approuve pas entièrement;  fait de ne pas exiger une attitude ou un comportement, alors qu’on le pourrait.

Qui résumera ces acceptions comprendra que, dans tous les cas, il s’agit de témoigner de largeur d’esprit jusqu’à respecter la liberté parfaite de chacun dans ses choix afin de maintenir l’ordre, la cohésion et l’harmonie dans les diverses communautés.  Mais on ne sait que trop bien que la largeur d’esprit, qui résulte d’une démarche intellectuelle, la cogitation intérieure ou la spéculation intime, est toujours contraint par le degré d’amour-propre, ce mouvement de la personnalité, qui porte facilement à la confrontation et qui, étant sous-tendue par des ressorts plus ou moins tendus, peut inopinément, par excès de tension, engendrée par l’effort d’une la retenue constante, peut amener la détente à céder et à produire ses ravagesdiviseurs.  En effet, il n’est pas du propre de l’intellect de souffrir indéfiniment la contrainte.

Dans ce contexte, il vaudrait mieux croire que la tolérance, dans un sens ancien, exprimait une autre réalité que celle qu’elle exprime aujourd’hui.  On peut le croire en notant que, dans l’Édit de tolérance de Sardique, que Galère promulgua en 311, au nom de tous les tétrarques de l’Empire romain, la religion chrétienne y gagnait son droit de cité, s’élevant sur un pied d’égalité des autres religions de l’époque, ce qui, pensait-il, pourrait mettre un terme à toute discrimination.  En 313, l’Édit de Constantin renforçait cette prise de position en précisant encore mieux que, dans l’ensemble de l’Empire, toutes les religions trouvaient une admission complète.

Bien qu’avec assez peu de succès, même au temps des Guerres de religion, en Europe, tout édit de tolérance impliquait encore, du moins en principe, la notion de liberté absolue dans le choix des opinions philosophiques, des croyances  spirituelles et des pratiques religieuses (incluant la liberté d’association, de regroupement et de culte).  Du moins chez les chefs d’État, dans les milieux intellectuels et artistiques, même dans la population, si ce n’était dans la compréhension des divers chefs des dénominations chrétiennes, à l’époque, la tolérance impliquait encore le sens d’admettre, de supporter, d’endurer en cessant d’établir une distinction discriminante à partir des notions de bien et de mal.

Le problème résiduel, qui engendrait des escarmouches récurrentes, résidait dans le fait que cette tolérance visait plutôt des fins temporelles, comme l’établissement et le maintien de relations de bon voisinage, pour des motifs d’utilité publique, comme l’élimination des méfaits des guerres et le maintien plus ou moins précaire de la paix sociale.  La reconnaissance des libertés n’impliquait pas encore l’indispensable ouverture du cœur, l’ingrédient indispensable pour établir, en permanence et sans effort, des relations saines et équitables, grâce à l’élimination des jugements de valeur et à l’acceptation impersonnelle et inconditionnelle de tout autre être humain dans sa globalité.

Ainsi, lorsque qu’un modus vivendi amène à regarder avec compréhension, bienveillance, fraternité et solidarité tout ce qui n’est pas conforme à sa réalité immédiate, il ne peut être considéré comme de la tolérance, au sens contemporain du terme, mais comme de l’acceptation dans un accord spontané.  Par les définitions actuelles de la tolérance, dans tous les cas, celles-ci mènent presque infailliblement à justifier, avec habileté, une forme quelconque d’intolérance et, par ricochet, une part de discrimination.  En effet, dans sa vérité, celui qui tolère, au sens moderne du terme, continue de se sentir plus ou moins supérieur à ce qu’il tolère.

Il n’y a qu’un être amoureux, soit un être qui, par sa grande ouverture de cœur, en union étroite avec son âme,   vibre d’Amour pur, plutôt que d’affection, qui peut accorder à autrui la liberté absolue dans son sens idéal.  Il s’agit d’un être qui détient une telle compréhension de l’expérience de la Manifestation cosmique, au-delà des apparences, qu’il ne peut reconnaître que, dans un monde où le hasard n’existe pas, toute expérience individuelle contribue immanquablement à favoriser l’expansion du Plan divin de l’Absolu.  Du coup, il ressent toute expérience comme légitime, même précieuse et noble, qu’elle se mène dans les extrêmes de l’Ombre ou dans celles de la Pure Lumière, puisque chacune d’elles ne vise qu’à trouver le Juste Milieu qui permettra au Ciel et à la Terre de s’épouser.

Cette conviction implique naturellement la reconnaissance que, par la loi d’Attraction ou la Causalité, chacun n’attire que ce qui répond à ses affinités propres, ce qui l’assure de ne vivre que ce qui peut l’aider à pousser plus loin son étude de la Réalité éternelle et infinie et lui évite de craindre d’attirer une répercussion arbitraire.  Cela l’aide à accepter qu’un désastre ou un drame qui se produit à proximité de lui ne l’implique pas forcément puisqu’ils ne peuvent que s’abattre que sur ceux qui les ont attirés, consciemment ou inconsciemment, par leur force créatrice innée, soit par l’effet de leurs pensées, de leurs sentiments, de leurs paroles et de leurs actes du quotidien.

Puisque tous les êtres humains s’incarnent pour pousser plus loin leur évolution, ce qui rappelle un degré plus ou moins grand de vulnérabilité et de peccabilité jusqu’à la Réalisation, il leur devient plus ou moins difficile d’accepter spontanément une réalité qui semble s’opposer à leurs valeurs, qui se présente à eux avec une grande soudaineté, qui leur est temporairement difficile à comprendre ou à admettre ou avec laquelle ils ne sont pas encore d’accord.  Sauf que celui qui s’est formé à l’acceptation reste ouvert, au lieu de réagir de façon hostile, de se camper dans ses positions, d’exprimer un refus catégorique, de se réfugier dans ses peurs ataviques, donc de penser à attaquer ou à fuir.  Il saisit d’emblée que, dans l’ordre de la compatibilité et de la complémentarité, cette nouveauté, si étrange et dérangeante qu’elle puisse paraître, détient une part de vérité qui peut compléter la sienne, à seule fin d’élargir d’autant sa vision du monde et du Cosmos.

L’être humain oublie toujours trop vite que, dans un monde où il est appelé à explorer l’Univers à partir du plan de conscience qu’il a atteint, tous ne sont pas appelés, dans l’immédiat, à tirer les mêmes leçons de vie en même temps, ce qui, par l’uniformité des recherches, compliquerait les échanges et les relations et rendrait la vie extrêmement terne.  Il oublie également toujours aussi vite qu’il n’est jamais qu’un Atome spirituel chargé d’un plan particulier, différent de tous les autres, permettant à l’Absolu de vérifier à travers lui une part de ses concepts, dans son Grand Jeu amoureux de simuler l’ignorance et de contempler les différences facettes de sa Réalité éternelle et infinie, qui comporte, dans le jeu des polarités du champ de la Manifestation, tous les degrés vibratoires de l’Ombre absolu à la Pure Lumière.  Mais, en cela, l’Ombre ne représente jamais une réalité en elle-même, simplement un degré d’absence de Lumière spirituelle.

Ainsi, celui qui est appelé à tout connaître, comme son Créateur, qui l’a engendré à son image et à sa ressemblance, ne peut s’attendre qu’à devoir, un jour ou l’autre, étudier un aspect sombre ou lumineux de l’Existence illimitée, ce qui apporte les hauts et les bas de la vie courante et lui permet d’activer ses propres potentialités jusqu’à établir sa Maîtrise parfaite sur lui-même.  Chercher à n’explorer que l’Ombre, c’est de la fuite vers le bas qui amène à plonger trop profondément dans la matière et à se densifier jusqu’à frôler l’anéantissement;  chercher à n’explorer que la Lumière, c’est de la fuite vers le haut qui amène à se raréfier ou subtiliser au-delà des exigences de sa nature de Dieu-Homme, ce qui expose à se perdre à tout jamais, comme un illuminé fumeux, dans l’Illusion.  L’établissement du Juste Milieu, qui permet de faire découvrir la Voie royale, la Voie droite et directe, réside dans l’acceptation d’expérimenter avec sagesse et prudence un peut de tout, soit en évitant les excès et les abus, autant dans le trop que dans le trop peu.  La Connaissance totale de soi-même s’obtient à ce prix.

C’est pourquoi, dans sa manière de vivre habituelle, l’être amoureux ne pense jamais détenir la Vérité, sachant plutôt suivre simplement sa propre vérité, ni meilleure ni pire que celle d’autrui, qui le porte, peu à peu, vers cette Vérité centrale unique, le Point qui unit tous les êtres dans la Conscience cosmique.  On peut considérer la Vérité comme la Réalité totale, qui n’est rien d’autre, pour chacun, que son Point d’Origine et son Point de Retour (son Alpha et son Omega), vers laquelle, une fois projeté dans la Manifestation infinie, il s’achemine en spirale, sur son propre rayon, autour de la Pyramide cosmique ou Montagne sacrée, s’élevant à partir de sa base, perdue dans les Ténèbres, pour passer par ses quatre faces, de mieux en mieux éclairées, jusqu’à ce qu’il atteigne le Sommet, où il se perd et se fond dans la Lumière de la Source unique, ce qui représente l’Illumination, résultat de la Fusion du Haut et du Bas, du Ciel et de la Terre.

Dans ce contexte, l’être amoureux admet d’emblée chez autrui une manière de penser, de ressentir, de parler ou d’agir différente de celle qu’il adopte lui-même.  Ainsi, s’il y a nécessité, dans une discussion qui tourne autour des croyances religieuses, spirituelles ou philosophiques, cherchant à unir, plutôt qu’à diviser, il veille à faire ressortir la profondeur et les bienfaits des diverses doctrines, avec le profit qu’un être peut en tirer, pour rappeler qu’il existe dans toutes les conceptions une part plus ou moins grande de la Grande Vérité unique.

Dans le monde d’apparente finitude où il se trouve, ne pouvant toujours s’éviter les mouvements d’amour-propre, si besoin est, il pourra lui arriver de faire l’éloge des ses propres conceptions, mais en évitant bien d’amener un autre à penser qu’il les présente comme supérieures aux siennes.  De même pour sa conduite personnelle, qu’il gardera pourtant assez secrète, sachant que nul ne gagne à tenter d’imposer une trop grande Lumière à un néophyte ou à un dissident, qu’il ne pourrait qu’aveugler ou choquer, les dévoyant pour un temps ou les amenant à s’écarter de lui.  Nul ne gagne à tenter d’écourter arbitrairement une situation, il doit plutôt harmoniser en lui ce qui peut permettre de mettre un terme à cette dichotomie temporaire.  L’être amoureux se sait plus puissant par son agir que par ses discours, d’où il se contente généralement d’agir simplement en modèle des certitudes qu’il porte.

Chacun a droit à ses convictions qui ne pourront que changer et s’élargir avec le temps.  Mais chacun gagne à souligner comment elles servent présentement son but, sans porter ses interlocuteurs à penser qu’ils vivent dans l’erreur, l’hérésie ou le péché du fait de suivre leurs propres croyances.  Chacun peut y arriver en rappelant que la spiritualité la meilleure, qui n’est jamais que le Chemin de vie, plus ou moins déblayé et pavé qui mène à la Vie totale, c’est celle qui permet de personnellement comprendre les voies multiples et mystérieuses de l’Absolu et qui mène à être totalement par la découverte complète de sa propre Réalité originelle.  En cela, il n’y a que la Voie qui, de toute éternité, est sienne, parcourue librement à sa manière et à son rythme, conformément à sa compréhension et à ses moyens, qui peut accélérer la possession de soi-même, soit la récupération consciente de son Être global.

© 2012-15, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

 

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