LA GÊNE TROP FACILE EXPRIME UN MANQUE DE CONFIANCE EN SA FORCE ET UN APPEL AU MÉNAGEMENT

Selon le contexte, le mot «timidité» recouvre bien des aspects: manque d’aisance et d’assurance en société; manque d’audace et de vigueur dans sa pensée; incapacité de se décider de façon franche et énergique; manque d’intérêt dans l’exécution d’un projet;  méchanceté excessive ou gratuite.  Le plus souvent, il désigne le sentiment d’insécurité qu’éprouve un être lorsqu’il se retrouve dans une situation qui ne lui est pas familière, donc qui l’insécurise ou l’angoisse, lorsqu’il entre en contact avec ses semblables, qu’il parle à des étrangers, qu’il exprime une requête à un supérieur, qu’il essuie un jugement de valeur, qu’il se trouve etimiditen présence d’une personne incarnant l’autorité, qu’il craint les réactions d’autrui, voire qu’il se craint lui-même et redoute ses propres réactions, etc.  Alors, pour maintenir son équilibre, il peut être porté à se retirer ou à attaquer.

Dans 15 à 20 pour cent des cas, la timidité peut s’expliquer par un héritage physiologique (la fameuse prédisposition génétique), la difficulté à s’affirmer, la volonté d’éviter de heurter les interlocuteurs ou de faire des vagues, la crainte d’être remarqué, la présence d’un défaut physique visible ou caché, les humiliations répétées (par exemple, les moqueries en raison d’un travers psychique présumé ou d’un défaut physique réel), l’influence du milieu familial, la peur de l’intimité ou de l’abandon, une rupture inexpliquée, un deuil mal assimilé, un échec douloureux, les méfaits des exigences contemporaines outrancières qui détruisent la confiance en soi (compétitivité économique, appel à la performance, attitude drastique, esprit de démarcation, perte des repères, etc.)

Dans cette veine, les parents trop sévères et rigides, voire inhibiteur ou castrateurs, les parents effacés, instables ou distants, peuvent amener à des schémas comportementaux étranges, tout autant que ceux qui idéalisent leur enfant, le complimentant sans fin, lui présentant un idéal trop élevé, au point qu’il en vient à ne plus se sentir à la hauteur de leurs attentes ou qu’il soit porté à fuir ou à capituler devant le désir d’autrui.  Le degré d’angoisse existentiel, pouvant par exemple résulter du sens exagéré des responsabilités ou de la peur de l’avenir, peut aussi rendre timide.  Comme il peut s’agir d’Un mécanisme psychique inconscient résultant d’une stratégie relationnelle inadéquate.

Le timide peut revêtir bien des masques.  Ainsi, tendu, évitant le regard, le souffle coupé, sombrant dans l’angoisse, porté à rougir ou à blêmir, enclin au mutisme ou au bégaiement, d’agitant, s’exposant à la tachycardie, aux palpitations, à l’engourdissement ou à la paralysie temporaire, à la sueur, aux tremblements, parfois épuisé en un rien de temps, le timide peut être diversement porté à vivre en reclus, à se retirer de la scène publique, à s’esquiver, à se cacher derrière les objets ou à se réfugier dans les jupes de sa mère, à se voiler le visage en cas d’insistance, à se déplacer de façon furtive, à se vêtir de façon terne ou modeste, en tout cas d’une manière qui évite d’attirer l’attention.  Mais autant certains penchent vers la retenue, l’effacement, l’absence, la froideur, autant d’autres sombrent dans l’agitation, l’hyperactivité, l’impertinence, la rudesse, la susceptibilité, voire l’agressivité.

Dans la timidité, il peut s’agir autant d’une pathologie à guérir que d’une attitude de manipulation.  La timidité s’exprime surtout par de la confusion, de l’embarras, de la gaucherie, de la maladresse, un manque de contenance en public.  Mais, selon les sujets, elle peut varier en intensité selon les gens en présence ou le contexte des situations.  En effet, le timide avec des gens inconnus peut se démontrer le boute-en-train de son cercle d’amis, comme l’acteur extraverti, donc audacieux, performant, imposant sur scène, peut se montrer très vulnérable lors d‘une entrevue.  Bien des gens n’ont pas l’audace qu’ils affichent par leur démarche lourde, leur tenue vestimentaire, leur choix d’activités.   Ils servent souvent à  forment les «gangs» par besoin du renforcement d’une communauté d’accueil.

La timidité peut s’expliquer par une image rétrécie de soi en raison des normes culturelles qui sont trop étriquées et exigeantes.  Il peut s’agir de l’attitude de la victime inconsciemment consentante à la prédation ou à la manipulation.  Mais il peut aussi s’agir d’une attitude de retrait qui représente un jeu de pouvoir, celui de l’être qui simule la faiblesse et la réserve pour amener l’autre à se porter vers lui, à faire les premiers pas, à prendre sur lui la responsabilité d’entretenir, pour lui, une relation harmonieuse ou valorisante.  Il lance constamment le message : «Voyez comme je suis fragile, alors ménagez-moi!»

L’être timide exprime des sentiments qui vont de la gêne à la honte et à la peur de vivre.  Il peut s’agir d’un sujet brimé dans son élan vital dès sa plus tendre enfance et ainsi forcé à se replier sur lui-même.  Chose certaine, il ne peut que manquer de spontanéité dans ses relations.  Cela peut avoir l’avantage de l’amener à réfléchir davantage avant de parler, lui donnant une apparence plus sage.  Du reste, en raison de sa difficulté à se présenter et à s’exprimer, la plupart lui reconnaissent le don d’avoir de bonnes oreilles, de se montrer plus facilement attentifs aux besoins d’autrui ou d’exprimer plus facilement de la compassion envers les personnes affligées d’un handicap.

Pour surmonter son problème, l’être timide devrait se rappeler qu’il ne tire pas sa valeur du fait qu’il doit ressembler aux autres et répondre à leurs attentes, mais du fait qu’un Dieu impartial l’a jugé digne de naître et l’appelle à prendre sa place au soleil.  Le premier devoir de chacun, c’est d’exprimer sa rareté, son unicité, son particularisme, son originalité, de façon libre, fière, digne, dans des expériences à sa ressemblance et à sa mesure.  Les carences, les faiblesses, les limitations qu’on se croit n’ont rien à voir avec son droit d’être soi-même.

Dans son exploration du monde, nul n’est appelé à plaire aux autres, à tenir compte de leurs jugements, à se soumettre à leur volonté, à rendre des comptes à autrui, à abdiquer sa liberté ou sa souveraineté.  Dans ses choix, seul maître dans son propre univers, chacun n’est appelé qu’à se plier au verdict de sa propre conscience.  Il ne peut trouver le bonheur que dans le fait d’être lui-même, de s’affirmer tel qu’il est, avec ses grandeurs et ses faiblesses apparentes, sans servilité ni hostilité.  À bien y penser, celui qui juge se juge, il n’établit pas la vérité ni la laveur de celui dont il parle, il exprime le reflet de ce qu’il émet et le résumé de ses propres filtres.  Ce n’est pas ce qu’un autre dit d’un être qui fait sa réalité, mais ce qu’il est vraiment, ce que seul un être conscient et évolué peut capter.  Or un être évolué ne juge plus et il ne tente surtout pas de changer autrui pour le conformer à sa toise, sachant le tort qu’il ferait, autant à lui-même qu’à l’humanité et à la planète, dans son refus ou son rejet d’une expérience qui instruit son auteur et enrichit tous les êtres de se mener.

Dans son expansion, nul ne peut satisfaire tout le monde: il y aura toujours des gens pour ce qu’il est et fait, de gens contre et des gens indifférents à tout cela.  Alors, autant se comporter d’une manière qui satisfait personnellement et qui satisfait ceux qui ont du respect pour soi, sans s’imposer de changer pour ceux qui, de toute manière, trouveront toujours à redire, s’ils se sont déjà prononcés dans une critique négative.  Dans ce contexte, la timidité démontre qu’un être continue, à un degré ou à un autre, de se diminuer, de se trahir, de saboter son existence.

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