LE SYMBOLISME ÉSOTÉRIQUE DE LA NATIVITÉ OU DE NOËL…

NATIVITE OU NOEL

Il est bon de connaître l’origine du mot «Noël».  Provenant de «Nouel», au temps où le «u» etle «v» ne formaient qu’une seule lettre, ce mot signifie «nouveau».  En déclination temporelle ou historique, on obtient diversement «Nouel», «novel», «nouvel», «nouveau», «nouvelle».  Il peut tout aussi bien provenir du celtique «new yell» qui signifie autant «nouvelle année», «retour de la Lumière», «nouveau départ».  Dans les deux cas, il désigne un appel à s’ouvrir àla nouveauté, à établir quelque chose de neuf, à rénover.  Certains symbolistes attribuaient même le nom de Noël à la signification «Nouvel Hélios» ou «nouveau Soleil».

Il existe quatre fêtes cardinales qui correspondent à des phénomènes cosmiques : Noël, au solstice d’hiver;  Pâques, à l’équinoxe du printemps;  la Saint-Jean, au solstice d’été; et la Saint-Michel, à l’équinoxe de l’automne.  Dans le cas des solstices, on parle alors de la Saint-Jean d’été (Saint-Jean le Baptiste, le Soleil qui décline), de la Saint-Jean d’hiver (l’Initié Christ, le Soleil qui monte) tandis que, dans celui des équinoxes, on parle de la Sainte-Lucie (Fée des étoiles) et du Sol Invictus (le Soleil mystique de minuit).  Au cours de ces quatre périodes, il se produit dans la Nature de grands afflux et circulations d’énergies qui influencent la Terre et tous les êtres vivants. Si l’être humain est attentif, s’il se prépare et se met en harmonie pour recevoir ces effluves, des grandes transformations peuvent se produire en lui.

La Saint-Jean du solstice d’été renvoie à l’initiation aux «petits mystères», tels qu’enseignés par le Tarot, produisant un être centré en lui-même et véritablement humain. Les feux extérieurs de la Saint-Jean d’été sont autant de sources de la lumière visible, pâle reflet de la véritable Lumière invisible.  Quant à la Saint-Jean du solstice d’hiver fait écho à l’initiation aux «grands mystères» où l’individu a rejoint non seulement son propre centre, mais le Centre du monde. Le feu intérieur de la bûche dans l’âtre symbolise la Lumière supra-individuelle de l’être pleinement accompli ou total.

Les deux fêtes situées aux extrêmes du calendrier, Noël d’un côté et, pour nous, la Saint-Jean Baptiste de l’autre, symbolisent l’espérance de la lumière et le triomphe de la lumière. À un bout de l’année, il n’y a presque pas de lumière donc on espère que ça va revenir et, à l’autre bout, il y a énormément de lumière, on voudrait que ça dure et on fête la lumière.  Noël est la fête de la naissance de la lumière. Dans plusieurs traditions religieuses ou spirituelles, on fait naître un ((sauveur)) le soir de Noël ou du solstice: on dit que Mithra et Krishna sont nés ce soir-là, comme le Christ de notre tradition.  On les fait naître au solstice d’hiver, au cœur de la nuit la plus longue de l’année, c’est-à-dire au moment où l’on touche le fond de la nuit, au bout de l’année, là où tout semble mort. L’arrivée de la lumière est la promesse de salut.  Et, c’est à ce moment que les journées commencent à s’allonger peu à peu.  Cela se présente comme si la lumière apportée devait triompher petit à petit jusqu’à ce qu’elle atteigne l’autre pôle de l’année, le solstice d’été, la fête de la Saint-Jean.  Le moment du solstice est un moment qui permet de prendre conscience de la présence de l’Esprit dans la matière, comme un éclair de lumière dans l’obscurité, comme l’assurance d’une grande espérance.

Quant à sainte Lucie, elle serait l’ancêtre de la Fée des étoiles.  Lucie veut dire «Lumière», provenant du latin «lux» ou de «Lucis via» qui signifie «Chemin des Lumières».  Mais, connaît-on l’origine de la Fée des étoiles?  C’est un héritage de la fête qu’on célébrait autour du 22 ou 23 décembre, très près du solstice.  À un moment, il y a eu tout un décalage du calendrier qui explique pourquoi, chez les orthodoxes, on célèbre la fête de Noël avec un écart de douze jours de la date du Noël chrétien. Cela explique que la Sainte Lucie a été déménagée du solstice où elle se trouvait, pour se retrouver douze jours plus tôt, soit le 12 décembre. Cette dame a hérité de la notoriété d’une déesse antérieure au Christianisme, une déesse qui était associée à l’espérance de la lumière. Le mot fée vient du latin «fata», lui-même dérivé de «fatum», évoquant le «destin».  À l’origine, la fée désignait l’entité surnaturelle qui présidait à la destinée des hommes. Elle pouvait être bonne ou mauvaise pour celui sur le destin duquel elle se penchait.  On pourrait rapprocher les fées qui présidaient aux destinées des Parques de la mythologie gréco-latine, qui étaient supposées filer le fil de chaque existence, le dévider, puis le couper. Elles étaient généralement représentées sous les traits de dames, et elles revêtaient l’apparence humaine.

Pour sa part, le «Sol Invictus» renvoie à l’Étoile légendaire de Bethléem qui resplendit à nouveau d’année en année.  Elle est le soleil mystique de minuit qui pénètre la planète terre au moment du solstice d’hiver.  Du point de vue cosmique, c’est donc dans la nuit la plus longue et la plus sombre de l’année que naît le Soleil et qu’à minuit la constellation de la Vierge se trouve à l’horizon oriental pour donner naissance à l’enfant immaculé.  Le Soleil «meurt» pendant trois jours le 22 décembre, lors du solstice d’hiver, quand il arrête son mouvement vers le sud, avant de renaître le 25 décembre, lorsqu’il reprend son mouvement vers le nord.  Dans certaines cultures, le calendrier commençait initialement dans la constellation de la Vierge, ce qui amenait à considérer le Soleil comme «(né d’une Vierge».   À l’opposé, apparaissent les Poissons, et au milieu du ciel on aperçoit la magnifique constellation d’Orion avec, au centre, l’alignement des trois étoiles du Baudrier d’Orion qui, selon la tradition populaire, représentent les trois Rois Mages.

 Dans la Tradition, comme Jésus, le Soleil est dit la «Lumière du Monde».  Il «vient sur des nuages», et chaque œil est appelé à le voir.  Il se lève le matin devenant le «Sauveur de l’humanité»).  Il porte une «couronne d’épines» ou halo.  Il «marche sur les eaux».  Ses «disciples» sont les 12 mois de l’année et les 12 signes du zodiaque ou constellations, par lesquels il doit passer dans son périple annuel.  À midi, il est dans la maison ou le temple du «Plus Haut»;  par conséquent, il commence le «travail de son père» à l’âge de 12 ans.  Il entre dans chaque signe du Zodiaque à 30° ; en conséquence, le «Soleil de Dieu» commence son ministère à l’âge de 30 ans.  Enfin, il est tenu sur une croix ou «crucifié», ce qui représente son passage par les équinoxes, celle de Printemps étant Pâques (Easter), époque à laquelle il est ressuscité.

Qu’en est-il maintenant des divers éléments de la symbolique de la Nativité ?  La Grotte dans laquelle se réfugie la Sainte Famille représente symboliquement le corps de l’être humain.  Les deux triangles inversés du sceau correspondent respectivement à la pyramide de la montagne (triangle du haut) et au schéma de la grotte ou de la matrice (triangle d’en bas). Ce symbolisme exprime autant l’union du monde céleste et du monde terrestre que l’Homme Universel ou le Golgotha.  Dans le rocher du Golgotha, presque sous le trou où la croix  fut plantée, s’étend une caverne convertie en chapelle dédiée à Adam.  Selon une tradition hébraïque, reçue par certains Pères de l’Église, notamment saint Ambroise, on aurait enseveli le crâne d’Adam, que Noé avait conservé, mais que Sem aurait déposé en ce lieu, sachant que le Messie y mourrait.  Dans ce Saint Mystère,  Marie et Joseph renvoient aux principes féminin et masculin qui agissent de concert pour enfanter le Principe christique.  L’hôtellerie où Joseph et Marie se voient refuser un droit d’asile rappelle la société des hommes ordinaires, occupés à travailler, boire, manger, dormir.  La crèche, symbole de dénuement, représente les difficultés inhérentes à la Deuxième Naissance, car celui qui naît deux fois n’est pas compris des hommes ordinaires, remettant en question les structures et les croyances établies

Quant à la crèche ou à l’auge, installée dans cette Grotte, elle rappelle le centre Hara, le ventre, le centre des énergies inférieures, le lieu énergétique de la Seconde Naissance, situé entre le foie et la rate.  C’est là que l’Enfant fait sa gestation, prend sa forme, avant de naître et d’être déposé entre le bœuf et l’âne, un rappel des deux organes mentionnés.  C’est là, dans le centre Hara, que le disciple ou le chercheur doit faire naître en lui la nouvelle conscience : l’Enfant Christ véritable.

La crèche chrétienne, traditionnellement posée dans une grotte, désigne un lieu naturel abrité. Il ne s’agit pas d’une construction humaine, mais d’un espace vide aménagé par les phénomènes naturels.  Dans la grande majorité des traditions, la grotte renvoie au lieu initiatique par excellence, illustrant l’intériorité, les profondeurs du ((moi)), le lieu secret ou le cœur de l’être.  Son aspect naturel l’oppose aux édifices construits de main d’homme. Ce qui fait pressentir que ce lieu n’est pas celui de la pensée rationnelle, celui des idéologies ou des dogmes.  Il s’agit plutôt d’un lieu sauvage et naturel, enfoui dans l’être humain, évoquant un creux, un vide, une vacuité dans le roc des certitudes ou une brèche dans la montagne des savoirs.  La grotte illustre aussi le lieu souterrain ou le lieu d’enfouissement où se vit la mort et la renaissance que l’on nomme «résurrection», soit le lieu où la fin d’un cycle en prépare un autre.  La présente naissance se produisant au cœur de la nuit, dans la plus grande obscurité, le temps de cet accouchement suggère aussi une absence.  Elle se produit encore au cœur de l’hiver, quand rien ne bouge dans la nature, quand tout est enveloppé dans le long sommeil annuel, indiquant que cet événement ne dépend d’aucune activité, mais répond simplement au cœur du manque, absence de lumière, de chaleur et de vie, qui suscite le désir d’une délivrance.  Il se produit encore dans un creux, un espace vide du temps, développant le concept psychologique que le désir va porter son fruit. Voilà qui laisse entendre que le vide appelle le plein, que le manque engendre les conditions de la plénitude. C’est le temps où le grand s’est fait petit.  C’est le temps de la décroissance absolue, le bas du cycle, le creux de la vague.

La crèche, en fait une mangeoire, est un réceptacle de pierre ou de bois évidé qui reçoit la nourriture des animaux.  Mais, en ce jour particulier du solstice d’hiver, elle est vide pour que puisse y prendre place Celui qui est, qui était et qui vient.  Mais on n’en est pas encore à minuit.  Pour le moment, il n’y a pas de nourriture : dans ce creux du «moi», un vide du temps et de la matière, rien n’alimente encore l’appareil psychologique. La paille et l’enfant devront apparaître pour lancer le cycle de l’opération nouvelle. Pour l’instant la crèche exprime l’attente passive, une quiétude sans intention.  La crèche de Noël est en correspondance avec les signes du zodiaque, qui représentent une scène de la vie intérieure de l’être humain.  Lorsque l’être humain décide de se perfectionner pour faire naître le Christ en lui, il commence par entrer en conflit avec les forces de sa nature inférieure, entre autre de sa sexualité.  Il confronte le bœuf et l’âne, dépositaire de forces d’une grande utilité pour celui qui sait les orienter vers le travail de la transmutation.  Ce sont les forces qu’il doit maîtriser pour les mettre au service de l’Enfant divin.  C’est pourquoi il est dit que dans l’étable, le bœuf et l’âne soufflaient sur l’enfant Jésus pour le réchauffer de leur haleine.  Quand l’être humain réussit à transmuer en lui l’âne et le bœuf, ils viennent réchauffer et alimenter l’enfant nouveau-né.

Dans l’Antiquité, le bœuf a toujours symbolisé le principe de la génération, de la fécondité, de la fertilité.  Il est sous l’influence de Vénus.  Il représente un taureau châtré, donc la force sexuelle maîtrisée.  Quant à l’âne, animal sous l’influence de Saturne, il symbolise la personnalité, soit la nature inférieure, le vieil homme têtu, buté, mais bon serviteur.  L’âne, cet animal souvent bâté, symbolise les églises, les religions ignorantes de l’ésotérisme. C’est la bête monture des pauvres ou le cheval inférieur, mieux dit, la cabale inférieure des pauvres, prisonniers de l’exotérisme, de la religion extérieure.  Pourtant il sait porter les fardeaux.  Ici, il réchauffe l’enfant et, au jour des Rameaux, il saura porter le Christ.  Il porte les mystères, les objets du culte et les reliques, les débris des religions antiques.  Il porte le fou à la fête des fous, le feu qui dévore l’être humain. Mais il symbolise également Satan, un des témoins de la nativité. Comme il représente la tradition vulgaire et le rigorisme ignare.  Quant au bœuf, c’est l’animal des sacrifices.  O (le soleil) + le croissant (la lune, une force modique) le taureau, le signe d’exaltation de la Lune.  L’âne et le bœuf sont nécessaires : ils désignent respectivement la foi et la connaissance.  Le bœuf représente la foi aveugle et naïve.

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