LA MODÉRATION AMÈNE À APPLIQUER LE JUSTE MILIEU EN TOUT…

La modération, qu’on appelait autrefois la «tempérance», désigne la qualité ou la vertu de la personne qui s’écarte de tout excès, qui fait preuve de pondération et de mesure dans sa conduite, son attitude et ses mœurs.  Elle porte à discipliner son être dans ses désirs et à dompter ses passions trop animales ou primitives afin de gagner en raffinement et en Lumière.  Il ne peut y avoir de modération dans le vice, ce qui n’empêche pas l’abus d’une bonne chose de rester un abus.  Ainsi, la modération résulte d’une quête du juste milieu en tout pour échapper aux extrêmes qui induisent dans la douleur et la souffrance. Préservant les mœurs saines, elle se veut un facteur d’harmonie et d’équilibre, probablement aussi de cohésion sociale et de longévité.  Elle consiste à trouver le point médian qui amène à se permettre de faire l’expérience d’un peut de tout, mais sans exagération.  Pour sa part, Joseph Hall estimait: «La modération est un fil de soie qui relie toutes les perles de la vertu.»  Puisqu’elle prévient les dégâts et les dommages, maintient l’intégrité demodérations énergies, avant lui, la majorité des sages en ont fait l’éloge.  En effet, elle permet de rester le maître de ses inclinations et de ses pulsions plutôt que d’en devenir l’esclave.

En effet, le mal, si mal il y a, ne réside pas dans les choses, mais dans l’abus des choses, en trop (excès), ou en trop peu (carence).  Toutefois, cette mesure doit s’établir par rapport à soi, conformément à la Loi cosmique, non par rapport à des normes morales ou sociales.  Elle aide à faire comprendre que celui qui tente de répondre à tous ses désirs, ce qui reste impossible, tellement ils s’enchaînent rapidement, en vient à vouloir toujours plus et toujours trop par rapport à ses besoins évolutifs réels.  Quand un être fait sa première motivation de la réalisation des désirs, dès qu’il ne parvient pas à les satisfaire, il entre dans la frustration, puis il sombre dans la dépression.  En modérant ses désirs, il s’évite les regrets, les déceptions, souvent les remords.  Il en vient à chercher de plus grandes gratifications que celles auxquelles il aspire dans sa chair et sa sensibilité, bien qu’elles ne comblent pas vraiment, en venant à désirer plus de lumière et de réalisations supérieures.  Puis il cesse de tourner en rond dans le cercle vicieux des expériences connues qui sclérosent.

À celui qui aspire aux réalisations spirituelles, à trouver plus d’être, tout est donné par surcroît, y compris la compréhension de ses vaines attentes antérieures.   En fait, l’être humain doit apprendre à tout situer dans la perspective du possible et du raisonnable pour éviter l’exagération qui perturbe l’esprit, trouble la paix intérieure, entraîne dans la confusion.  À l’autre extrême, l’abus de la modération témoigne de la peur de vivre, de la médiocrité, ce qui amplifie la confusion.  Il s’agit de la tromperie raisonnable du diable, d’un compromis qui ne satisfait personne.  Le diable, c’est toujours le mental tentateur, l’instrument de la personnalité rebelle.  L’abus, c’est l’attitude du faible, du poltron, de celui qui ne sait pas prendre une position.  La sérénité résulte de la pondération des désirs et des émotions.

Curieusement, Saul de Tarse, plutôt sévère en général, a écrit dans une des ses épîtres: «Il ne faut pas être sage plus qu’il ne faut, mais l’être avec modération.»  Montaigne l’a presque paraphrasé en disant: «La sagesse a ses excès et n’a pas moins besoin de modération que de folie.»  Autrement dit, tout être gagne à donner à César ce qui revient à César et à Dieu ce qui revient à Dieu.  Il trouve sûrement avantage à donner à son corps et à son esprit ce dont ils ont besoin, de même qu’à son âme, sous le regard vigilant de son Esprit.  Le Créateur divin n’a créé aucune faculté, aucun besoin, aucun désir mauvais en eux-mêmes.  Même que le désir est le support de la motivation qui tire de l’indolence et de la stagnation.

Dans le mot «pondération», qui est un synonyme presque parfait de «modération», on trouve le caractère de celui qui sait se maîtriser, établir le juste équilibre de ses tendances contraires.  L’être pondéré témoigne qu’il a trouvé la véritable Voie du Milieu et qu’il s’y maintient sagement.  Il avance dans la vie calme et serein parce qu’il se maîtrise de son mieux, agit de façon mesurée et modérée, cherchant toujours l’équilibre, évitant les excès.  Il reste constamment à la recherche du juste équilibre de ses tendances, incapable de préjugés et de partialité.

Il s’agit encore de l’application de la loi du Juste Milieu qui stipule : «Un peu de tout sans abus».  Cette maxime n’invite pas à tout essayer dans la vie, mais à valider toutes les expériences dont on ressent le désir ou dont on porte l’inclination de mener, pour savoir de quoi elle retourne.  Puisque le bien et le mal n’existent pas, chacun doit découvrir, par le discernement, ce qui lui convient et ce qui ne lui convient pas, sans imposer sa mesure à qui que ce soit d’autre.  Mais, pour former ce discernement, il ne doit pas se contenter de disserter ou de spéculer, il doit passer à la pratique, il doit mener des expériences.  En cela, il gagne à écarter ce qui lui fait du tort et à favoriser ce qui lui est bénéfique.  Il gagne encore à s’éviter l’abus, soit l’action qui dépasse la mesure ou qui amène à user avec excès, qui dévitalise et fait régresser.

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