L’IMPOSTURE DE LA CRAINTE

   Il est dit dans l’Ancien Testament: «La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse.» (Proverbes 1, v 7)  Sauf qu’il a aussi été dit et écrit, dans le Nouveau Testament: «La crainte n’est pas dans l’amour, mais l’amour parfait bannit la crainte; car la crainte suppose un châtiment, et celui qui craint n’est pas parfait dans l’amour.» (1 Jean 4, v 18)

   La crainte ou la peur représente la vibration la plus puissante qui attire immanquablement à un être ce qu’il persiste à redouter.  Pis encore, en plus de faire souffrir, elle paralyse les facultés mentales;  elle bloque la communication avec les facultés supérieures;  elle  fait perdre toute contenance, avec  la sérénité et le sang-froid,  et, parfois, toute dignité;   elle altère la santé;  et elle fait vieillir de façon prématurée.  Cette tension émotionnelle attache intensément sur le plan sensible ou astral empêchant d’accéder au plan spirituel où s’obtient la protection et où les manifestations se réalisent en probabilités ou en certitudes.  Autant dire qu’elle empoisonne toute l’existence, commençant par engendrer des poisons organiques qui prédisposent à la maladie.crainte-de-Dieu5

  La peur naît chez un être qui croit au hasard, qui se sent coupé de l’Absolu et qui, en conséquence accorde plus d’importance aux apparences qu’à la Réalité spirituelle.  Elle surgit des fausses valeurs qu’il entretient parce qu’il a oublié son identité, avec ses privilèges naturels et innés, comme l’immensité de son pouvoir et le sens de sa souveraineté absolue dans son univers.  En général, cet être hanté, qui redoute toujours de se faire enlever le peu qu’il possède, l’arbitraire du sort, ce qu’il appelle l’injustice de la vie, ne cesse de projeter ses torts et il cherche à s’emparer de tout avant les autres, pouvant aller jusqu’à tenter d’influencer la volonté immuable de Dieu, plutôt que de chercher à comprendre ce qui lui arrive et de procéder à des changements dans sa propre vie.

   À l’origine, la peur repose sur la crainte de disparaître dans le néant, d’être attaqué injustement, de perdre quelque chose.  Au paroxysme, il entretient la peur d’avoir peur, l’émotion la plus destructrice et la plus ridicule, parce qu’elle induit dans une série de conduites erratiques.  Cet être ignore qu’il ne peut mourir, sans disparaître, qu’au moment fatidique marqué par le plan de son âme, donc qu’il n’a pas à redouter de vivre ce qu’il ne s’est pas attiré ou ce que d’autres qui vivent à proximité se sont attirés.

   Après tout, au-delà des apparences, tout être reste éternel, donc essentiellement indestructible, puisque, au-delà du voile, il peut vivre dans la plénitude, la félicité et la perfection.  Au cours de son incarnation, il n’est jamais menacé et vulnérable que dans la mesure qu’il transgresse les lois naturelles ou les principes cosmiques.  S’il comprend bien le sens de ce propos, il ne peut que choisir de se tirer de son inconscience ou de son ignorance temporaire en apprenant à se connaître à l’intérieur de lui-même.

   Puisque Dieu est omniscient, omnipotent, omniprésent et omniagent, puisqu’il exprime l’Amour parfait et la Bonté infinie et qu’il ne juge et ne punit jamais, puisque tout vibre en Dieu, d’où peut provenir la moindre menace?  Qui est avec Dieu n’a rien à craindre!  Car, au fond, avoir peur, ce n’est rien d’autre chose que de croire davantage à la puissance du mal qu’en celle de Dieu.  C’est pourquoi rien d’autre ne peut délivrer de la peur que le rappel de provenir de Dieu, d’avoir son être et de se mouvoir en lui.  Chacun peut renouer avec lui son lien à tout moment pour obtenir la plus infaillible des protections.

   À bien y penser, la Vie, qui vient de Dieu, ne peut comporter la moindre disposition inamicale ou hostile à l’endroit d’une créature divine.  Qui avance main dans la main avec Dieu, se sentant part de lui, ne peut que se savoir animé d’une sempiternelle force invincible et infaillible.  Puisque Dieu est l’Être suprême et unique qui contient le Tout, chacun gagnerait à donner force à un pouvoir concurrent inexistant, mais qu’il peut engendrer, puisque le subconscient ne fait aucune distinction entre une fiction et une réalité.  Dans le Cosmos, tout est Lumière contre laquelle les ombres ne peuvent prévaloir.  La Lumière triomphe toujours des erreurs et des échecs apparents.

   Alors, la question se pose : où peut résider la peur si ce n’est dans un cerveau débile, au sens de ne pas avoir achevé sa maturation, qui lui donne force et l’entretient?  Dans ce cas, n’est-elle pas simplement une aberration qui permet bien maladroitement d’empêcher de vivre et de justifier son apparente impuissance?  Le Grand Adversaire, le Susciteur d’obstacles, le Maître des épreuves initiatiques, ne le sait que trop bien : la peur ne peut s’introduire et produire ses fruits malsains que chez celui qui lui ouvre la porte, l’accueille et lui donne du pouvoir, puisque chacun est libre et souverain dans son univers.

   Peut-être appréciera-t-on les propos d’un grand chrétien, Camille Loty Malebranche, qui détonne avec la pensée des théologiens formalistes et rigoristes: «L’esprit éveillé et digne de sa faculté de jugement pour agir avec discernement, dépasse le stade du châtiment. L’image du fouet châtiant, est avant tout, référence à la punition infligée à l’insensé refusant la sagesse, trop englué dans les travers néfastes de son jugement lacunaire, et qui donc, ne peut être raisonné pour lui-même et, parfois, pour la protection d’autrui, que par l’usage de la force et de la terreur.»  Et, avec raison, il ajoute plus loin: «Celui qui dit croire en Dieu et qui le craint, au point de craindre qu’il devienne châtieur, ne connaît pas Dieu et sa foi reste à la surface du théologique.»  Et pour se faire comprendre, il explique: «L’homme de la foi théologique est un bigot, un religieux de secte et d’église qui tente de «scientifiser» exégétiquement et de légiférer institutionnellement le rapport à Dieu. Il est facilement malade des menaces fouettardes d’écrits soi-disant sacrés et de l’herméneutique mystifiante officielle qu’en fait la prêtraille matoise des églises, ces communautés d’affairistes qui brandissent leur appellation de dénominations religieuses comme un logo d’institutions commerciales pour orchestrer leur marchandage macabre du «sacré». Et pourquoi, elles  ne règnent que par la terreur de la théologie, la simonie inavouée, ne pouvant rien transmettre de proprement spirituel.»  On pourra compléter la lecture de ce texte de son blogue, dans lequel il en rajoute copieusement à l’encontre des fondamentalistes religieux, en suivant le lien électronique qui suit: http://intellection.over-blog.com/la-crainte-de-dieu-est-elle-une-vertu-de-la-foi.

   L’être humain n’a pas été créé pour vivre à genoux ni pour s’incliner devant Dieu, puisqu’il est né Prince d’Essence et de Substance, du Couple royal unique, il a été créé pour témoigner de sa Gloire et de sa Magnificence, en se découvrant créé à son image et à sa ressemblance, détenteur d’une Puissance qui ne lui laisse aucune raison de craindre quoi que ce soit, à part son ignorance et ses négligences.

© 2015-16, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime

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