LA CONCENTRATION – I

            Pour apprendre, il faut d’abord se concentrer, être attentif.  Toute connaissance vient par la concentration.  Tous les étudiants qui se penchent sur leurs livres, le soir, savent qu’il faut que la pensée s’arrête sur le sujet de l’étude pour en assimiler la matière.  Autrement, il n’en reste rien.  Il faut éviter de croire que la concentration provient d’un héritage congénital.  C’est une faculté, ou plutôt une activité des facultés qui se développe par la pratique.  Le jeune enfant apprend péniblement à marcher, mais, avec de la patience et de la persévérance, il finit par y arriver.  La concentration suit la même loi : au début, on doit travailler sans résultat apparent et, tout à coup, on récolte le fruit de ses efforts, l’esprit, jusqu’alors inactif, se met à opérer.

            La curiosité représente un stimulant puissant de conservation de l’intérêt et de la concentration.  Le premier pas vers la concentration réside dans la découverte d’un stimulant qui incite à la pratique.  À ce moment précis, la curiosité joue son rôle.  L’esprit qui désire connaître se projette déjà dans l’état propice à la concentration : il veut s’absorber dans un sujet, il manifeste son intérêt pour lui.  Alors, ceux qui veulent connaître l’Univers, qui existe en eux et autour d’eux, devraient comprendre comment se mettre en marche;  ils n’ont qu’à commencer à chercher, pour construire leurs forces mentales et ils parviendront à connaître nombre de réalités.  De toute évidence, l’intelligence est une faculté innée.  Par exemple, le Yoga, que nous enseignons, ne donne pas l’intelligence, mais il en permet l’usage maximal en préparant l’organisme, en lui inculquant les dispositions favorables.

            Sans la recherche, il n’existe pas de découverte.  Dans une disposition défavorable, on mène une recherche pénible.  Les adeptes du Yoga manifestent un certain degré de curiosité puisqu’ils entreprennent l’étude d’une réalité nouvelle.  Ils veulent apprendre du nouveau sur eux-mêmes.  Le reste va de soi, car il relève de l’apprentissage et du travail.  Mais c’est le même fondement qui supporte leurs efforts.  Pendant la recherche, parfois ardue, la curiosité entretient l’enthousiasme car, en général, celui qui s’y adonne témoigne d’une certaine fébrilité.

            Lorsque surgit une difficulté, le fait de savoir méditer permet de développer ses facultés d’adaptation et d’équilibre et rend moins difficile la nécessité d’affronter les contrariétés.

            La concentration permet de solutionner nombre de problèmes de la vie quotidienne qui causent de l’angoisse et de l’animosité.  Parce que le rythme de la pensée change, devenant plus lent et plus calme, on peut regarder les événements d’un regard plus objectif.  L’objectivité qu’on y gagne permet de voir le lien d’une situation avec le reste de l’Univers, évite qu’on s’effondre au cours de son évolution, favorisant qu’on s’y engage de façon constructive. 

            La jeunesse, le résultat d’une vie concentrée, c’est cette faculté toujours disponible de s’émerveiller devant l’avenir et de s’absorber pleinement dans l’aujourd’hui.

 

LA CONCENTRATION II

(en lien avec la mémoire et le phénomène de l’oubli et du souvenir)

 

            En vérité, on comprend mal cette faculté qu’on appelle la mémoire et on lui assigne un conditionnement négatif.  Plusieurs se plaignent d’un manque de mémoire parce que, dans un moment d’angoisse, ils se sont sentis incapables de se souvenir d’un détail important et qu’ils ont été blessé dans leur amour-propre en s’entendant dire : «Tu n’as donc pas de mémoire!»  Par la suite, ils ont pu se faire passer nombre de fois la même remarque, qui devient peu à peu une suggestion.  Ensuite, dans la tension, un trou de mémoire en entraîne un autre : la crainte d’oublier agit sur le processus mental et il crée un blocage.  On se sert également de la mémoire de façon négative dans d’autres circonstances.  Lorsque le présent offre des difficultés à résoudre, on a tendance à dire que le passé était plus favorable que le présent.  On développe une double personnalité qui amène à se dérober au présent.  L’imagination fait parer le passé de couleurs favorables, mais elle fait percevoir le présent comme de plus en plus noir.  À jouer ainsi avec la mémoire, on en détruit l’efficacité tant qu’on ne revalorise pas le présent.

            L’oubli n’existe pas.  La conscience, faculté superficielle de la connaissance, paraît oublier, mais le subconscient, la faculté totale ou l’entendement intérieur, conserve tout, retient tout.  C’est l’intérêt que suscite un événement qui ramène à la conscience les détails qui l’entourent.  Chez une personne âgée, c’est le changement qui s’opère dans la façon de voir qui fait que les détails de l’enfance prennent une nouvelle dimension.  Les vieillards, peu absorbés dans le présent, tirent de l’enfance une joie de se souvenir.  Dès lors, l’enregistrement des faits paraît parfait et la mémoire s’ouvre pour laisser passer, sur l’écran intérieur, l’univers des images enfouies dans ses voûtes.

            Une attitude complètement dégagée de la crainte et de l’angoisse permet l’apparition sans encombre des images enregistrées dans le passé.  L’amnésie apparente que l’on s’inflige, par désir d’oublier ce qui paraît inutile ou pénible, est remplacée par une clarté sans pareille.  Tout ce qu’on a vu, entendu, lu, appris, dit, est implanté en soi.  En se faisant réceptif, on parcourt ses souvenirs et on se relie aux sources qui deviennent tout à coup utiles.  Même ce qu’on a enregistré alors qu’on était consciemment distrait, reste présent dans le subconscient et peut ressurgir au moment où cette information devient soudainement utile.

            Le cerveau ne contient pas les idées, pas plus que la boîte d’un téléviseur ne contient les images qui apparaissent sur son écran.  Ces images proviennent de la station émettrice de télévision par le biais d’appareils récepteurs qui les emmagasinent et les projettent.   L’appareil de son domicile les capte pour ensuite les transmettre.  Les vibrations qui composent chaque image gravitent dans l’Univers autour des êtres.  De même, les idées que la mémoire projette sur l’écran intérieur proviennent des vibrations dans l’éther que le cerveau capte en tant qu’appareil récepteur et transmetteur.  Nul n’élabore les idées, car les idées sont des choses.  Toutes les idées préexistent dans la Substance cosmique : chacun les attire conformément à son taux vibratoire modulé par son état dans le moment présent. 

 

Janaka-anandâ © 1980-2014 Yogi Inn, Vermont, USA.

     

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