DIEU, FAUT-IL PASSER PAR LA SAINTETÉ POUR ACCÉDER À TON ROYAUME SUBLIME?

 

Mon Fils, je comprends ton questionnement.  Tu as appris dans ton enfance que la sainteté, c’est ce qui caractérise la nature de Dieu et, par extension, ce qui amène à vivre une vie parfaitement vertueuse.  On vous a si souvent dit que vous étiez d’une nature différente de celle de Dieu, d’une nature souillée par le péché originel, d’où il vous fallait vous humilier, vous reconnaître petits et peccables, car vous ne pouviez accéder au salut que par sa grâce, la perfection dépassant vos seules forces humaines.  Mais n’est-ce pas aussi le titre de respect par lequel vous honorez les papes catholiques et les grands personnages religieux dont plusieurs, à mon avis, ne méritent pas une imputation aussi pompeuse?

saintetéLe culte des saints représente probablement l’une des créations les plus originales, mais aussi les plus paradoxales, du Christianisme.  Par exemple, il a sérieusement modifié la portée du monothéisme de la religion dont il est issu, le Judaïsme, qui ne tolérait aucune autre vénération que celle de Yahvé.  Il eut cet avantage que, par des qualités extraordinaires qui valaient aux âmes pures le privilège de siéger à la Cour céleste, d’y jouer un rôle d’intercesseur auprès de moi, il mettait le ciel à la portée de tous les fidèles.  Dans le même temps, à l’inverse, il entraîna le culte étrange de la vénération des reliques et des images saintes, tellement réprouvée avec raison par la religion musulmane, la fabrication de pures légendes à propos des premiers saints et, surtout, l’établissement de pratiques et de liturgies qui ont largement écarté les gens de l’adoration qui n’est due qu’à moi.

Le culte des saints remonte aux débuts du Christianisme, mais, jusqu’au Xe siècle, le clergé, répondant à la maxime ((Vox populi, vox Dei)), procédait à la canonisation des candidats présentés à la béatification ou à la canonisation de façon empirique par la simple promulgation d’une bulle.  Au début de cette religion, dont tu proviens, c’étaient les églises locales qui géraient ce culte et qui définissaient les critères d’accès à la sainteté, des critères qui ont beaucoup varié à travers les années.  Cette coutume locale de décréter la sainteté s’enracinait plus facilement dans les habitudes de vie des communautés de fidèles, plus proches de leur conception du surnaturel.

Mais voilà qu’avec la mainmise assez récente de la Papauté sur la démarche de la sanctification, une mainmise partielle et progressive à partir du Moyen Âge, cette dernière s’est faite de plus en plus à partir de critères idéaux et abstraits, rendus plus homogènes, et elle exigeaient généralement la production de miracles de la part du candidat étudié.  Depuis, le saint a représenté de moins en moins un modèle pour les gens ordinaires, puisqu’il était désormais présenté comme un être hors norme, que j’aurais favorisé, semble-t-il, dès sa naissance.  C’est ainsi que cet être béni devenait plutôt un intercesseur susceptible d’ouvrir l’accès à ma grâce, notamment pour obtenir le détournement des malheurs de l’existence.

Vous devez savoir que, jusqu’au XVIIIe siècle, la majorité des êtres humains béatifiés ou canonisés provenaient du milieu des évêques et des religieux appartenant aux ordres mendiants et aux congrégations de clercs religieux, aux tiers-ordres mendiant créés par des femmes, mais très rarement des rangs des prêtres séculiers et des laïcs.  En outre, pendant longtemps, peu de femmes purent jouir du privilège de la béatification ou de la canonisation, ayant du mal à se faire voir du fond de leur cloître.  Car, entre nous, entre l’être béatifié et l’être canonisé, il n’y a aucune différence, si ce n’est que, pour vous, l’un est plus officiellement reconnu dans sa sainteté.

Nul ne doit se surprendre que, pour beaucoup d’êtres incarnés, l’appel à la sainteté a fini par attester d’un avenir de bonheur qui retirait du présent  puisque, souvent, il était présenté comme découlant d’une autre manière de vivre opposée à celle de votre dimension terrestre.  Aujourd’hui, on a beau vous dire que cet état de réalisation correspond à l’épanouissement ultime que je veux pour tous les hommes, on vous l’a toujours présenté comme au-delà de vos moyens personnels.  Il ne pouvait s’accomplir que chez celui qui marchait dans la grâce de Jésus, afin de mûrir dans le Christ, de manière à pouvoir un jour entrer en adulte dans mon Royaume de gloire.  Pourtant, il me semble avoir dit allégoriquement, par lui, que vous considérez comme mon Fils unique, qu’il n’y avait que celui qui ne pouvait redevenir un enfant qui pouvait entrer dans mon Royaume de Félicité.

En fait, le problème de la sainteté, dans les systèmes religieux, c’est qu’elle est présentée comme le résultat d’une vie exemplaire sur le plan moral ou religieux.  Ainsi, nul n’y peut parvenir qu’en collectionnant les vertus.  Comme la vertu représente la ((disposition constante qui porte à faire le bien et à éviter le mal)), c’est là que les problèmes commencent.  Car la notion de bien et de mal a toujours changé à travers les âges, les religions, les cultures et les civilisations.  En outre, cette notion entretient dans la dualité et écartèle entre les extrêmes au lieu de diriger vers l’Unité.

Sans compter que la sainteté amène à vous imposer un grand nombre d’obligations et d’interdictions, d’où, après vous être surveillés pour savoir si vous les respectiez, il ne vous reste plus grand temps pour vivre dans la détente et la joie.  Trop souvent, dans les conceptions religieuses, elle passe par la collection des vertus, ce qui complique la tâche de votre réalisation.  Car le saint doit passer sa vie dans la hantise du péché et, s’il lui arrive de pécher, il doit s’en formaliser, en tirer une grande culpabilité et s’empresser de s’en purifier.  Pour être reconnu comme saint, tout aspirant à la sainteté doit détenir, à la perfection, toutes les vertus.   De ce fait, cet état sublime place l’être humain au milieu de la croix, le seul endroit où il peut rayonner, puisqu’il doit se faire le lieu des noces entre le Ciel et la Terre, comme entre l’horizon et l’axe vertical.

Vos instructeurs spirituels vous auraient facilité la vie en définissant la sainteté comme l’état de santé sacrée qui résulte de l’équilibre de tous les véhicules d’expression, subtils ou denses, qui constituent votre être dans sa globalité.  Car la sainteté correspond à un état de conscience élargie qui permet de fusionner avec le Ciel et de rayonner comme le Soleil, méritant de recevoir en soi l’Esprit-Saint, ce qui aide à construire le corps de gloire.  Pour cette raison, il vaudrait mieux la considérer comme un état de maîtrise de votre être, un état qui résulte de la parfaite connaissance de vous-mêmes dans toutes vos aspects et dimensions.  Elle résulte de l’œuvre progressive de la Lumière spirituelle à travers vous d’incarnation en incarnation.

Pour aucun d’entre vous, la sainteté ne doit représenter un idéal personnel, mais simplement un moyen de vous accomplir et d’aider tous les êtres à atteindre la Perfection divine avec mon aide et celle de la Hiérarchie invisible.  Elle consiste à assigner un but divin de reconnaissance à votre vie et de l’atteindre.  Pour l’instant, dans l’expérience concrète et quotidienne, elle vous amène à reconnaître ce que vous êtes, à travers ce que vous n’êtes pas, et à obéir à votre nature la plus intérieure, à votre Centre divin.

Ainsi, d’après la définition des religions, la sainteté implique un degré de réalisation spirituelle moindre que l’accession à la Maîtrise spirituelle, parce qu’elle préconise la perfection morale plutôt que la fusion du Ciel et de la Terre et l’Illumination en Dieu.   Elle incite à toujours avancer sur la Voie spirituelle, en gérant bien, provisoirement, ce que la Providence fait sien pendant la phase d’une vie, qui file comme un éclair.

La sainteté incline à laisser retourner à la Matière ce qui lui appartient, en cherchant les biens imputrescibles, ceux qui sont de l’ordre du Royaume de Dieu, engendrant facilement une dichotomie.  Elle requiert de discerner entre le réel et l’illusoire, d’abandonner les désirs médiocres qui enchaînent à la matière.  Elle réclame des efforts constants et épuisants jusqu’à vous humilier et à faire des sacrifices.  Elle vous recommande de vivre détachés des fruits de vos actions, d’écarter la peur et la souffrance, bien que, parfois, certains préconisent cette dernière comme moyen de salut.

À la vérité, la sainteté ne peut se définir que par l’état paradisiaque ou par une vie parfaitement en accord avec la Volonté et la Loi de Dieu, selon son rôle fonctionnel, ce qui permet d’accéder à la Perfection.  La sainteté ne devrait rien proposer d’autre que de transcender les quatre temps des cycles afin de devenir un miroir étincelant de la Lumière divine.

Dans ma Conscience, je reconnais le saint comme celui qui a accompli sa part du Plan cosmique et qui a réintégré la Conscience cosmique au niveau du Ciel de l’Idéal.  Il lui reste du travail à faire : franchir un autre niveau de conscience.  Mais je reconnais le Maître comme un égal, comme celui qui s’est accompli au niveau de ma Perfection.

À mon avis, le saint et le maître ne devraient faire qu’un.  Ce n’est pas moi qui ai inventé le mot ((sainteté)) ni qui vous a jamais conviés à cet état.  Je vous ai plutôt destiné à la Maîtrise totale, en évoluant à votre rythme, selon votre compréhension et vos moyens.  Ainsi, vous vous élèverez plus haut que la sainteté, vous atteindrez l’Initiation suprême ou l’Illumination finale.  Je conclue en te disant : sois un Maître plutôt qu’un saint!

© 2009-2015 Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

A propos de l'auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *