DIEU, LA CONTRACEPTION ET L’AVORTEMENT SONT-ILS DES RECOURS LÉGITIMES?

 

Si je n’avais pas accompagné l’acte sexuel du plaisir, il y a fort à parier que la majorité des êtres humains s’en seraient désintéressés.  Ainsi, dans ses activités sexuelles, s’il n’était pas mené par le plaisir, qui l’amène souvent à transgresser les lois naturelles, je n’aurais pas à traiter avec toi du problème de la contraception.  Car, en principe, il n’y recourrait que pour procréer au lieu de chercher d’abord à assouvir sa quête de jouissance.

Précisons que nous acceptons la «contraception» comme l’ensemble des méthodes volontaires propres à éviter la fécondation de façon réversible et sous-vetement-sur-corde-a-lingetemporaire.  En plus clair, ils servent à empêcher une grossesse lors d’une relation sexuelle entre un homme et une femme.  Autrement dit, le contrôle des naissances regroupe tous les moyens qui visent à réduire le taux de fécondité.  En quelque sorte, pour les humains, ces procédés représentent un moindre mal, au sens où vous dites qu’entre deux maux, il faut choisir le moindre.  Ce qui est étrange, comme relent d’une civilisation patriarcale, c’est que l’odieux de la majorité des agents, dispositifs, méthodes ou procédés pour diminuer la probabilité d’une conception ou de l’éviter restent largement de la responsabilité de la femme.

Dans plusieurs cultures, la sanctification de la procréation nombreuse se fonde sur le fait que les Textes sacrés recommanderaient la fécondité.  C’est une interprétation erronée qui s’appuie sur une injonction humaine et historique qui pouvait faire sens, au moment de sa promulgation, mais qui a perdu tout sens aujourd’hui.  Les prêtres des religions antiques prenaient l’ordre divin de croître et de se multiplier au sens littéral, alors qu’il faut, comme dans tout principe spirituel, y chercher plutôt un sens symbolique.

À une étape de l’évolution humaine, dans les petits peuples, c’est-à-dire chez les peuples qui comptaient peu d’individus, plus on engendrait d’enfants, mieux on pouvait s’assurer mutuellement la sécurité à tous les niveaux.  Entre autre, on pouvait mieux se défendre contre ses ennemis, surtout s’ils étaient nombreux.  Quant aux religions, plus les familles procréaient, plus elles donnaient de bras pour défendre la foi du peuple et accroître son rayonnement.

Encore aujourd’hui, certaines confessions religieuses, à l’instar de l’Église catholique, préconisent l’abstinence comme seul moyen de contraception auprès de leurs fidèles.  Les premiers Chrétiens eux-mêmes ont condamné tout contrôle de la fécondité qui permettait le plaisir mais empêchait la procréation. Ils considéraient l’avortement et la contraception comme des pratiques similaires, à savoir des tentatives pour profiter des plaisirs du sexe, sans engendrer d’enfant.  Toutefois si ces dénominations religieuses condamnent le plaisir sans procréation, elles glorifient l’abstinence et la chasteté, sous les pieux prétextes que ces vertus confèrent le sens de la responsabilité et la maîtrise de soi, confortent l’amour conjugal qui peut amener un mari à vouloir éviter à son épouse des grossesses répétées, renforce l’attachement à l’égard des enfants que l’on pourra élever avec d’autant plus de soin qu’ils seront moins nombreux.  Pourtant, la contraception, si elle respecte les lois de la Nature, ne permet-elle pas d’arriver au même résultat?  C’est ainsi que, comme vous dites, votre monde polarité est divisé, presque à égalité, entre les tenants de la philosophie pro vie et ceux du pro choix.

Aujourd’hui, sur une planète presque surpeuplée, qui peut difficilement, à cause des politiques restrictives des pays, nourrir tous ses enfants, la contraception prend un nouveau sens.  Et que dire des conséquences d’une grossesse non désirée?  Dans ces cas, la contraception devient un moyen pratique et licite de mettre un frein à l’accroissement de la population et, par là, à l’augmentation de la disette, pouvant dégénérer en grande famine, ou d’empêcher la naissance d’un enfant dont l’évolution deviendrait problématique.  Surtout que, dans la vie contemporaine, libérés des interdits religieux ou moraux, les individus ont trouvé un autre sens à leur vie que de simplement fonder une famille et d’élever des enfants.  C’est une expérience suffisamment vécue pour que certains puissent enfin choisir de s’occuper d’eux-mêmes, en espérant qu’ils choisissent d’abord de s’occuper de leur propre évolution.

Mais, tu languis de me poser des questions à propos d’un sujet connexe.  Alors, puisque nous parlons de contraception, pourquoi ne pas inclure l’aspect de l’avortement?  Pour l’humanité, il s’agit d’un sujet délicat, sérieux, parfois tragique.  Ce sujet a torturé nombre de consciences et il a provoqué des situations bouleversantes, déchirantes, pathétiques.  Alors, abordons-le dans une compréhension éclairée, conforme au principe du Juste Milieu.

En théorie, l’acte sexuel vise la propagation de l’espèce dans l’espace et le temps.  À cet égard, sa fréquence devrait être gouvernée par les cycles de la Nature, comme c’est le cas chez la plupart des animaux.  N’est-il pas significatif que la femme ne soit fécondable qu’un nombre restreint de jours par mois et que, dans ce domaine, elle suive les rythmes de la Lune?  Dans une société idéale, par le fait d’être soumis aux principes naturels, un être humain maître de lui-même ne s’accouplerait que pour procréer, comme il le faisait au moment de son apparition sur la Terre.  Mais, puisque le plaisir a pris le pas sur l’objectif que la Nature poursuit, le devoir agréable à remplir s’est transmué en appétit jouisseur.  Pouvais-je m’attendre à autre chose chez un être en évolution?  Avec le temps, l’humanité devra trouver la solution à ses problèmes sexuels dans le seul contrôle rationnel de ses appétits charnels.  Dans un monde qui manque de lumière spirituelle, l’avortement libre devient impensable puisque, pour éviter les abus, il faut maintenir des contraintes.

Toutefois, je peux fournis une approche métaphysique de l’avortement susceptible de réconcilie les données de la science et les impératifs de la Loi cosmique.  En principe, l’âme ne pénètre dans le corps qu’à la naissance, avec l’inspiration du nouveau-né.  Ainsi, à prime abord, l’avortement ne devrait susciter ni objection ni controverse.  Le corps en gestation dans le sein maternel ne devient un véhicule achevé qu’au neuvième mois, bien qu’il soit souvent viable dès le septième, parfois avant.  Dans cette perspective, en lui-même, le fœtus n’apparaît que comme une partie, un prolongement ou une excroissance de sa porteuse puisqu’il ne vit que par elle.  Cela, la science peut déjà le prouver, sauf qu’elle ne possède pas encore les moyens de connaître le processus invisible qui se produit tout au long de sa formation.

Même un être véritablement doté de la vision subtile pourrait vous confirmer que, si l’âme destinée au fœtus ne s’y incorpore qu’avec le premier souffle, elle en prend progressivement possession au cours de sa gestation.  L’histoire d’une naissance résulte toujours d’un contrat antérieur à la naissance, passé entre trois âmes destinées à devenir respectivement un père, une mère et un enfant.  Pourtant, dans la perspective cosmique, pour ainsi dire, pendant les trois premiers mois de la grossesse, le véhicule physique en formation n’a pas d’acquéreur définitif.  Pendant ce temps, les Seigneurs des Œuvres ou Maîtres du Karma déterminent à quelle âme, en instance d’incarnation, le véhicule conviendra le mieux, selon son rôle fonctionnel et ses besoins expérientiels.  Mais, dès le troisième mois, ils invitent une âme à choisir de l’occuper, celle-ci détenant, à partir de ce moment, un droit légitime sur le fœtus, d’où elle peut compter sur sa livraison.

Ainsi, à moins d’un cas de force majeure, il ne peut être question de détruire un fœtus après ce délai de gestation.  Tout bien compté, un délai de trois mois pour fixer son choix de poursuivre une grossesse paraît tout à fait raisonnable.  Cela n’empêche pas que l’humanité a droit d’exiger que ses membres donnent naissance à des enfants sains pour s’assurer une espèce robuste.  En contrepartie, une âme en instance d’incarnation peut exiger que l’humanité mette à sa disposition le corps le plus fonctionnel possible, un corps qui lui permettra de mener à terme ses objectifs d’incarnation.  Quant à la mère, si elle aime le moindrement la vie, elle détient le droit prioritaire d’éviter de s’exposer à un danger mortel à un moment ou à un autre de sa grossesse.  À la rigueur, je pourrais encore concéder un droit à l’avortement dans le cas de la grossesse consécutive au viol d’une très jeune fille ou d’une fille-mère provenant d’un milieu familial défavorisé ou perturbé, pour autant il est exercé dans le délai prescrit des trois premiers mois.

Il me faut conclure que, dans les autres cas, l’avortement ne peut trouver de justification valable.  N’empêche que, dans cette décision encore, la première injustice provient du fait que, bien que la conception soit l’œuvre de deux partenaires, supposément consentants et égaux, un seul, en général, est pénalisé.  Et c’est encore la femme puisque cette décision ne touche pas physiquement le géniteur.  Ce dernier peut partager la décision, mais il n’a jamais à en subir les conséquences dans son corps.  Aussi, pour compenser cette injustice faite à sa partenaire, l’homme qui a s’est livré à un acte sexuel avec elle doit veiller à ce que cette compagne bénéficie de conditions de vie semblables aux siennes.

Tu conviendras que le problème de la contraception ou de l’avortement ne se poseraient pas si les êtres humains observaient les lois de la Nature dans toutes les phases de leur vie et s’ils ne s’étaient pas lancés, par inconscience, dans un cercle vicieux, autant sous l‘aspect moral, social qu’économique, s’emprisonnant dans leur matérialisme, leur égoïsme, leur esprit de performance et de concurrence.  Outre qu’ils n’observent pas les lois naturelles, ils les violent allègrement, délibérément, de façon répétée, dans leur manière de vivre, d’agir, de se comporter, de se nourrir, de se divertir et de propager la vie.

Au niveau sexuel, l’être humain a autant transgressé ces lois, en déréglant ses pulsions et impulsions.  Alors que la relation sexuelle ne devrait viser que la procréation, il y cherche presque exclusivement la jouissance qui accompagne cet acte, son partenaire ne devenant rien d’autre qu’un objet de plaisir.  Cette attitude finit par exacerber ses besoins, l’amenant à cultiver un attrait qui devient vite purement émotionnel et cérébral, ce qui le conduit aux pires excès, par exemple, à l’extrême, au viol ou au prosélytisme sexuel.  N’est-ce pas étrange que, plus l’être humain s’assure le confort matériel, plus il se stérilise?

Un jour qui n’est pas très lointain, s’il veut éviter de courir à sa perte, mes enfants devront trouver la solution à leurs problèmes sexuels dans le seul contrôle rationnel de leurs appétits.  Puissent-ils avoir le degré de conscience spirituelle pour s’appuyer sur des valeurs qui les aideront à y parvenir en toute facilité, en toute quiétude, en toute grâce.

 

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